Dans le cadre de la célébration
de ses 60 ans d’existence, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
(BCEAO) a organisé hier au Centre international de conférences Abdou Diouf
(CICAD) de Dakar un symposium sous le thème : «Les banques centrales dans
un monde en pleine mutation». La cérémonie officielle d’ouverture a été présidée
par le Premier ministre sénégalais, Amadou Ba, qui représentait le président
Macky Sall. C’était en présence du directeur national de la BCEAO-Mali, Konzo
Traoré et du président du Conseil national du patronat du Mali, Mossadeck
Bally, président directeur général du groupe Azalaï.
Plus de 150 personnes
notamment des opérateurs économiques, d’éminents professeurs et chercheurs, des
cadres de l’administration, des gouverneurs de banques centrales… ont pris part
à cette célébration. Elle intervient à un tournant décisif pour nos États et
pour la Banque centrale.
Outre le rejet progressif du
Franc de la communauté financière d’Afrique (FCFA) que les populations
ouest-africaines considèrent à raison comme un instrument de domination française,
ce contexte est marqué par la hausse inquiétante du prix des denrées de première
nécessité, la dégradation de la situation sécuritaire dans les pays du Sahel et
du Golf de Guinée et les effets du changement climatique. À ces défis
s’ajoutent les risques liés aux mutations technologiques et la forte demande
sociale.
Des chocs exogènes et endogènes
qu’il faut maîtriser pour espérer atténuer les souffrances des populations.
Cela requiert des financements importants surtout dans un contexte où «les
conditions financières à l’échelle mondiale ne sont guère favorables à la
mobilisation des ressources sur les marchés internationaux». Il s’agit, au vu
de ces nombreux défis actuels, detourner le regard vers l’avenir afin de
consolider «les acquis de la dernière décennie» et y trouver les réponses
idoines, a souligné Jean-Claude Kassi Brou, le nouveau gouverneur de la BCEAO.
Celui qui sera installé officiellement demain n’a pas manqué d’interpeller.
Comment ne pas s’interroger sur la transmission de la politique monétaire, sur
le contrôle prudentiel, les implications du nouveau paysage des paiements qui
se dessinent, sur la coordination nécessaire entre les politiques monétaire et
budgétaire dans ce contexte inflationniste généraliste ? Comment entrevoir
la régulation et la supervision dans un tel environnement ?
Comment stimuler davantage un financement sain des économies et accroître ainsi une inclusion financière pour tous les acteurs ? Autant de questions auxquelles les participants aux profils divers tenteront de trouver des réponses qui seront consignées dans les recommandations pertinentes formulées à cet effet, a espéré Jean-Claude Kassi Brou.
ESQUISSE DE SOLUTIONS- En
attendant, des décideurs présents ont esquissé des pistes de solutions qui,
selon eux, aideraient à favoriser un meilleur financement de nos économies et à
renforcer la crédibilité de notre monnaie commune. «Nos États y compris la Côte
d’Ivoire éprouvent le besoin de donner une impulsion aux réformes économiques
et financières en vue de maintenir sur le long terme la dynamique d’une
croissance soutenue dans un contexte international et régional difficile», a énoncé
le vice-président de la Côte d’Ivoire.
L’objectif étant, selon Tiémoko Meyliet
Koné, de parvenir à une transformation structurelle de nos économies qu’il considère
comme étant un enjeu stratégique du développement qui «reste une constante préoccupation
de tous les pays membres de l’UMOA». Y parvenir impose de maintenir des efforts
d’investissements publics et privés pour pérenniser une croissance raisonnable
au profit de l’activité économique, a proposé l’ancien gouverneur de la BCEAO.
Le Premier ministre sénégalais,
quant à lui, suggère le renforcement de la coordination entre les politiques économiques
et la politique budgétaire commune. Cela contribue, selon Amadou Ba, à la
stabilité des prix et au soutien à la croissance. Pour faire face aux défis du
changement climatique, la Banque centrale pourrait également contribuer à mieux
identifier les risques financiers liés au climat sur le marché. En agissant en tant
que catalyseur pour la transition verte du système financier. Elle devrait également
songer à la diversification des sources de financement de nos économies. En la
matière, estime-t-il, la finance islamique offre des opportunités pouvant répondre
au besoin de financement des États.
À sa création le 12 mai 1962, la BCEAO réunissait la Côte d’Ivoire, le Dahomey (Bénin), la Haute-Volta (Burkina Faso), le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal et le Togo. Elle jouit du privilège exclusif de l’émission monétaire sur l’ensemble des États membres de l’Union monétaire ouest-africaine. Elle émet des signes monétaires, billets et pièces de monnaie, qui ont cours légal et pouvoir libératoire dans l’ensemble des États membres de l’Union.
Envoyé spécial
Cheick M. TRAORÉ
Cheick Moctar TRAORE
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