Tontines : Une épargne pour financer des projets

Au-delà de son caractère social, la tontine représente une sorte d’épargne en prévision des dépenses et pour financer des projets pour les adhérents. Elle est également considérée comme un instrument économique et de prévoyance des difficultés qui peuvent survenir

Publié mercredi 30 août 2023 à 05:11
Tontines : Une épargne pour financer des projets

En plus de ces côtés économiques, la tontine est devenue un moyen de raffermissement des liens et des relations


Les tontines sont monnaie courante dans notre pays. Depuis 2020, Mme Diallo Hawa Diallo et ses voisines du quartier à Kati forment un groupement de tontine en présentiel. Chaque semaine, précisément les vendredis, chacune d’elles cotisent une somme de 1.000 Fcfa. Et après un tirage au sort, l’une des membres empoche la somme des cotisations. La semaine suivante, un autre membre remporte la même somme. Le tirage hebdomadaire continue jusqu’à ce que chaque membre du groupement ait son tour.

Dans la tontine de Mme Hawa Diallo, une cotisation supplémentaire de 200 Fcfa est versée par chaque participante dans la caisse commune. Ce fonds est distribué, à la fin de l’année, aux membres de la tontine. Avant ce partage du gâteau, la caisse sert de prêt remboursable avec intérêt accessible aux membres qui veulent mener des activités commerciales ou génératrices de revenus.


De nos jours, cette tontine rassemble plus de 40 femmes. Presque chaque homme ou femme participe à une tontine. Même au sein des services où la plupart des employés sont adhérents d’un groupe de tontine. Ce système de cotisation est devenu quasiment incontournable dans les relations humaines. Pour certains, la tontine, en dehors de son caractère social, représente aujourd’hui une sorte d’épargne en prévision des dépenses et pour financer des projets.

Pour rappel, la tontine est une association de personnes qui s’unissent à travers des liens familiaux, d’amitié, de profession pendant des périodes d’intervalles plus ou moins variables. Cela généralement, afin de mettre en commun leurs épargnes en vue d’apporter des solutions aux problèmes particuliers ou collectifs liés au moyen financier. Elle consiste en une formule mixte d’épargne et de crédit.


Les participants versent mensuellement des cotisations de montant fixe qui est distribué tour à tour à chaque membre, désigné en général par tirage au sort. Après que chaque membre ait reçu le fonds une fois, le cycle doit normalement recommencer. En plus de son aspect social, beaucoup de personnes prennent la tontine comme un instrument économique et une sorte de prévoyance en prévision des difficultés qui peuvent survenir.

Il s’agit d’utiliser des fonds, soit pour un investissement à court terme, soit pour un évènement prévu ou imprévisible. Adhérer à une tontine suppose avoir des projets à l’avenir. C’est le cas de Mme Niakaté Fatoumata Napho. Elle coordonne la tontine des femmes journalistes depuis deux ans. Elle récupère, à travers un service de Mobile Money, les cotisations mensuelles qui s’élèvent à 50.000 Fcfa pour chaque membre.


La tontine est pour elle, une épargne en quelque sorte pour financer ses projets. Nouvellement mariée, Mme Niakaté affirme que c’est grâce à sa part de tontine ramassée au mois de juin qu’elle a pu fait face aux dépenses de son mariage. «L’engouement est tellement grand à chaque renouvèlement de tontine qu’il arrive des incompréhensions entre les membres», explique la tontinière, poursuivant que très souvent la «ton-ba» est confrontée à un dilemme qui peut amener des incompréhensions.

En effet, au moment du renouvellement, il arrive que certains membres aient déjà planifié des projets qu’ils tiennent à réaliser à une date fixée. Donc, il lui faut obligatoirement ramasser la tontine à cette date. Toute chose qui n’est pas facile surtout si la tontine se déroule par tirage au sort. Tout comme Mme Niakaté, beaucoup de femmes adhèrent aux tontines pour faire face aux dépenses du mariage de leurs enfants.

Mme Diarra Fanta Diallo prépare le mariage de sa fille ainée qui aura lieu bientôt. Dès l’annonce des fiançailles, elle a cherché à faire partie d’une tontine d’épargne. C’est-à-dire, chaque mois, les membres cotisent chacune 6.000 Fcfa, une somme qui correspond au prix d’une pièce de pagne. À la fin du mois, la tontinière se rend au marché pour payer les pagnes qu’elle remet après à qui le tour. Cette forme de tontine permet à Mme Diarra de constituer le trousseau de mariage de sa fille. «Sans ce sacrifice, je ne serai pas capable de fournir des pagnes à ma fille», dit-elle.

Moriba Keïta est cadre dans un service public et il coordonne l’une des tontines de ce service. Il explique que son adhésion à cette tontine s’explique par le fait que cette collecte de fonds lui permet de faire face à la réalisation de certains de ses projets personnels. La tontine est, pour lui, une épargne d’argent. Sans cela, dit-il, il n’est pas facile pour les adhérents de pouvoir rassembler dans l’immédiat un montant colossal.


Ainsi, l’adhésion à cette collecte de fonds permet de disposer à portée de main d’un montant conséquent pour faire face à une dépense importante. «Cette année, j’ai décidé de ramasser ma tontine à la rentrée scolaire pour faire face aux dépenses scolaires notamment les fournitures, les tenues et le payement de la scolarité des deux premiers mois de l’année scolaire», confie-t-il. Pour lui, le salaire à lui seul ne permet de subvenir aux besoins des enfants à la rentrée scolaire, donc il faut faire des prévisions. D’où son adhésion à la tontine.



En plus de ces côtés économiques, la tontine est devenue un moyen de raffermissement des liens et des relations, de partage d’idées de projet, et de résolution de certains problèmes à travers les échanges fructueuses. Âgée de 60 ans, Mme Ballo Rokiatou Diakité a créé une tontine dont elle est la «ton-ba», depuis 10 ans. Cette tontine réunie des hommes et des femmes qui cotisent selon leurs moyens.


En mettant en place cette initiative, son intention était d’aider les femmes et les hommes à faibles revenus, d’épargner pour réaliser dans le futur leurs projets. Adhérer à une tontine, estime-t-elle, est une manière de faire une planification et avoir des projets à réaliser à court terme. En remettant chaque fois la tontine au bénéficiaire du mois, la sexagénaire ne manque jamais de prodiguer des conseils qui poussent à investir.

Anne Marie KEITA

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