Décès de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta : Retour sur le parcours d’un homme d’État

Ancien ministre des Affaires étrangères, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keïta a dirigé le Mali entre 2013 et 2020, avant d’être déchu à la suite d’un vaste mouvement de contestation

Publié lundi 17 janvier 2022 à 07:33
Décès de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta : Retour sur le parcours d’un homme d’État

L’ancien président de la République Ibrahim Boubacar Keïta ((IBK) est décédé hier à son domicile de Bamako, à l’âge de 76 ans. La confirmation a  été donnée par plusieurs membres de la famille de celui qui a dirigé le Mali entre 2013 et 2020.

Né en 1945 à Koutiala, Ibrahim Boubacar Keïta a fait ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly à Paris et au lycée Askia Mohamed de Bamako. Il a étudié à la faculté des lettres de l’université de Dakar puis à l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne et à l’Institut d’histoire des relations internationales contemporaines (IHRIC). Il est titulaire d’une maîtrise d’histoire et d’un diplôme d’études approfondies en politique et relations internationales.

Après ses études, IBK est chargé de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et enseigne les systèmes politiques du Tiers-Monde à l’Université de Paris Tolbiac. De retour au Mali, il devient conseiller technique principal du Fonds européen de développement (FED) chargé de la mise en œuvre du premier programme de micro-réalisations par la Communauté économique européenne au Mali. Il est ensuite directeur représentant de Terre des Hommes France (TDHF) ONG française et internationale pour le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Militant de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ), IBK était le directeur adjoint de la campagne d’Alpha Oumar Konaré pour l’élection présidentielle d’avril et mai 1992. Après son élection, le nouveau président le nomme en juin 1992 conseiller diplomatique, porte-parole du président de la République du Mali. En novembre 1992, Ibrahim Boubacar Keïta est nommé ambassadeur du Mali auprès de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Burkina Faso et du Niger. En novembre 1993, il devient ministre des Affaires étrangères, des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine. Quelques mois plus tard, le 4 février 1994, le président Alpha Oumar Konaré le nomme Premier ministre.

Ibrahim Boubacar Keïta occupe cette fonction jusqu’en février 2000. Il préside l’Adema-PASJ. En 1999, il devient vice président de l’Internationale socialiste. À l’approche de l’élection présidentielle de 2002, alors qu’il souhaite poser sa candidature pour succéder à Alpha Oumar Konaré, des dissensions au sein du parti présidentiel le contraigne à démissionner de son poste de Premier ministre le 14 février 2000, puis de la présidence du parti en octobre 2000. Il quitte alors l’Adema-PASJ avec ses partisans pour fonder le Rassemblement pour le Mali (RPM).

En 2002, il est candidat à l’élection présidentielle. À l’issue du premier tour, il arrive en troisième position derrière Soumaïla Cissé et Amadou Toumani Touré. Après les élections législatives, IBK est élu président de l’Assemblée nationale. Il sera ensuite élu président du comité exécutif de l’Union parlementaire africaine.
Dans la perspective de l’élection présidentielle de 2007, Ibrahim Boubacar Keïta est investi par le Rassemblement pour le Mali le 28 janvier 2007 au cours de son 2è congrès ordinaire à Bamako. Il axe sa campagne sur une opposition aux pratiques de gouvernance du président sortant Amadou Toumani Touré et à sa politique. Il récuse le consensus comme mode de gouvernement.

Au cours de la campagne, il accuse les partisans d’Amadou Toumani Touré d’utiliser les moyens de l’État et dénonce les tentatives de fraude. Il obtient 19,15 % des voix, se plaçant ainsi en deuxième position derrière le président sortant Amadou Toumani Touré, réélu dès le premier tour. Il a réalisé son meilleur score dans le District de Bamako avec 38,48 % des voix. Ibrahim Boubacar Keïta conteste ces résultats, accusant les partisans du président sortant de fraudes.

Il rejoint ainsi les autres candidats de l’opposition regroupés au sein du Front pour la démocratie et la République (FDR), avec Tiébilé Dramé, Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise et Soumeylou Boubèye Maïga. La Cour constitutionnelle rejette le 12 mai les requêtes déposées par ces candidats. Ibrahim Boubacar Keïta, au nom du FDR qu’il préside, tout en maintenant ses accusations de fraudes, prend acte de la décision de la Cour constitutionnelle et reconnaît en Amadou Toumani Touré le président du Mali.

Persévérant, en 2013, plébiscité à travers un score honorable, Ibrahim Boubacar Keïta tiendra sa revanche en accédant (enfin) à la magistrature suprême. Il réalise un score de 77,61% face à son challenger Soumaïla Cissé au 2è tour. Celui-ci se dépalce à son domicile à Sébénicoro pour le féliciter.

Candidat à sa propre succession, IBK est réélu en septembre 2018 sur la base du programme «Notre grand Mali avance» qu’il propose à nos compatriotes. De nouveau à la tête d’un pays, dont la situation sécuritaire ne cesse de se détériorer, Ibrahim Boubacar Keïta devra faire face, dans la foulée, à la fronde des partisans de son challenger, Soumaïla Cissé. Ces derniers contestent en effet avec véhémence pendant des mois les résultats de la présidentielle de juillet-août 2018.

Sous-jacente pendant quelques mois, cette crise sociopolitique fera de manière impromptue irruption à travers le rassemblement des opposants au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Dénonçant les travers de la gouvernance, les animateurs du large mouvement de contestation n’ont eu de cesse d’exiger notamment la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et de son Premier ministre, Boubou Cissé.

Suite à une mutinerie dans les casernes à Bamako et Kati, le président Keïta annonce dans la nuit du 18 au 19 août 2020 sa démission de toutes ses fonctions, et avec toutes les conséquences de droit. Aussi, il dissoudra, dans la foulée, l’Assemblée nationale et le gouvernement. “Je n’éprouve aucune haine vis-à-vis de personne, mon amour pour mon pays ne me le permet pas. Que Dieu nous sauve. Merci ”, écrivait Ibrahim Boubacar Keïta dans sa lettre de démission.

Massa SIDIBE

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