
Oumar Ballo est un tailleur installé au
quartier Samanko II, dans la Commune du Mandé. À fond sur sa machine à coudre,
téléphone à la main, le jeune homme déroule le fil d’actualités de sa page
Facebook. Histoire d’avoir les dernières nouvelles du pays et d’ailleurs. Ce
jeune diplômé qui n’a pas trouvé de travail conforme à ses compétences, est séduit
par l’instantanéité des infos sur cette plateforme : «Toutes les informations
tombent à chaud sur les réseaux sociaux surtout sur Facebook, même les petites
annonces de recrutement.»
Pourquoi ne pas plutôt écouter la radio ? «Je
n’ai jamais aimé écouter la radio. En plus, je n’ai même pas ce temps-là»,
indique Ballo. Explicitant son point de vue, il estime que la radio, «c’est
pour les vieilles personnes» et, d’ailleurs, que les stations privées ne
diffusent pas l’information en temps réel lui préférant la musique toute la
journée sur les ondes. «Rien que pour ces raisons, je n’aime pas la radio»,
conclut le trentenaire.
Un ami qui lui tient compagnie en ce mardi
soir du mois de janvier, note que, par contre, dans son village, le seul moyen
de s’informer est la radio, surtout lorsque sévissait la Covid-19. «Chez nous à
Dala, dans la Région de Ségou, ce n’est pas tout le monde qui peut s’offrir
l’Internet ou la télé pour s’informer. En plus, la majorité de la population
est analphabète, seule la radio nous fournit l’information en temps réel. Pour
en profiter, il suffit juste d’acheter des piles et le tour est joué», dit-il
en rigolant.
Ces deux témoignages actent la divergence croissante entre ville et campagne dans la manière de s’informer. La radio, médium pratique et bon marché, reste bien présente dans le paysage citadin mais elle perd du terrain auprès des jeunes qui constituent pourtant un de ses cœurs de cible. Il est vrai que la nouvelle génération a adopté d’autres modes de consommation de l’info liés à internet et aux réseaux sociaux mais les radios sont, elles aussi, présentes sur Internet. La désaffection qui les frappe dans la frange jeune est donc aussi imputable à d’autres facteurs comme, notamment, une offre inadaptée en matière de programmes. Visiblement, nombre d’auditeurs jeunes ne sont pas «accrochés» par la programmation erratique proposée par beaucoup de stations.
FIDÉLISER LES GÉNÉRATIONS MONTANTES- L’enjeu
est, pourtant, de taille pour toutes les radios de fidéliser les générations
montantes en jouant sur la simplicité d’utilisation et la (presque) gratuité du
média et surtout, en traitant des sujets qui parlent d’elles et qui leur
parlent comme, par exemple, des émissions de débats et d’actualités à travers
une grille de programmes stable.
C’est ce que s’efforce de faire Radio Kledu.
Son directeur général, Abdoulaye Handane Djiteye, assure que depuis 30 ans
aujourd’hui, son antenne diffuse un programme riche et varié : «Nous sommes la
seule radio qui a une programmation spécifique connue avec de grandes émissions
et différentes rubriques. On y trouve la rubrique de débats politiques, le club
de la presse, le reportage et la diffusion de tous les grands évènements sur le
plan national et sur le sport». Pour capter plus d’auditeurs, notamment des
jeunes, souligne-t-il, Kledu s’adresse à son public en seulement deux langues :
le bamanankan qui est la langue la plus parlée dans notre pays et le français.
«Nous avons une programmation en direction des
intellectuels, des couches populaires et surtout de la jeunesse. On a créé des émissions
thématiques traitant de santé, de politique, d’économie, de questions
juridiques. On s’efforce de coller à l’actualité, de susciter l’interactivité
des jeunes et de donner la parole aux auditeurs», détaille celui qui est
surnommé «koroboro bamanakan fola» («le Sonraï qui parle bambara) et qui possède
un bel atout radiophonique : une voix forte et séduisante.
Soucieux de ses contenus, Klédu l’est tout autant des «tuyaux» à emprunter pour rallier un maximum de public. Ainsi, indique Abdoulaye Handane Djiteye, la radio a-t-elle investi les plateformes digitales des réseaux sociaux. Elle est présente sur Facebook et YouTube et possède une application Kledu, autant de canaux à travers lesquels l’auditeur retrouve à sa guise les émissions les plus écoutées de la radio. Kledu vit donc avec son temps et se donne les moyens technologiques d’aller vers les jeunes en s’adaptant à leurs habitudes et pratiques.
PLATEFORMES DIGITALES- Confronté au même défi,
le promoteur de Ouley FM, Lamine Sylla, table sur la création de rendez-vous
attractifs. «On invite souvent des chefs de ‘’grin’’ de différents quartiers
autour d’une table pour discuter d’éducation et de divers sujets qui peuvent
les toucher. On diffuse de la musique de jeunes, surtout du rap, et l’antenne
est libre pour eux afin qu’ils puissent s’exprimer. Toutes ces émissions sont
diffusées à des heures bien spécifiées. Le programme est établi de telle sorte
qu’on est à cheval pour faire plaisir à tout le monde», raconte le «père» de la
radio Ouley qui a vu le jour voilà seulement deux ans.
Face au même enjeu, on voit que chacun à sa
recette qui est visiblement fonction de ses moyens. Acteur impliqué, Bandiougou
Danté, le président de l’Union des radiodiffusions et télévisions libres du
Mali (Urtel), et aussi de la Maison de la presse, a son analyse d’un problème
qui concerne tous ses mandants : «Aujourd’hui, les jeunes sont plus intéressés
par l’image. La radio classique doit donc aller à la recherche des jeunes sur
les plateformes digitales. Elle a longtemps résisté aux évolutions mais,
aujourd’hui, elle doit obligatoirement s’adapter pour ne pas disparaître.»
Cette adaptation est particulièrement cruciale
à Bamako qui est une zone de forte concentration de radios, souligne Bandiougou
Danté. En effet, si on dénombre au Mali près de 500 radios dont une trentaine
dans le District, la réalité radiophonique de la capitale est très éloignée des
données officielles, souligne le responsable de l’Urtel qui estime à «près
d’une centaine», les radios opérant à «Bamako et alentours». Si on en croit ses
explications, nombre de stations ne respectant pas leur zone d’implantation,
leur rayon de diffusion et même la fréquence qui leur est attribuée, les ondes
bamakoises sont victimes d’une embouteillage permanent.
Ces difficultés existentielles pourraient
facilement faire oublier à nos radios les prescriptions des Nations unies qui
estiment que les stations de radio devraient desservir des communautés
diverses, leur offrir une grande variété de programmes, de points de vue et de
contenus et être capables, dans leur organisation et leurs opérations, de refléter
la diversité de leurs publics. Et pourtant, ces recommandations recoupent
largement la préoccupation principale de nos stations : toucher et fidéliser le
public le plus large possible.
Fadi CISSE
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