Lutte contre le terrorisme à Mopti : Les gendarmes en première ligne

Les gendarmes patrouillent dans les villages en vue de sécuriser les populations et leurs biens

Publié mardi 22 février 2022 à 07:19
Lutte contre le terrorisme à Mopti : Les gendarmes en première ligne

Le trafic sur la route du Poisson a repris grâce aux unités de la gendarmerie qui y patrouillent de jour comme de nuit. Les gendarmes surveillent également le trafic sur le fleuve Niger et sillonnent nuitamment les rues de la capitale régionale à motos pour traquer les individus suspects

 

La Route nationale (RN 15), appelée route du Poisson, a beaucoup fait parler d’elle ces dernières années à cause des attaques répétées des groupes armés terroristes. Les habitants des villages riverains ne dormaient que d’un œil, car à tout moment, les terroristes pouvaient faire irruption chez eux pour tuer des innocents, brûler des maisons ou encore emporter du bétail.

Ces hommes sans foi, ni loi tendaient aussi des embuscades aux forains et aux Forces de défense et de sécurité en utilisant les Engins explosifs improvisés (EEI). Dans leur dessein de faire mal aux populations, les groupes terroristes ont saboté la plupart des ouvrages se trouvant sur le tronçon Sévaré-Bandiagara sur la RN 15.

Aujourd’hui, le trafic a repris normalement sur ce corridor qui relie le Mali et le Burkina Faso, grâce aux patrouilles des unités de la 6è Région de la gendarmerie nationale. Le colonel Mahamadou Siné Doucouré et ses hommes ont la lourde tâche de sécuriser la circulation des personnes et des biens sur la RN 15.

Ce mercredi 16 février 2022, nous les avons suivis durant une bonne partie de la journée. Plusieurs véhicules Pick-up remplis de gendarmes armés jusqu’aux dents se mettent en branle vers midi en direction du village de Ficko sur la RN 15 où les mouvements des groupes armés terroristes avaient été signalés par les villageois.

Le chef de village, Bréhima Traoré et ses conseillers ont fait part de leurs inquiétudes aux patrouilleurs par rapport à cette situation. «Avec les différentes opérations de l’armée, les terroristes se sont regroupés à 3 km de notre village. Pour le moment, ils ne sont pas venus nous attaquer comme ils le faisaient avant, mais nous avons peur», s’inquiète Sékou Traoré, un des conseillers du chef de village. Il a ainsi demandé à l’armée de bombarder la position des terroristes pour les éloigner loin de son village.

«Nos femmes et nos enfants ont peur d’aller en brousse pour ramasser le bois ou faire d’autres activités. C’est vrai que les hommes n’ont pas encore commencé les travaux champêtres, mais nous ne voulons pas avoir affaire à ces gens qui n’hésitent pas à tuer nos enfants ou à violer nos femmes», dit le vieux Traoré, tout en reconnaissant que la présence des gendarmes rassure les populations locales.

Le colonel Mahamadou Siné Doucouré explique aux villageois que l’armée est désormais dans une posture offensive, dans le but de sécuriser les personnes et les biens. Il promet que les patrouilles seront menées de jour comme de nuit afin de débusquer les terroristes dans leur dernier retranchement. Les gendarmes ont continué la patrouille en remontant vers Yawakanda où un pont a été détruit par les terroristes.

Les travaux de rénovation sont sécurisés par les hommes du peloton de surveillance de la 6è Région de la gendarmerie nationale, le lieutenant Harouna Dembélé. «Cette patrouille s’inscrit dans le cadre de la sécurisation du trafic sur la RN15. C’est pour permettre aux populations de circuler en toute quiétude sur cet axe routier que nous menons intensivement des patrouilles», explique l’officier de la gendarmerie.

Les patrouilles permanentes que mènent le colonel Mahamadou Doucouré et ses hommes sur la RN15 font que les populations riveraines ont repris leurs activités commerciales de plus belle. «En menant ce genre de patrouilles, nous faisons ce que nous appelons la police de proximité.

On s’arrête dans les villages pour parler avec les populations, pour savoir ce qui se passe chez elles, pour connaître leurs problèmes et leur faire comprendre notre mission. La population de Ficko était contente de nous recevoir, tout cela contribue à la montée en puissance des FAMa», indique-t-il.

«La gendarmerie est partie intégrante des Forces armées maliennes. Dans le cadre de nos missions régaliennes, nous travaillons dans le secteur 4 de l’opération Maliko. à travers notre présence dans certaines emprises, nous travaillons souvent en solo ou avec d’autres forces sous le commandement du commandant du secteur 4 de l’opération Maliko.

Ces derniers temps, nous sommes plus offensifs. Les opérations que nous menons sur le terrain sont concluantes», explique l’officier supérieur, tout en se réjouissant des moyens mis à la disposition de la 6è Région de la gendarmerie nationale par les autorités de la Transition.

«Nous avons pratiquement les mêmes armements que l’Armée de terre. Nous avons aussi des capacités de déminage. Nous sommes aujourd’hui à un certain niveau par rapport à la montée en puissance des FAMa», dit le colonel Doucouré. De Yawakanda, la patrouille de la gendarmerie a regagné la base à Sévaré vers le petit soir.


L’unité nautique a pris la relève en nous emmenant faire une patrouille sur le fleuve Niger à Mopti. Nous avons embarqué à bord des bateaux dont certains sont équipés de mitrailleuses. En effet, les patrouilles sur les eaux dans la Venise malienne ont permis, dans un passé récent, d’intercepter des carburants et des vivres destinés aux groupes armés terroristes.

Au cours de notre incursion, la patrouille est tombée sur une grosse pinasse en provenance de Diré. Les gendarmes ont procédé au contrôle qui a duré une demi-heure. Pour le colonel Doucouré, Mopti étant entourée par les eaux, la surveillance du fleuve est très importante pour non seulement lutter contre le trafic illégal mais aussi pour faire en sorte que les groupes terroristes et leurs complices ne viennent se ravitailler à Mopti à travers les pirogues.

La 6è Région de la gendarmerie nationale est aussi dotée de motos pour mener des patrouilles nocturnes dans la ville de Mopti. Il est 21 heures, une vingtaine de motos conduites par des agents armés se mettent en branle dans Sévaré avec pour mission de sécuriser les personnes et les biens.

Ayant reçu l’information de l’infiltration d’une trentaine de présumés terroristes à Sévaré, les gendarmes avaient pour mission de s’informer auprès des habitants de la présence de ces individus suspects dans leurs alentours.

Interrogé, le colonel Doucouré a tenu à préciser qu’avec ces patrouilles nocturnes qui sont menées régulièrement à Mopti et Sévaré, il ne s’agit pas de contrôler les pièces d’identité mais plutôt de faire en sorte que les gens vaquent à leurs occupations en toute quiétude.

 

Envoyés spéciaux

Madiba KEÏTA

Oumar DIOP

 



DES PRÉSUMÉS TERRORISTES AUX MAINS DE LA PRÉVÔTÉ

 

Les présumés terroristes appréhendés lors des opérations militaires sont mis à la disposition de l’unité prévôtale de la gendarmerie qui mène des investigations pour décider de leur sort. Actuellement, plusieurs d’entre eux sont placés en garde à vue à Mopti dans le cadre des enquêtes préliminaires.

Selon un officier de la gendarmerie, la plupart de ces présumés terroristes ont été capturés sur le front ou sur renseignement.

Parmi lesquels, il y a des adultes mais aussi de très jeunes. «Ils sont ici dans de bonnes conditions. Ils bénéficient de tous les droits d’un prisonnier. On leur donne à manger régulièrement et on soigne aussi ceux qui sont malades», assure notre interlocuteur.

Après la phase des enquêtes préliminaires, les présumés djihadistes sont remis à la justice en attendant leur procès. Il arrive que certains d’entre eux soient relaxés après les enquêtes de la gendarmerie.

M. K.

O. D.

Madiba KEÏTA

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