
Nous sommes, samedi,
il est midi à Siby (45 km de Bamako sur la route de Kouremalé) précisément dans
la «Maison du karité». À l’entrée de la grande cour de cette maison, nous
apercevons de loin un groupe de femmes formant un cercle. Notre ouïe est attirée
à gauche par le bruit de la machine qui broie la noix de karité.
À droite, notre
regard se pose sur la boutique et l’atelier de fabrication du beurre de karité.
Celui-ci est contigu à celui de façonnage du savon. Dans l’arrière cour, nous
avons le magasin de stockage, l’atelier de conditionnement du beurre de karité
et un atelier pour la conservation de la matière première. Le cercle de femmes était
composé de jeunes dames, de vieilles et de moins jeunes dames. Elles écoutaient
attentivement Mme Kiriba Niaré, comptable de la coopérative.
Celle-ci faisait
le point avec ses collègues. Après cette réunion, le groupe de femmes s’intéresse
aux visiteurs que nous étions. «La Maison du karité» est tenue par des femmes
battantes qui font de la production du beurre de karité leur principale source
de revenus.
Mme Astan Koné est la
présidente de la Coopérative des
productrices de beurre de karité de Siby (Cooprokasi). Elle nous retrace
l’histoire de la coopérative qu’elle préside. Créée en 2003 avec l’aide de la
mairie de Siby et de la Coopération canadienne, l’idée de se mettre ensemble
est venue, dit-elle, d’un triste constat.
En effet, Siby est une zone par excellence des peuplements du karité. Du coup, les femmes s’adonnaient aux activités liées à l’exploitation du karité. Sauf qu’elles ne tiraient pas grande chose de cette activité qui était moins valorisée. Victimes de mévente et autres défis, les femmes productrices de Siby se sont organisées en association pour défendre leur cause. «Nous avons sollicité et obtenu du chef du village le terrain où est bâtie la maison du karité. Pour la construction et l’équipement, la mairie et la Coopération canadienne s’en sont occupées», nous relate la présidente.
800 FCFA. Ainsi les
femmes de 21 villages de Siby ont vu leurs activités prospérer autour du karité.
Déterminées et engagées, elles ont toutes pour ambition : surmonter les
difficultés de la vie et avoir un revenu décent. Pour y parvenir, les amandes
de karité ont représenté pour elles une bonne alternative.
Très organisée, la gérante
de la maison, Filifin Koumaré nous
explique que pour lutter contre la mévente, la coopérative achète le beurre de
karité aux femmes des 21 villages à un prix attractif. Ne voulant pas trop
s’attarder sur le prix que la coopérative propose aux femmes productrices de
beurre de karité, Filifin nous indique que «si au marché elles vendent
leurs noix à 250 Fcfa le kg, ici à la coopérative on leur propose 800 Fcfa». La
motivation, souligne notre interlocutrice, est de permettre aux productrices de
mieux vivre de leurs activités. Aussi à l’ouverture de la maison, les femmes
productrices de beurre de karité des 21 villages de Siby ont été formées en
technique de transformation du beurre de karité.
Une fois fournie en matière première qu’est le beurre de karité, la coopérative stocke la marchandise en fonction de sa qualité. Ainsi, le premier choix est transformé en beurre de karité naturel amélioré. Le second choix est utilisé pour la fabrication de pommade cosmétique et le dernier intervient dans la fabrication du savon. Trois groupes de travail sont constitués pour s’occuper de chacune des qualités de beurre.
Plusieurs variétés de
savon sont fabriquées, dont l’unité coûte 300 Fcfa. Ainsi nous avons des savons
à base de beurre de karité mélangé avec du concombre, du miel, d’argile, de la
glycérine, du citron, du coco, de la carotte, du nîme et du henné. Il y a aussi
des savons destinés aux hôtels. Un paquet de 20 morceaux bien emballés est cédé
à 2.000 Fcfa.
Pour la petite
histoire, notre discussion à bâtons rompus avec les membres de la coopérative a
été interrompue avec l’arrivée de deux jeunes dames. Les visiteuses voulaient
acheter du savon à base d’argile recommandé par un parent vivant en France. La
jeune dame avait en effet sollicité sa tante vivant en France, afin que cette
dernière lui envoie des produits pouvant lutter contre les boutons sur son
visage. Sa parente lui a envoyé pour tester des savons à base d’argile qu’elle
avait acheté à «la Maison du karité» lors de son séjour à Bamako. Elle lui
recommanda de s’y rendre à Siby et de faire elle-même la découverte de ces
merveilles qui ont été bénéfiques pour sa peau. Très émerveillée par ce qu’elle
a vu, la jeune dame a fait sa provision de toutes les gammes de savons que
propose «la Maison du karité».
Pour les pommades, «la Maison du karité» propose à sa clientèle deux pommades pour la peau et une pour le traitement capillaire des cheveux. Ainsi pour la peau, le client a le choix entre le bouquet floral et la vanille. Pour les pommades, on en trouve entre 125 g, 250 g et 1 kg cédé respectivement à 1.000 Fcfa, 2.000 Fcfa et 7 000 Fcfa. La coopérative propose aussi 250 g, 1 kg et 5 kg du beurre de karité naturel à 1.250 Fcfa, 2.500 Fcfa et 12.500 Fcfa.
LUTTER CONTRE LE CHÔMAGE. À la question de savoir si elles tirent
profit de leurs activités, la comptable répond sans hésiter par l’affirmative.
Mme Kiriba révèle avec fierté que c’est grâce à cette activité que les femmes
de Siby participent au bien-être de leurs familles et de leurs communautés. «Grâce
à nos revenus, nous participons aux dépenses de la maison. Nous arrivons à
acheter les trousseaux de mariage de nos filles. Voilà pourquoi il y a très peu d’exode rural
dans notre localité», souligne avec fierté notre interlocutrice. Ce n’est pas
tout. La coopérative participe au développement de la localité. Ainsi elle
contribue financièrement à toutes les initiatives de réalisation
d’infrastructures sociales comme les écoles, les mosquées et les centres de
santé. «Nous avons répondu à l’appel de l’État pour soutenir nos Forces de défense
et de sécurité en contribuant à hauteur de 100.000 Fcfa», rappelle la comptable.
La Coopérative lutte
contre le chômage. Ainsi, elle emploie 77 femmes. Celles-ci sont payées en
fonction de leur tâche. «Nous employons également 4 permanents, dont un homme
qui sont rémunérés», témoigne la comptable.
Par ailleurs, en plus d’être lucrative pour ces femmes battantes, cette
activité leur a ouvert la porte du monde. Ainsi la coopérative a participé à
plusieurs foires nationales et internationales notamment à Bamako, au Sénégal,
au Burkina Faso et au Canada. En plus de nos compatriotes, la coopération voit
arriver vers elle des clients d’Italie, de la France, du Ghana, d’Espagne, etc.
À côté de ce succès,
les femmes de Cooprokasi sont confrontées à des difficultés. En effet, elles
veulent bien faire connaître leurs produits au-delà des frontières. «Nous
voulons plus être connus, avoir nos points de vente partout au pays, dans la
sous-région et pourquoi pas à l’international d’autant plus que nous avons des
clients un peu partout dans le monde», évoque la présidente, Mme Astan Koné.
Elle déplore n’avoir à ce jour qu’un seul point de vente à Bamako.
«Nous
sollicitons toutes les bonnes volontés afin de nous aider à avoir beaucoup de
points de vente à Bamako et à l’intérieur du pays. Cela nous permettra à
davantage faire connaître nos produits et accroître nos revenus»,
dit-elle.
Une autre difficulté
beaucoup plus importante est la rareté de plus en plus du fruit du karité. Cet état
de fait met en danger l’activité principale de ces Femmes. Il est dû à la déforestation
et au vieillissement des peuplements de karité.
Très prévoyantes, ces
femmes ont pensé à leur survie. Elles
ont vite compris qu’il fallait repeupler un espace pour le karité. C’est ainsi
qu’elles ont acheté 2 hectares. Cependant, les moyens leur maquent pour acquérir
des pieds de karité d’une nouvelle variété expérimentée par l’Institut d’économie
rurale (IER). Cette nouvelle variété rentre en production 5 ans après la
plantation.
«La Maison du karité» souhaite aussi agrandir son magasin de stockage, et avoir un moyen de transport pour l’acheminement de ses produits sur la capitale.
Ces mères-courages à l’instar de beaucoup de femmes rurales dans notre pays, si elles sont bien assistées et accompagnées, pourraient faire des miracles et lutter contre la pauvreté rurale. L’État devrait intervenir pour donner un souffle nouveau à la filière karité.
Mariam A. TRAORÉ
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