Le melon est actuellement disponible sur le marché en dehors de la saison des pluies
Salla, village situé à environ 13 km de Bamako. Cette
bourgade de plus en plus célèbre relève de la Région de Koulikoro. Entourée de
villages abritant des unités industrielles, des auberges, des champs, elle
draine des foules de visiteurs depuis quelques temps.
Hommes d’affaires de
premier plan, médias, politiques… y défilent souvent. Motif : visiter les
champs de pastèque et de melon du richissime homme d’affaires malien, Ibrahim
Diawara.
Le patron de la société IBI Group, spécialisée dans l’agrobusiness, y
détient cinq hectares : un destiné à la culture du melon et les quatre
autres consacrés à celle de la pastèque.
Issu de la famille des Curcubitacées, le melon, nom
scientifique «cucumis mélo.L» est de deux types repartis entre plusieurs variétés.
Celles rencontrées sur le marché malien, ont la peau colorée et l’intérieur est
orange (cantaloup charentais) ou la peau colorée et l’intérieur est vert
(galia), les premiers sur le marché national avant l’indépendance. Puis vient
le jaune canari (à la peau jaune et la chair blanche (Moussa melon) qui a été
introduit par l’ancien président de la République, feu le général Moussa Traoré.
De la même famille que le melon, la pastèque ou «citrulus
vulgaris» est également de deux types avec une diversité de variétés. Celle à
la chair rouge avec plusieurs variétés (charleston gray, sagar baby, kaolac,
crimson sweet) est la plus répandue sur le marché malien. Jadis saisonniers,
ces deux fruits sont maintenant disponibles presque toute l’année dans les
rayons, les coins des rues et le long des grandes artères.
Accusés à tort ou à
raison d’avoir une propension morbide à vendre cher, leurs vendeurs font croire
aux clients qu’ils sont importés du Maroc. Peut-être une manière de justifier
le prix onéreux qu’ils imposent à la clientèle.
«En réalité, la plupart sont
cultivés au Mali notamment dans la périphérie de Bamako pour le melon et dans
la zone de Barouéli pour la pastèque, précisément à Sanankoroba, Ségou,
Sikasso, Bla, Samé, Diéma», confirme Dr Aminata Dolo Nantoumé, spécialiste au
programme fruits et légumes du Centre régional de recherche agronomique (CRRA)
de l’Institut d’économie rurale (IER), basé à Sotuba.
La société IBI Group a décidé
d’investir dans ce «secteur très rentable», afin de booster davantage la
production nationale. Son promoteur, l’opérateur économique Ibrahima Diawara,
pilote le projet de la filiale «Diazon». Il tend à devenir l’un des grands
producteurs de ces fruits notamment hors saison habituelle de production.
Pourquoi ce choix ?
MICRO-IRRIGATION- Celui qui semble avoir un sens élevé des
affaires répond. «Je suis un grand amateur de la pastèque. Un jour, une dame a
voulu me vendre le kg à 7.000 Fcfa, prétextant que les pastèques provenaient du
Maroc. Je me suis alors demandé comment parcourir 4.000 km pour venir nous
vendre ici des fruits constitués à 90% d’eau.
C’est à partir de ce jour que
j’ai décidé de m’engager dans la culture de la pastèque», explique Ibrahima
Diawara. Pour y arriver, l’opérateur économique jette son dévolu sur une
technique appelée micro-irrigation ou la méthode «goutte à goutte».
Elle
consiste à diluer de l’engrais dans une machine contenant de l’eau pour ensuite
l’évacuer goutte à goutte au pied des végétaux, soit 1,5 litre d’eau par heure.
Selon lui, cette technique est la meilleure parce qu’elle permet d’économiser
en engrais et en eau, tout en assurant une récolte à hauteur des attentes.
Grâce à cette technique, Ibrahima Diawara a eu 41.600 melons
sur un total de 10.400 pieds plantés, chaque pied donnant quatre fruits. Avec
6.250 pieds de pastèques par hectare, notre interlocuteur a obtenu une
production de 86.200 kg, soit un total de 344.800 kg pour les quatre hectares.
Ce qui lui a permis de vendre le kilo du melon à 500 Fcfa, contre 350 Fcfa pour
la pastèque. En principe, il faut deux mois et 15 jours au melon et à la pastèque
pour atteindre la maturité. 48 jours pour le cycle végétatif et 25 jours pour
la récolte, explique celui qui dit se faire le devoir de mobiliser tous les opérateurs
économiques du pays pour qu’ils s’engagent dans la production de ces fruits «économiquement
très rentables».
Sans préciser combien sa production lui a apporté, Ibrahima
Diawara se dit disposé à accompagner gratuitement en termes d’appui conseil et
technique ceux qui veulent se lancer dans le domaine. Fournisseur d’intrants au
sein de l’entreprise semencière Technisem, Bablé Diarra confie que les semences
de ces fruits sont importées d’Europe et du Maghreb.
Selon lui, le sachet de
100g du «melon charentais» coûte 6.870 Fcfa contre 11.740 Fcfa pour 500g de la «pastèque
kayak».
Parlant des difficultés liées à la culture de ces fruits, l’experte au
programme fruits et légumes du Centre régional de recherche agronomie (CRRA), évoque
la non maîtrise de l’itinéraire technique, les problèmes de conservation, de
commercialisation et une multitude de parasites et de maladies qui peuvent
attaquer les fruits.
Par ailleurs, Dr Aminata Dolo Nantoumé explique que la
culture du melon se fait en plein champs, en saison sèche et fraiche. Elle
exige des températures diurnes assez élevées ainsi qu’un bon ensoleillement.
Ce
fruit succulent supporte moins les températures nocturnes élevées, une forte
humidité de l’air et un temps couvert. «L’hivernage provoque donc des baisses
de qualité et de rendement», conclut-elle.
Kadiatou OUATTARA
Rédaction Lessor
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