Moussa Diallo : «La culture a beaucoup à donner pour freiner la déshumanisation du monde» !

Le talentueux musicien et entrepreneur culturel, mais aussi initiateur du Festival Spot on Mali Music parle avec le recul de son initiative. Il s’agit de permettre à des talents d’éclore grâce à des promoteurs ! Celui qui vit depuis de longues années à Copenhague (Danemark) sert de trait d’union entre la musique malienne et le showbiz mondial à travers le festival de musique «Spot on Mali Music» dont la 9è édition a vécu du 13 au 14 janvier 2023 à la Maison des jeunes de Bamako

Publié vendredi 19 mai 2023 à 06:02
Moussa Diallo : «La culture a beaucoup à donner pour freiner la déshumanisation du monde» !

 L’Essor : Les rideaux sont tombés sur la 9è édition du «Spot On Mali Music» organisée du 13 au 14 janvier 2023. Que retenez-vous de cette édition ?

Moussa Diallo : Ce fut une superbe édition avec de belles découvertes d’artistes que je ne connaissais pas bien et qui nous ont émerveillés. C’est un bonheur à chaque fois de finaliser les éditions de «Spot On Mali Music» et de voir tant de talents qui sont plus ou moins connus même des Maliens. C’est tout un bonheur !

L’Essor : Comment jugez-vous l’événement de cette année par rapport à la précédente édition ?



Moussa Diallo : Pour nous, chaque édition de «Spot On Mali Music» est toujours une réalisation innovante. On ne gagne rien les mains croisées et chaque édition a été pour nous un challenge. Pouvoir déjà réaliser chaque année une nouvelle édition, c’est vraiment gagner du terrain dans la pérennisation du projet. Toutes les éditions ont été de belles expériences pour nous et je pense aussi pour les artistes.

L’Essor : Qu’est-ce qui vous a motivé à initier ce festival ?

Moussa Diallo : Étant donné que je suis moi-même musicien, depuis fin 1990 je viens régulièrement au Mali et je fais des tournées au Danemark avec des musiciens maliens comme Bassékou Kouyaté et son épouse Amy Sacko ; Zoumana Téréta (paix à son âme), Amy Tounkara que je fais tourner dans les écoles et pour qui j’organise aussi des concerts en Scandinavie, et tant d’autres musiciens. Chaque fois que je suis au Mali, je vois vraiment de multitudes d’artistes qui galèrent et qui me demandent comment est-ce que je peux les aider d’une manière ou d’une autre. Quand l’ambassade du Danemark a été ouverte au Mali,  j’ai contacté les acteurs culturels danois pour voir ce qui était possible de faire.


Ma première démarche était d’aider l’Institut national des arts (INA) et le Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté. Et cela a pu se réaliser. Une collaboration a été établie entre le Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté et un conservatoire très connu au Danemark, le conservatoire de musique à Aarhus. Et de là, nous avons eu un budget et j’ai initié un festival pour aider les artistes qui ne sont pas nécessairement au Conservatoire Balla Fasseké Kouyaté pour donner un peu plus d’envergure à notre projet.

L’Essor : Quel est aujourd’hui votre regard sur la musique malienne ?

Moussa Diallo : La musique malienne est belle comme toujours. Je découvre de nouveaux talents. J’adore la musique malienne et je ne suis pas le seul, car là où je vis, il y a aussi beaucoup de personnes qui adorent la musique malienne. Ils sont nombreux les artistes d’autres horizons qui sont toujours émerveillés de collaborer avec les artistes maliens.

L’Essor : Où en êtes-vous avec votre propre carrière musicale ?

Moussa Diallo : Je suis un peu moins engagé à faire des tournées et des concerts classiques. Je fais maintenant beaucoup de choses pour les enfants. J’écris ainsi des livres pour les enfants. Tout cela est devenu aujourd’hui ma passion. Je sors quelques disques de temps en temps, mais le show business a beaucoup changé. Sans compter que je suis aussi à un âge où je me focalise un peu sur d’autres activités d’appui comme «Spot On Mali Music». Cela me permet de partager un peu mon expérience. N’empêche que je joue toujours de temps en temps vigoureusement sur scène.  

L’Essor : Quel est l’impact de ce festival sur la musique malienne à ce jour ?

Moussa Diallo : Je ne peux pas dire exactement jusqu’à quel point cette initiative impacte la musique malienne. Mais je sais que pour les artistes, c’est une plateforme qui leur a permis de briller avec du matériel très performant. Elle leur a aussi donné la possibilité de rencontrer des promoteurs qui, éventuellement, pourraient les aider à ouvrir les portes du showbiz. On les met sur nos réseaux sociaux et il y a une bonne petite poignée qui a eu l’opportunité d’avoir des tournées à l’extérieur à travers «Spot On Mali Music». Je sais que Thierno Sam a fait des tournées grâce au festival. Tout comme Cheickna Sissoko a eu aussi des opportunités à l’extérieur. Et Mariam Koné, qui était du côté du Conservatoire, a fait aussi des tournées au Danemark. 

 L’Essor : Quelles sont les grandes révélations des huit premières éditions ? 

Moussa Diallo : La liste est longue (rires…) ! Mais vous pourrez toujours aller sur la page web de Spot On Mali Music (www.spotonmalimusic.org) pour avoir une idée de tous les artistes qui ont joué à notre festival comme les rappeurs Mylmo, Tal B, Ben Zabo, Cheickna Sissoko, Sadio Sidibé, M'Bouillé Koité… ; Faratuben, un groupe atypique né de la rencontre entre musiciens du Mali et du Danemark ? Son nom est un mélange de deux mots bamanan : Farafin (Noir) et Toubabou (blanc). Ils jouent de la musique bwa très dansante et traditionnellement jouée uniquement sur du balafon et des tamans.


L’Essor : Bénéficiez-vous de l’accompagnement de l’État malien dans cette entreprise ? 

Moussa Diallo : C’est un peu triste à dire. Mais le ministère en charge de la Culture n’a fait aucun effort, même par courtoisie pour l’ambassade de Danemark, pour venir ou envoyer quelqu’un aux différentes éditions de notre festival. C’est déplorable d’avoir un ministère de la Culture qui ne fait aucun clin d’œil aux artistes maliens et ne reconnaît même pas ou n’apprécie pas les aides qui sont apportées à des acteurs culturels pour aider la culture malienne. Je ne comprends pas trop cette attitude, mais c’est vraiment triste ! 

L’Essor : Comment vivez-vous à l’extérieur la crise multidimensionnelle à laquelle le Mali fait face depuis plus d’une décennie ? 

Moussa Diallo : C’est le monde entier en ce moment qui est dans l’impasse. Il faut que l’être humain devienne beaucoup plus spirituel et je pense que la culture a beaucoup à donner, pour qu’on devienne moins combatif et moins négatif. Nous vivons ces crises liées au néocolonialisme qui s’est impliquée et infiltrée dans la politique africaine depuis des décennies. Sortir de ça, de cette étreinte, n’est pas évident. Mais je pense que les Maliens ont eux-mêmes choisi de gérer leur destin sans l’implication d’acteurs de l’extérieur. Il y a certes du chemin à faire, mais je pense que nous allons pouvoir nous retrouver entre nous Malien sans qu’il y ai des clashes. Je l’espère de tout mon cœur !

L’Essor : Cela a-t-elle affecté vos projets pour le Mali ? 

Moussa Diallo : Oui ! Depuis 2012 j’étais en train de m’investir ici au Mali. J’ai construit une maison à Koulikoro pour faire des Workshop (ateliers) avec des artistes et des étudiants de l'extérieur. J’étais en train de m’y engager un peu comme un acteur culturel ici en m’investissant dans le tourisme afin  de faire voir autrement ce beau pays, le Mali. Déjà en 2011, j’avais un grand nombre de touristes qui se préparaient à venir pour aller au festival d’Essakane (Tombouctou) qui était devenu à cette époque très populaire. Je m’étais vraiment investi en achetant des voitures et tous les autres moyens logistiques. Malheureusement, en 2012, le coup d'État et l’instabilité en Libye ont complètement déstabilisé tous mes projets.

L’Essor : Quel appel lancez-vous aux artistes et à la jeunesse?

Moussa Diallo : Je leur dirai avant tout que c’est le travail qui paye. Il faut bosser, s’engager et se battre pour ses convictions et ce qu’on aime. Je suis convaincu que si on s’y met à fond, on trouvera toujours une solution pour avancer, pour concrétiser ses projets et réaliser ses ambitions. Je pense aussi que la musique est universelle. Un artiste comme Bassékou Kouyaté et tant d'autres l’ont prouvé. Travaillez bien sur votre instrument, sur votre show ou votre projet, et il n’y a aucune raison qu’il n’y ait pas d’ouverture. Sidiki Diabaté est un exemple à suivre par la jeunesse.

Propos recueillis par

Moussa Bolly

Rédaction Lessor

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