Ramadan et Carême : Quand les deux religions s’embrassent

La communauté musulmane observe le Ramadan depuis le 1er mars dernier. Le Carême chrétien a débuté quatre jours après. Cette coïncidence fait que ces deux communautés religieuses jeûnent durant la même période.

Publié mardi 25 mars 2025 à 08:37
Ramadan et Carême : Quand les deux religions s’embrassent

Ces temps de jeûne observés par musulmans et chrétiens diffèrent dans la pratique et dans la signification. Mais leurs principes, qui paraissent si proches, créent la confusion chez nombre de personnes. C’est le cas d’Aminata Konaté. Une fidèle musulmane qui a commencé à jeûner depuis l’apparition du croissant lunaire. Elle est étonnée de la pratique de jeûne chez son collègue chrétien qui observe également le Carême. Ce mercredi matin, le cas de son ami Joseph (nom d’emprunt) qui dit être à jeûn et prend son petit déjeuner au bureau. Surprise, elle ne put s’empêcher de lui demander sur son jeûne. Commence alors une discussion sur le Ramadan et le Carême.

Aminata explique que les musulmans prennent le «souhour» (repas pris avant d’entamer le jeûne) et ne doivent ni boire, ni manger de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Le jeûneur évite aussi un certain nombre de comportements (insulte, mensonge, etc.) pour bénéficier des rétributions liées au jeûne. «On doit s’abstenir de regarder, d’écouter et de dire des choses susceptibles d’entacher le jeûne. Juste se concentrer sur la prière, le partage et l’aumône», explique la pratiquante.

Son collègue Joseph, qui est catholique, raconte que quand il mange le matin ou le soir de la journée, il attend le même moment pour rompre le jeûne. «Je prends tout ce dont j’ai besoin avant d’aller me coucher et une
fois fait, c’est le début du jeûne», dit-il, avant de préciser qu’il y a également plusieurs façons de jeûner. Selon lui, dans certaines localités, les jeunes s’organisent souvent pour observer leur jeûne par des actes de bienfaisance. Il y a aussi certains qui partagent leur ration alimentaire avec des personnes nécessiteuses.

Le coordinateur de la Catéchèse Bamako Ville, George Koné, explique que le Carême vient du mot latin qui veut dire (quadrajesinadies), en d’autres termes, 40 jours. Selon lui, le Carême est un moment de purification et un temps contre les forces du mal. Pour l’observer, trois points clés sont nécessaires ; à savoir l’aumône, la prière et le jeûne. Le coordinateur de l’enseignement religieux détaille que durant le Carême, tout ce dont la personne s’en passe doit être donné à Dieu, d’où le partage.

Sur la prière, l’homme de Dieu fait savoir qu’à ce niveau, le ou la chrétien (e) catholique doit rehausser la prière pendant son jeûne à travers une prière appelée le Chemin de la Croix qui n’est pratiquée que pendant le Carême. Quant au jeûne, il avance qu’il s’agit d’un temps de privation observé durant 24 heures chez les chrétiens. Évoquant les différences du jeûne avec celui de la communauté musulmane, l’expert religieux affirme : «Les chrétiens ne mangent qu’une seule fois dans la journée, c’est-à-dire au milieu de la journée sans faire des dépenses extravagantes. Par contre, cela ne les empêche pas de prendre une collation soit le matin ou le soir». Cette collation, développe-t-il, peut-être du Lipton ou «kinkeliba».

Selon Georges Koné, pendant ce mois, tout ce que la personne aura laissé par amour pour Dieu, ne doit plus jamais lui servir. Et de souligner que le jeûne est pratiqué de 14 à 60 ans et tous les jours excepté les dimanches, considérés comme des jours de fête, selon les règles de l’église. Ceux qui sont malades sont exempts. Cependant, précise notre interlocuteur, il revient à la personne d’aider dans les œuvres de charité et de partage. Dans ces œuvres, renchérit-il, la main gauche doit ignorer ce que donne la main droite.

De m
ême, «quand on prie, personne ne doit s’en rendre compte. Aussi, quand une personne est en Carême et qu’on lui demande, le chrétien ne doit rien dire, car seul Dieu doit le savoir», explique-t-il.

Ainsi, le Carême se différencie du jeûne musulman lié à l’apparition du croissant lunaire. Le professeur de théologie et de la langue arabe, Abdoulaye Maïga, rappelle que le Ramadan est une prescription divine mentionnée dans le Coran. «Bien avant la révélation du verset 183 de la sourate 2, le jeûne a été prescrit aux musulmans comme ça l’a été à ceux qui l’ont précédé dans le but de craindre Allah», dit-il. Et d’ajouter que le jeûne renforce la dévotion du jeûneur envers «Allah» tant qu’il respecte les consignes islamiques.

Avec le jeûne, renchérit notre interlocuteur, le musulman doit s’abstenir de certaines choses, comme boire, manger, avoir des relations sexuelles de l’aube jusqu’au coucher du soleil. En plus, ajoute-t-il, en Islam, aucun âge n’est fixé pour commencer à jeûner. Cela dépend de tout un chacun. Toute personne dotée de raison, distinguant le bien du mal et qui a atteint l’âge de la puberté, peut jeûner. Également, sont appelés à jeuner les 30 jours du mois de Ramadan, dès qu’on commence à constater un changement sur le corps tels les poils ou les menstrues pour les filles, précise l’érudit.

En outre, l’Imam Maïga révèle que l’Islam enseigne qu’il ne faut pas attendre à ce que les enfants soient pubères pour leur demander de jeûner. «Les parents doivent les initier dès leurs 7, 8 ou 9 ans, selon leurs forces. Et ce, que ce soit une demi-journée, un ou deux jours, voire au-delà pendant ce mois. Pour ce faire, quand ils deviennent adultes, ils vont jeûner avec plus de faciliter les 30 jours sans avoir de conséquences», recommande le religieux. À l’évidence, le jeûne musulman et celui chrétien présentent bien de points communs, mais ils demeurent différents dans leurs portées spirituelles et dans la façon de faire.

Fadi CISSE

Lire aussi : Opérationnalisation de la BCID-AES : De grandes avancées

La rencontre de Bamako va permettre de mettre en place les organes dirigeants de la BCID-AES, valider les textes fondateurs tout en veillant à la disponibilité des moyens techniques, financiers, juridiques et humains nécessaires à son développement.

Lire aussi : Koulouba : Le Président Goïta inaugure les Places de «Mali Tièbaw» et de «Mali Kèlèmasaw»

À la place des statues des explorateurs et des gouverneurs du Soudan français, se trouvent désormais celles des résistants à la pénétration coloniale et des figures emblématiques de notre Armée.

Lire aussi : À l’heure du Mali : Anciens et nouveaux médias, vent debout

Il est bien loin ce temps où Radio Mali et L’Essor mobilisaient seuls tous les sens des citoyens maliens et façonnaient l’opinion. Jusqu’en 1983, lorsqu’ils furent rejoints par la télévision nationale. La nouvelle venue ne faisait qu’agrandir la famille des «médias publics»..

Lire aussi : Bataille du vrai et du faux : Comprendre la désinformation et les armes du fact-checking

Dans un environnement informationnel en constante mutation, démêler le vrai du faux est devenu un enjeu majeur. Et ce combat contre la désinformation nécessite obligatoirement le respect des principes du journalisme..

Lire aussi : Numérique : terreau fertile à la désinformation

Les médias traditionnels ou classiques prennent le temps de recouper l’information avant de la diffuser. Tel n’est pas forcément le cas des nouveaux acteurs du métier appelés «vidéoman» qui, à la recherche de buzz et de sensation forte pour se faire plus d’audience, tombent facilement .

Lire aussi : Médias publics : Regards croisés sur l’héritage et les défis actuels de l’Essor et de l’Ortm

Dans les lignes qui suivent, nos deux interlocuteurs se sont prononcés sur les rôles de l’Essor et de l’ORTM dans l’ancrage institutionnel de notre pays, leur adaptation à l’évolution numérique, les défis et la contre-attaque dans le cadre de la guerre informationnelle.

Les articles de l'auteur

Drissa Meminta : Un activiste noble

Moyenne de taille, teint d’ébène, sourire aux lèvres, il nous accueille avec courtoisie et beaucoup d’enthousiasme ce lundi matin (8 décembre) dans son bureau sis à l’ACI 2000 en Commune IV du District de Bamako. Lui, c’est Drissa Meminta, activiste sur les réseaux sociaux..

Par Fadi CISSE


Publié vendredi 12 décembre 2025 à 08:23

Secteur des hydrocarbures : Les acteurs déterminés pour l’approvisionnement correct du pays

Après la décoration de certains opérateurs pétroliers, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a réuni hier le comité de pilotage entre le gouvernement et les importateurs de pétrole pour exprimer toute leur reconnaissance au Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta..

Par Fadi CISSE


Publié vendredi 05 décembre 2025 à 10:38

Médias professionnels : Six pays à l’école des pharaons

Le Centre de formation et des études médiatiques de Caire, en Égypte, accueille depuis hier, 13 journalistes professionnels de 6 pays d’Afrique. Le Mali y est représenté par nos collègues Fadi Cissé, journaliste au Desk économie et Développement rural, et Bembablin Doumbia du Desk politique. La Côte d'Ivoire, la Guinée, la République Démocratique du Congo (RDC), Madagascar et la Mauritanie sont également représentés à ce 40è stage des communicateurs africains francophones..

Par Fadi CISSE


Publié lundi 10 novembre 2025 à 11:14

Journées de relance de l’agence nationale de presse : Une meilleure vision pour un meilleur futur

Faire de l’Agence nationale de presse un produit de qualité pour un public bien ciblé, l’adapter au contexte et aux réalités du moment, lui assurer un financement public et développer les partenariats sont parmi les recommandations formulées par les participants.

Par Fadi CISSE


Publié jeudi 30 octobre 2025 à 07:40

Presse : l’IA, une menace ou un atout ?

L’Intelligence artificielle (IA) est un outil informatique qui permet en une fraction de seconde de travailler comme un humain. Avec un seul clic dans les moteurs de recherche, il vous offre un résumé satisfaisant de ce que vous cherchez. Plus besoin de faire recours aux différents sites d’information. Cette prouesse technologique est-elle une menace pour les médias classiques ? C’est la question que se posent les professionnels du secteur.

Par Fadi CISSE


Publié mercredi 29 octobre 2025 à 14:26

Consommer local : Des acteurs préconisent l’industrialisation

La consommation et la valorisation de nos produits locaux étaient, jeudi dernier, au centre d’un panel organisé par la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim) sur le thème : «De 2019 à nos jours : bilan, défis et perspectives»..

Par Fadi CISSE


Publié lundi 20 octobre 2025 à 13:10

Spéculation autour des hydrocarbures : Le ministre chargé du commerce appelle à l’esprit de responsabilité et de patriotisme

Face aux acteurs du secteur, Moussa Alassane Diallo a dénoncé la spéculation entretenue autour du carburant qui, selon lui, se manifeste sous trois formes : la rétention de stocks, la hausse non justifiée des prix et la désinformation sur l’approvisionnement du pays de façon à créer la psychose.

Par Fadi CISSE


Publié mardi 14 octobre 2025 à 07:44

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner