
Avec l’ambition de créer une nouvelle unité pharmaceutique qui doit avoir une dimension sous régionale, voire internationale
L’Essor : Le Plan de relance de l’Usine malienne des
produits pharmaceutiques a été adopté en Conseil des ministres. Quel est
l'esprit de ce plan ?
Moussa Alassane Diallo : La problématique de la relance
de l’Usine malienne des produits pharmaceutiques (UMPP), comme celle d’autres
unités industrielles, résulte de la volonté du président de la Transition, chef
de l’État, le colonel Assimi Goïta de doter notre pays d’un tissu industriel
performant, diversifié et compétitif. Cette démarche repose aussi sur la vision
du chef de l’État de faire de l’industrie le moteur de la croissance économique
durable et inclusive, une industrie créatrice d’emplois, de richesse.
Fondamentalement, la réhabilitation de l’Usine malienne des
produits pharmaceutiques s’inscrit dans la dynamique d’un développement endogène
de notre pays et d’une souveraineté retrouvée. Elle vise à augmenter la capacité
de notre pays à produire des produits pharmaceutiques de première nécessité à
moindre coût. Elle apporte donc une réponse aux préoccupations des populations.
Je dois rappeler aussi que l’Usine malienne des produits pharmaceutiques
était une Société d’’État, créée par la loi n° 89-11/ANRM du 09 février 1989,
avec un capital de 2,551 milliards de Fcfa.
Dans le cadre de la politique de désengagement de l’État du
secteur productif, l’ouverture du capital a été autorisée en 1999 suivant la
loi n°99-001/ du 25 février 1999.
Les objectifs visés à travers cette privatisation étaient de
transférer au secteur privé les activités de production de produits
pharmaceutiques ; de poursuivre et développer les activités de production
pharmaceutique et accessoires dans les meilleures conditions ; de développer
les offres d’emploi ; d’assurer des ressources additionnelles au Trésor
Public.
Mais force est de constater que cette ouverture du capital
n’a pas permis d’atteindre les objectifs susvisés. En effet, jusqu’en décembre
2020, la capacité de production de l’UMPP a diminué considérablement. Cette
situation était consécutive à des difficultés liées à l’approvisionnement
en matières premières, la non-commercialisation de certaines molécules, le
retrait de la chloroquine dans le schéma thérapeutique provoquant une forte dégradation
de sa trésorerie ; à l’insuffisance et au vieillissement du personnel (49
agents actuellement contre un effectif de 80 agents souhaités) ; à la vétusté
des chaines de production qui ne sont plus conformes aux normes de Bonnes
pratiques de fabrication (BPF) de l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) ; au niveau élevé des dettes fiscales, sociales et d’exploitation évaluées
globalement au 31 décembre 2020 à 2,195 milliards de Fcfa.
Comme vous l’avez rappelé dans votre question introductive,
le gouvernement de la Transition, dans sa politique de relance de certaines
entreprises stratégiques pour le développement socioéconomique du pays, a
approuvé en Conseil des ministres du 18 novembre 2022, le Plan de relance de
l’UMPP, notamment en décidant de revenir sur l’ouverture de son capital. Ce
Plan a pour objet d’apporter des réponses structurelles aux difficultés sus évoquées
de la société et de relancer les activités de production dans une approche de
compétitivité et de rentabilité.
Ce Plan de relance de l’UMPP-SA a pour objectifs principaux à moyen et longs termes : l’autosuffisance en médicaments essentiels ; l’indépendance vis-à-vis des laboratoires pharmaceutiques étrangers pour l’accès à certains produits ; la formation des cadres maliens à la technologie pharmaceutique ; l’accès aux soins de santé primaire à des coûts compétitifs ; la pose des jalons d’une industrie pharmaceutique malienne ; la création d’emplois nouveaux ; la valorisation des ressources locales ; l’accroissement des revenus de l’État.
L’Essor : Est-ce que tout est à refaire à l’UMPP ?
Moussa Alassane Diallo : Tout n’est pas à refaire à l’UMPP, car, bien avant l’adoption du projet du Plan de relance, elle continuait de produire, mais timidement. Sur la base de l’évaluation technique, technologique, commerciale et financière, il s’agit pour nous de renforcer l’existant par de nouveaux investissements.
L’Essor : Quelle est la manne financière à mobiliser pour la
réalisation de cet ambitieux projet ?
Moussa Alassane Diallo : Le coût global du Plan de
relance (Phase 1) de l’UMPP est estimé à 1,744 milliard de Fcfa. Il
est entièrement pris en charge sur le budget d’État et réparti comme
suit : un fonds de roulement de 754 millions de Fcfa pour assurer
l’approvisionnement de la société en matières premières et la prise en charge
du fonctionnement ; le financement de certains investissements pour renforcer
les installations actuelles à hauteur de 990 millions de Fcfa.
L’incidence financière de la Phase 2 sera évaluée sur la
base d’une étude de faisabilité sous la supervision du ministère de l’Économie
et des Finances.
L’Essor : Quel sera l'impact de ce projet en termes économiques
et en termes de création d'emplois ?
Moussa Alassane Diallo : Le premier impact économique
et le plus important est l’accès aux médicaments de qualité pour les
populations maliennes, notamment les couches les plus défavorisées. Mettre à la
disposition des populations des médicaments de qualité, disponibles et à
moindre prix est un défi majeur à relever par les pouvoirs publics. Les médicaments
influencent directement la santé des populations. La santé est un facteur
essentiel qui conditionne le développement économique et social du pays.
La mise en œuvre de ce projet de relance permettra à l’État
du Mali de reprendre et de contrôler progressivement le marché des produits
pharmaceutiques. Ce marché est approvisionné aujourd’hui par des médicaments
importés, onéreux et dont une bonne part sont des faux médicaments, donc
dangereux pour la santé publique.
L’UMPP fonctionne actuellement avec un personnel
vieillissant de 49 agents contre un effectif de 80 agents souhaités. Le
renforcement de l’usine et le projet de création d’une nouvelle unité de
production contribueront à la création d’emplois massifs dans diverses spécialités
indispensables au développement de cette entreprise.
L’Essor : À ce jour qu'est-ce qui est fait pour la relance
effective de l'UMPP ?
Moussa Alassane Diallo : Différentes actions et mesures
ont été entreprises pour assurer la relance effective de l’UMPP et garantir la
continuité d’exploitation. L’adoption par le gouvernement des mesures législative
et règlementaire visant à faire de l’UMPP-SA, une société d’’État constituée
sous la forme de société anonyme avec l’’État comme unique actionnaire ; étendre
son objet en vue de lui permettre d’être plus compétitive ; modifier ses
statuts pour répondre aux besoins de la mise en harmonie avec les dispositions
de l’Acte Uniforme relatif au droit des Sociétés commerciales et du Groupement
d’intérêt économique (Auscgie).
Il y a eu aussi la mise en place des organes de gestion
par la nomination des membres du Conseil d’administration et du Directeur
général. Le Conseil d’administration de l’UMPP a tenu sa première session. La
procédure de désignation du président du Conseil d’administration (PCA) est en
cours.
Enfin, un fonds de roulement d’un montant de 754 millions de
Fcfa a été mis à disposition afin d’assurer l’approvisionnement de la société
en matières premières, la prise en charge du fonctionnement et le badigeonnage
d’une partie du bâtiment.
L’Essor : Quelles sont les perspectives ?
Moussa Alassane Diallo : En termes de renforcement de
la capacité de l’UMPP-SA, on vise la production de 4 à 12 gammes de produits.
Il s’agit d’acquérir des équipements neufs permettant de booster la production
qui va passer de 50 millions à 200 millions pour les comprimés, de 800.000 à
2.500.000 flacons pour les sirops, de 600.000 à 1.500.000 tubes pour les
pommades par an.
Le coût total de ces équipements est estimé à 990 millions
de Fcfa. Leur mise en fonction entrainera la réduction des coûts d’exploitation
liés à l’eau, à l’électricité et au gasoil.
Ce processus de renforcement de la capacité de l’usine est enclenché et porte sur l’acquisition d’équipements (chaudière, séchoir, presse, thermo soudeuse, broyeur, chaine de production de sirops/pommades).
Dans le cadre de la modernisation des chaînes de production,
il est proposé la création d’une nouvelle unité pharmaceutique sur un espace
libre de 1.828 m² et la construction d’un magasin de 1.705 m². La nouvelle
usine doit avoir une dimension sous régionale, voire internationale. Elle doit être
conforme aux normes de Bonnes pratiques de fabrication (BPF). Un bureau d’étude
ou un cabinet disposant d’expériences avérées dans le domaine de l’élaboration
de projets de création ou d’aménagement d’industries pharmaceutiques sera
recruté pour élaborer un plan d’affaires pour la nouvelle usine malienne de
produits pharmaceutiques. Il doit faire ressortir le plan détaillé des locaux,
la liste des équipements nécessaires à la production, la liste des matières
premières et emballages nécessaires à la production, les matériels et réactifs
nécessaires au contrôle de qualité.
Enfin il s’agira de parvenir à un transfert de technologies.
Dans le cadre des accords de l’OMC, l’UMPP-SA pourrait bénéficier des
transferts de technologies lui permettant de fabriquer des produits
anti-infectieux de grande consommation pour le traitement des maladies comme la
tuberculose, le cancer, le SIDA.
Egalement, l’usine pourrait contribuer à la fabrication à l’échelle industrielle des médicamen traditionnels.
L’Essor : Comment comptez-vous réussir le pari de cette
relance ?
Moussa Alassane Diallo : Pour réussir le pari de la
relance de l’UMPP, il faut assurer la continuité de la production et la
modernisation des chaînes de production par la création d’une nouvelle unité.
Il faut également veiller au bon fonctionnement des organes d’administration et
de gestion par un bon management de l’entreprise, une bonne organisation
respectant les règles d’éthique, de déontologie et de bonnes pratiques.
Il importe aussi de mettre en œuvre le contrat de
performance qui lie l’UMPP à l’État en vue d'améliorer la gouvernance de
l'UMPP ; de renforcer les capacités financières de la structure afin de
permettre à l’UMPP d'équilibrer son budget (opérationnel, financier) ; de réduire
progressivement les subventions directes apportées par l’État ; de ramener les
coûts des soins de santé primaire à des coûts compétitifs ; de permettre à
l’UMPP de procéder à la mise en œuvre d’un programme d'investissements à moyen
et long termes; de fixer les critères de performance, les règles d'appréciation
et d'évaluation des activités ; de développer une nouvelle unité de production
moderne avec une dimension régionale ; le maintien de la continuité de la
production ; préparer un plan stratégique de développement à moyen terme afin
de doter l’UMPP d’un instrument de pilotage.
Enfin, assurer le suivi-évaluation du contrat de performance et tenir le gouvernement régulièrement informé.
L’Essor : Qui doit faire quoi ?
Moussa Alassane Diallo : La relance de l’UMPP est une
volonté exprimée du président de la Transition, chef de l’État, le colonel
Assimi Goïta et mise en œuvre par le gouvernement du Dr Choguel Kokalla Maïga.
Je voudrais saluer et apprécier l’engagement, la détermination et l’implication
personnelle du ministre de l’Économie et des Finances pour l’aboutissement de
cette relance. Le gouvernement, à travers les ministères en charge des Finances
et de l’Industrie, continuera à jouer pleinement sa partition pour accompagner
le processus de relance de l’UMPP.
Quant aux organes délibérant et exécutif (Conseil
d’administration et Direction générale) de la société, ils seront tenus à une
obligation de résultat, eu égard aux moyens financiers déployés par l’État. Ils
devront mettre en place des outils de gestion indispensables pour le
fonctionnement de la société. Et en tant qu’autorité de tutelle, j’y prêterai
la plus grande attention.
La relance de l’UMPP constitue la mise en œuvre de l’un des
trois principes du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, qui
guident l’action gouvernementale, à savoir la souveraineté du pays dans tous
les domaines, notamment celui de l’industrie pharmaceutique.
Donc, la vision du ministère de l’Industrie, c’est de
promouvoir le développement industriel de notre pays dans les domaines clés,
moteurs de la croissance économique, notamment celui de l’industrie
pharmaceutique. Ce qui permettra de garantir l’amélioration de l’offre de
produits pharmaceutiques sur le marché national ; le renforcement de la
politique nationale de la santé ; la baisse du coût d’accès des
populations aux produits pharmaceutiques ; le renforcement de la viabilité de
l’Assurance maladie obligatoire.
Propos recueillis par
Babba COULIBALY
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