
Mme Soumaoro Maïmouna Kanté, présidente de l’association IPPEF
Dans notre pays, comme dans de nombreuses sociétés, les femmes et les filles continuent de subir des discriminations et des violences sous diverses formes : mariages précoces, mutilations génitales féminines, violences conjugales, harcèlement, accès inégal à l’éducation et aux opportunités économiques. Si les avancées légales et les campagnes de sensibilisation ont permis des progrès, la lutte reste inachevée. Mais une question cruciale se pose : peut-on réellement éradiquer ces injustices sans impliquer ceux qui, historiquement et culturellement, ont souvent détenu le pouvoir social et économique ? Les hommes et les garçons ne doivent plus être perçus uniquement comme des spectateurs ou, pire, comme des bourreaux potentiels, mais bien comme des alliés et des acteurs du changement. Ainsi, ils doivent être au cœur du problème et de sa solution.
Dans la plupart des sociétés patriarcales, le rôle de l’homme a longtemps été central dans la structuration des normes et des dynamiques sociales. C’est lui qui fixe les règles, légifère et influence les mentalités, souvent au détriment des femmes. Toutefois, c’est aussi cette position qui lui donne le pouvoir d’agir, de déconstruire les modèles oppressifs et d’impulser un véritable changement. Impliquer les hommes dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, c’est leur faire comprendre que le combat pour l’égalité n’est pas une menace à leur identité, mais une opportunité d’évolution collective. C’est leur montrer que la masculinité ne se définit pas par la domination, mais par la responsabilité et la justice.
A cet effet, un changement de paradigme est nécessaire. Pour que les hommes deviennent des alliés crédibles, il est impératif de leur offrir des espaces de réflexion et d’apprentissage. La sensibilisation doit débuter dès l’enfance, à travers l’éducation à l’égalité et au respect mutuel. Dans les écoles, les familles, les lieux de travail, les mosquées et les espaces communautaires, un discours renouvelé doit émerger, déconstruisant les stéréotypes et revalorisant le rôle des femmes dans la société.
Des initiatives existent déjà au Mali. Certaines ONG organisent des cercles de dialogue où des hommes discutent ouvertement de leur perception de la masculinité et de leurs responsabilités vis-à-vis des violences basées sur le genre. D’autres programmes forment des hommes leaders, chefs de famille, imams, enseignants pour en faire des relais du changement. Sidi Békaye Coulibaly, chef de quartier Walawa, premier quartier de Koutiala et secrétaire général de la coordination des chefs de village et de quartier de Koutiala est un homme engagé pour la cause.
Il indique avoir bénéficié de plusieurs formations dans le domaine de la lutte contre la discrimination et les violences faites aux femmes et aux filles. Cela grâce au projet Elimination des discriminations et violences faites aux femmes et au filles au Mali, les hommes et les garçons comme agents de changement. Ledit projet est initié par l’Onu Femme et soutenu par l’Allemagne. Il a permis de mobiliser les hommes et garçons leaders de la région. Ceux-ci à leur tour sensibilisent leurs pairs par rapport à la thématique. Pour notre interlocuteur, l’initiative a permis de mieux faire comprendre le concept genre.
Sidi Békaye Coulibaly, chef de quartier Walawa
Ce qui à son tour a contribué à baisser l’ampleur de la violence dans la région. Dans son quatier notre chef du quartier et ses conseillers se sont érigés comme garde-fous contre les violences basées sur le genre. Dans ce cadre, ils assistent, conseillent les couples notamment ceux en conflit. «On leur fait comprendre notamment à l’homme que la violence ne résout aucun problème. Il y a mille et une autres solutions pour résoudre le différend entre les conjoints», dit-il. Parmi ces solutions, Sidi Békaye Coulibaly prône la communication. Il reste convaincu que la communication a l’art d’aplanir les différends dans n’importe quelle situation. Il préconise aussi d’impliquer des hommes engagés. Ceci pourra être un levier puissant.
«Les hommes influents dans la société malienne, qu’ils soient artistes, sportifs, leaders religieux ou politiques, ont un rôle clé à jouer. Lorsqu’un musicien populaire prend la parole pour dénoncer les violences domestiques, il touche une audience que peu d’organisations peuvent atteindre. Lorsqu’un imam aborde le respect et la dignité des femmes dans ses sermons, il contribue à transformer les mentalités en profondeur», pense notre interlocuteur. Selon lui, l’exemple le plus marquant reste celui des hommes qui, par leur propre expérience, deviennent des ambassadeurs du changement. Certains auteurs de violences témoignent aujourd’hui pour sensibiliser d’autres hommes, prouvant ainsi que l’évolution est possible. Un autre avis, une autre stratégie. Mme Soumaoro Maïmouna Kanté est présidente de l’association Initiative pour la promotion et la protection de l’enfant et de la famille (IPPEF).
Son organisation participe activement aux activités du projet «Elimination des discriminations et violences faites aux femmes et aux filles au Mali; les hommes et les garçons comme agents de changement». Contrairement à notre précédent interlocuteur, Maïmouna sensibilise, oriente, et conseille les hommes et les femmes par rapport à la problématique genre. Sa stratégie est toute simple. Il s’agit de convaincre et de mieux outiller les hommes et les garçons leaders. Pour notre interlocutrice sa démarche aboutit à des résultats positifs même s’il reste beaucoup à faire. Elle s’est réjouie du taux de scolarisation des filles dans la région de Koutiala et leur maintien à l’école. «J’avoue que le combat est de longue haleine. Le secret est d’y croire et de s’armer de courage et surtout de la patience. Il faut du temps pour un changement de comportement et de mentalité», explique notre interlocutrice.
Elle a vite compris que la lutte contre les VBG et l’équité du genre passent forcément par les hommes. Donc elle les sensibilise depuis le bas âge. Des causeries débats sont initiées, à cet effet, à l’intention des groupes de garçons et des jeunes filles. Selon elle, l’autonomisation de la femme et la promotion de l’éducation de la petite fille sont des recettes gagnantes pour mettre fin aux mariages précoces et tous autres maux qui freinent la promotion du genre dans notre pays. Bref, l’élimination des discriminations et violences faites aux femmes et aux filles au Mali n’est pas une utopie, mais une ambition légitime et réalisable. Pour cela, il est impératif de ne plus voir cette lutte comme une affaire de femmes uniquement. Les hommes doivent être au centre du débat, non pour dominer la narration, mais pour prendre conscience de leur responsabilité et agir en conséquence.
Loin d’être un jeu à somme nulle, l’égalité bénéficie à tous. Une société qui protège ses femmes et valorise leurs droits est une société qui progresse, s’épanouit et devient plus juste pour chaque citoyen, indépendamment du genre. Ainsi, il est temps de faire tomber les barrières, de repenser les rôles et d’engager un véritable dialogue inclusif. Car en fin de compte, la lutte pour l’égalité n’est pas une guerre des sexes, mais un combat pour la dignité humaine.
Envoyées spéciales
Mariam A. TRAORÉ et Mamou Sow
Mariam A. TRAORÉ
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Il est un mot qui résonne comme une promesse et un combat, un mot qui porte en lui la force des batailles passées et l’espérance des lendemains à bâtir : l’autonomisation. Une simple sonorité qui, pourtant, renferme l’essence même de la liberté et de la dignité..
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