La présidente du Réseau Musonet, non moins présidente de la Plateforme des femmes leaders du Mali, Mme Doumbia Mama Koité, livre son point de vue sur différentes questions liées à la femme.
L'Essor : Que pensez-vous de la paix, de la sécurité, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale au Mali, après plusieurs années de crise ?
Doumbia Mama Koité : La crise multidimensionnelle que notre pays enregistre depuis 2012 a eu des conséquences négatives sur la situation socio-économique et politique en général et en particulier sur les femmes et les filles, notamment dans les régions du Nord, du Centre et de plus en plus à l’Ouest. Cette situation a abouti à un déplacement massif, à des violences physiques, sexuelles et psychologiques, mais aussi économiques et culturelles. Ces femmes, dont une grande partie a perdu son autonomie et sa fierté, et ces enfants vivent aujourd’hui dans la précarité extrême.
L'Essor : Quels ont été vos combats en tant que femmes leaders ou organisation féminine dans le cadre de la consolidation de la paix et de la réconciliation nationale ?
Doumbia Mama Koité : La Femme malienne a toujours été une actrice incontournable dans la gestion des crises aussi bien au niveau de la famille, de la communauté voire de la Nation.
Fidèles à leur engagement pour la paix, les femmes avec d’énormes difficultés ont su créer et faire valoir les conditions de leur participation à la recherche de la paix et la réconciliation. Elles ont joué un grand rôle pendant la période de conflit. Cependant, il faut noter la quasi absence des femmes pendant ces négociations où elles ont été souvent marginalisées dans les processus autant au sein des parties en conflit et qu’au niveau de la médiation. L’analyse de la situation confirme la réalité des faits. Lors des négociations d’Alger (2014-2015), il n’y avait que 18 femmes sur plus de 200 personnes présentes, soit 9%. Par ailleurs, les nominations au sein de la Commission vérité justice et réconciliation (CVJR), il y a 6 femmes sur 25 commissaires (soit 24%) et 4 femmes chargées de mission sur 14 (soit 29%).
Au sein du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation (APR), on est passée de 9 à 12 femmes. Mais les autres mécanismes aussi n’ont pas été dotés de femmes à hauteur d’espoir. Ces taux ne sont pas encore conformes au quota des 30% de femmes, selon la Loi 052 votée par l’Assemblée nationale en 2015.
La description faite des facteurs qui déterminent la participation effective des femmes à la gestion des conflits et la consolidation de la paix au Mali démontre qu’il y a encore du chemin à parcourir pour que les femmes puissent accéder aux moyens sociaux, politiques et économiques nécessaires à leur pleine participation au développement du pays et à la gestion des conflits qui sont de plus en plus récurrents.
Dans le cadre de la transition politique, les femmes ont mené et continuent de mener beaucoup d’actions de formation, de plaidoyer et de renforcement des capacités. Nous avons mis en place un consortium des organisations de femmes pour influencer les reformes et accompagner la Transition au Mali.
Cela nous a consisté à organiser des formations sur la Charte des partis politiques, la Loi électorale et la Loi Organique. Cela a été une occasion de rencontrer les femmes de 10 régions, 49 cercles du Mali et du District de Bamako pour partager des réflexions sur les reformes que les femmes souhaitent intégrer et voir appliquer au Mali. Aussi les femmes ont pu participer aux Assisses nationales de la refondation avec un pourcentage important de plus de 30% dans le Panel de haut niveau et la commission d’organisation. Elles ont pu plaider pour éviter que la Loi électorale n’intègre pas la proportionnelle comme mode d’élection. Actuellement nous travaillons sur la Constitution pour l’influencer surtout du point de vue de la parité que nous voulons avoir dans les prises de décisions.
L'Essor : Quelles sont les solutions que vous préconisez pour que le Mali retrouve la paix et la réconciliation nationale ?
Doumbia Mama Koité : La plus grande priorité est la paix dans le pays. Il faudra ainsi lutter contre l’insécurité grandissante. Les Forces de sécurité doivent être dotées de moyens adéquats pour protéger le territoire et la population. Les Forces de maintien de paix doivent adopter des mesures garantissant la protection de la population civile contre les terroristes qui sèment la terreur et le désarroi partout. Bref, il faut une coordination au sein des différents acteurs pour faire taire les armes.
Aussi, les forces obscurantistes qui tirent les ficelles derrière pour doter les terroristes d’armes et moyens logistiques doivent être identifiées, dénoncées et mises au ban de la communauté internationale, mais surtout traitées selon la législation internationale. La souveraineté du territoire malien devra être respectée dans la plus grande rigueur. Il faut également un dialogue plus inclusif pour définir les contours de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. La population civile doit contribuer à la sécurisation par la vigilance et la collaboration avec les Forces armées et de sécurité du Mali. Il y a un facteur non négligeable, la lutte contre la pauvreté pour éviter l’enrôlement des plus vulnérables, surtout les jeunes désœuvrés.
Il faut aussi mettre fin à l’impunité pour les crimes sexuels, y compris les violences spécifiques liées au genre (viols et violences, entre autres), organiser et faciliter le retour des réfugiés ou déplacés internes.
Le Fonds de consolidation la paix devra être plus actif et inclusif au Mali pour aider les victimes de cette guerre asymétrique. Je plaide pour le financement du Plan d’action national de la R1325 qui reste un défi. Enfin, il faut accroître la représentation des femmes à tous les niveaux de prises de décisions dans la prévention des conflits surtout dans l’alerte précoce (formation et dotation en outils technologiques), la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix et dans le processus e gestion post-conflit.
L'Essor : Quel message avez-vous à transmettre ?
Doumbia Mama Koité : L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger doit être débattu à tous les niveaux pour contribuer à la cohésion sociale et participer aux programmes de développement. Les femmes attendent avec impatience les dividendes de la paix.
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