Exploitation des produits non ligneux : Le créneau porteur de la gomme arabique

Les femmes trient et épurent la matière

Publié jeudi 10 mars 2022 à 07:23
Exploitation des produits non ligneux : Le créneau porteur de la gomme arabique

La Société de gestion forestière «Abdoulaye Halidou Cissé» a fait le choix d’abandonner l’exploitation du bois d’œuvre. Une manière de contribuer à la diminution de la déforestation dans notre pays


Dans le vaste entrepôt situé en Zone industrielle de Bamako, l’usine de bois de la Société de gestion forestière Abdoulaye Halidou Cissé (SGF-AHC) était autrefois animée par le bruit assourdissant des scies électriques utilisées pour la transformation du bois d’œuvre destiné à l’exportation.

Aujourd’hui, dans la cour de cette gigantesque infrastructure, on n’entend plus que le bourdonnement harmonieux provoqué par l’activité de tri et de conditionnement de la gomme arabique. De petites mains ingénieuses de femmes et de jeunes filles, une soixantaine à notre passage, assisses sous des hangars, nettoient, trient et tamisent des tas de gomme arabique entassés devant elles. Dans une ambiance à la fourmilière.

Chaque jour, depuis plus d’un an, ces dames du quartier abritant le site et ses environs, viennent y travailler pour gagner leur pain quotidien. Toutes des ménagères ou mères célibataires démunies. Aminata Traoré est l’une de ces journalières travaillant à l’usine. Elle nous approche avec un grand sourire sur les lèvres. «Quand je commençais le travail ici, je n’arrivais même pas à m’acheter un bonbon», confie-t-elle. Grâce à cette activité, Aminata gagne 2.000 Fcfa par jour, soit un salaire mensuel d’environ 60.000 Fcfa. Mariée, la mère de trois enfants arrive ainsi à aider son conjoint (travailleur journalier) dans l’entretien de sa famille.

Coiffé d’une casquette de couleur blanche, un tablier imprimé de l’arbre d’acacia en survêtement, Bakary Sidibé est le chef du volet gomme arabique de la SGF-AHC. Au milieu de ses poulains, ce détenteur d’un Master en agroéconomie a l’air enthousiaste quand il nous explique l’organisation du travail au sein de son entreprise.

 

Hommes et femmes de tout âge- Si les dernières activités avant le conditionnement du produit se font sur place à l’usine, la chaîne commence à des centaines de kilomètres de Bamako, sur les terres arides de la première Région, Kayes. Nous nous sommes transportés sur les milliers d’hectares qu’exploite la SGF-AHC dans les Communes rurales de Toukoto, Sourasan, Oualéa, Sefeto Ouest (Cercle de Kita). Dans les champs d’acacias (arbre qui produit la gomme arabique) étendus à perte de vue, l’on aperçoit hommes et femmes de tout âge. Ils s’attèlent à la collecte du précieux sésame.


«Nous sommes une entreprise à la fois commerciale et solidaire», déclare le coordinateur général de la SGF-AHC. Selon Adama Coulibaly, sa société est résolument engagée dans la lutte contre la pauvreté tout en œuvrant pour la protection de l’environnement. C’est pourquoi, elle privilégie l’emploi local. Tous ceux qui travaillent ici sont de la localité, indique-t-il. Auparavant, avec l’exploitation du bois d’œuvre, on employait peu de main d’œuvre locale, car ce secteur nécessite une main-d’œuvre qualifiée, fait savoir le manager.

En décidant de sortir du «tout bois», la société constate qu’elle peut utiliser de la main-d’œuvre locale et peu qualifiée. Ainsi, elle forme ses employés aux techniques simples de collecte de la gomme arabique sans grande difficulté. Cela permet de créer de «l’emploi vert» au niveau local, tout en détournant les populations rurales de la coupe du bois et de la production du charbon de bois qui étaient leurs principales activités de subsistance, estime Adama Coulibaly.

Avec la promotion de la filière des produits non ligneux dans ses activités d’exploitation des ressources forestières, la SGF-AHC entend mettre en œuvre une vraie approche de développement préservant durablement nos forêts. Dans cette dynamique, elle travaille avec les coopératives villageoises, les autorités communales des zones d’intervention, les coopératives des exploitants forestiers et les services techniques de l’État, à travers la direction nationale des eaux et forêts.

 

Activités génératrices de revenus- La société a, à ce propos, créé des jardins botaniques de proximité dans les communes concernées par son domaine d’exploitation. Le but étant d’initier les coopératives villageoises à la production de plants en pépinière. Elle a réalisé des parcelles de reboisement et emploie des ressources humaines qualifiées avec le recrutement d’agents de suivi de plan d’aménagement et de gestion.

Toute chose qui permettra une meilleure application des technologies de défense et de restauration du périmètre d’exploitation. Tout ceci combiné avec un développement socio-économique au profit des populations riveraines. Ainsi, la société appuie dans ses zones d’intervention, les activités génératrices de revenus (AGR) telles que le maraîchage. Elle participe également à la réalisation des infrastructures de base (centres de santé, écoles, etc.) et leur équipement.

De l’usine de bois du Mali, créée en 1968 sous le régime du président Modibo Keïta et, inaugurée en 1969 par le président Moussa Traoré, la SGF-AHC est issue d’un processus de privatisation enclenché en 1990 sous le nom : Entreprise «Faguibine». C’est en 2006 qu’elle prendra le nom de Général industrie de bois (GIB) avant de devenir la SGF en 2014. Leader de la gestion forestière au Mali, elle s’est fixée comme objectifs, la gestion durable des ressources forestières, l’organisation et la planification des travaux de valorisation des ressources forestières dans notre pays.

Conformément à la loi n°10-028 du 12 juillet 2010, portant règlementation de l’exploitation des produits dans le domaine forestier national, la société élabore des plans d’aménagements, réalise des travaux de restauration, soutient les services techniques de l’État et anime des campagnes d’informations et de sensibilisation des populations rurales sur les bonnes pratiques de gestion. Un bel exemple qui mérite d’être répliqué par ses pairs, dans un contexte de lutte contre la déforestation.



Cheick Amadou DIA

Lire aussi : #Mali : Fatoumata Diawara devient l’artiste africaine francophone la plus écoutée au monde

Un record historique pour la musique africaine francophone. Notre compatriote Fatoumata Diawara vient de franchir la barre des 407 millions de streams, faisant d’elle l’artiste féminine francophone africaine la plus écoutée au monde.

Lire aussi : Précarité des Médias : Les déviations et insuffisances prennent le dessus

La perception des frais de déplacement ou motivation ou de façon plus prosaïque «per diem», le manque de formation adéquate, la baisse de niveau des journalistes et le manque de moyens financiers des structures médiatiques nuisent fatalement à l’image de la presse malienne.

Lire aussi : Région de Kidal : L'armée poursuit la traque des Groupes armés terroristes

Dans le cadre des opérations de surveillance aérienne et sur la base de renseignements précis, les Forces armées maliennes ( FAMa ) ont pris en filature et traité un véhicule Pick-up, ce jeudi 18 septembre, à Yenchechi dans la Région de Kidal.

Lire aussi : Enfants et Médias : L’Unicef et l’Amap forment 17 enfants journalistes

Dans le cadre du projet «Enfants et médias», porté conjointement par l’Unicef et l’Agence malienne de presse et de publicité (Amap), l’Unicef a lancé, hier à son siège, la cérémonie d’investiture du Réseau des enfants journalistes..

Lire aussi : Koulikoro : L’héritage culturel au cœur de la semaine nationale de la réconciliation

Dans la salle de conférence du gouvernorat, le directeur de cabinet du gouverneur Mohammar A. Haïdara a procédé mardi dernier au lancement officiel de la 4è édition de la Semaine nationale de la réconciliation (Senare)..

Lire aussi : Gao : C’est parti pour la Semaine régionale de la biennale

En prélude de la Biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025, la Semaine régionale de Gao ou phase régionale a démarré, lundi au Stade Kassé Keïta, sous la présidence du directeur de cabinet du gouverneur de la 7è circonscription administrative du Mali, Mamadou Diakité..

Les articles de l'auteur

Financement climatique : Une gestion «Kafkaïenne» des fonds

En 2015, à Paris, dans la capitale française, un Accord historique sur le climat a été adopté par 197 pays du monde. Il consacre un financement substantiel des actions de lutte contre le dérèglement climatique par les pays riches en faveur des plus pauvres, vulnérables au phénomène. La cagnotte, loin d’être remplie, est aussi soumise à une règle procédurale et administrative qui rend son accès difficile pour ses bénéficiaires.

Par Cheick Amadou DIA


Publié jeudi 14 août 2025 à 11:21

Insécurité alimentaire : Le plan national de réponses 2025 financé à hauteur de 12,74 milliards de FCFA

Lancé hier par le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, ce plan prévoit de fournir une assistance alimentaire à 2,3 millions de personnes vulnérables à travers le pays.

Par Cheick Amadou DIA


Publié mercredi 13 août 2025 à 08:23

Engrais subventionnés : Les producteurs de Bamako reçoivent leur précieux sésame

C’est un investissement de 9,84 milliards de Fcfa qui permettra l’acquisition d’engrais de qualité supérieure pour les exploitants agricoles. Les détenteurs du document ont accès au sac d’engrais de 50 kg à 14.000 Fcfa contre plus de 25.000 Fcfa sur le marché.

Par Cheick Amadou DIA


Publié mercredi 30 juillet 2025 à 09:24

Protection et utilisation des ressources en eau : Plaidoyer pour l'adoption d'un code de l'eau

Le sujet a fait l’objet d’un atelier national organisé par l’Ong Join For Water, en collaboration avec le Partenariat national de l’eau du Mali (PNE) et la Coalition nationale pour la sauvegarde du fleuve Niger (CNSFN)..

Par Cheick Amadou DIA


Publié vendredi 25 juillet 2025 à 07:47

Satisfaction des besoins fondamentaux des populations : L’exécution du plan d’action gouvernement-secteur privé jugée mitigée

Sixième du genre, cette réunion mensuelle du cadre de concertation secteur public/secteur privé dresse un bilan mitigé de la prise en charge effective des préoccupations de chaque partie prenante du processus de développement économique.

Par Cheick Amadou DIA


Publié vendredi 30 mai 2025 à 07:44

Campagne agricole 2025 : Tout est vert

Il est prévu cette année, 11.696.721 tonnes de céréales et 682.000 tonnes de coton graine. De quoi amorcer la campagne de 2026 avec sérénité.

Par Cheick Amadou DIA


Publié mercredi 07 mai 2025 à 07:40

Mali-Banque mondiale : L’heure du diagnostic du portefeuille et du dialogue franc

L’institution financière mondiale est venue s’enquérir des préoccupations du gouvernement malien dans la conduite de ses actions de développement de façon générale, et proposer des pistes de solutions à la crise économique couplée à la crise politico-sécuritaire qui secoue notre pays depuis quelques années..

Par Cheick Amadou DIA


Publié vendredi 18 avril 2025 à 07:31

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner