Le directeur de l’Office central des stupéfiants procédant à la mise à feu des drogues saisies
Dans le cadre de la Journée
internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues, célébrée tous
les 26 juin, conformément à la résolution n°42/122 de l’Assemblée générale de
l’Organisation des Nations-unies adoptée en 1987, les autorités maliennes
réaffirment leur détermination à combattre le fléau qui menace nos communautés,
nos familles et notre avenir. Ce à travers plusieurs activités parmi
lesquelles, figure en bonne place l’opération de destruction de drogues et d’autres
substances illicites à travers l’Office central des stupéfiants (OCS).
Cette année, l’opération
d’incinération a porté sur une quantité record d’environ 60 tonnes de drogues
et de produits illicites. Il ressort des l’éléments fournis par l’OCS, que la
saisie de cette quantité de substances nocives a nécessité l’interpellation de
543 individus dont 542 Maliens et seulement 11 étrangers sur plus de 700
personnes mises en cause par les enquêteurs, de juin 2023 à juin 2024.
Ces chiffres témoignent éloquemment
une augmentation considérable du nombre de personnes souffrant de troubles liés
à l’usage de substances psychoactives dans notre pays. Pour en savoir davantage
sur les raisons de cette flambée préjudiciable à la société, nous avons
approché certains acteurs de la chaîne de lutte contre le fléau. Tous tirent la
sonnette d’alarme sur l’ampleur du phénomène et apportent des explications sur
la situation avant de proposer des solutions pertinentes et de prodiguer des
conseils utiles.
De l’analyse de Dr Bréma Ely Dicko, enseignant chercheur à l’Université des lettres et des sciences humaines de Bamako (ULSHB), avec ces saisies record, on doit féliciter les services de l’OCS pour le travail remarquable abattu, même s’il semble moins surpris du volume de la saisie. En ce sens que la quantité des stupéfiants qui circulent dans notre pays est largement supérieure aux résultats encourageants obtenus par nos unités. Ces tonnages incinérés représentent sans doute les capacités de l’OCS, c’est-à-dire les moyens matériels et humains que ce service détient aujourd’hui. Le sociologue demeure convaincu qu’avec le renforcement des ressources humaines et matérielles de l’Office, les résultats escomptés par ces équipes pourraient être multipliés par dix voire plus.
GOUTTE D’EAU DANS UNE MER AGITÉE-
Qu’à cela ne tienne, Dr Brema Ely Dicko estime que ces chiffres en disent assez
sur l’ampleur du trafic des stupéfiants au Mali. Mais surtout ces saisies nous
interpellent tous dans la mesure où ce sont des populations maliennes et leurs
partenaires d’autres pays qui sont impliqués dans ces réseaux de criminalité
organisée. Cette situation est préoccupante d’autant plus que la population
malienne est juvénile, les jeunes sont au chômage. Beaucoup de nos compatriotes
étant désœuvrés, des parents n’étant pas capables de faire efficacement face
aux dépenses de la famille, les jeunes peuvent trouver refuge dans les
stupéfiants. «Donc, ces quantités nous interpellent, car elles pourraient
finalement être une goutte d’eau dans une mer agitée», a paraphrasé
l’universitaire.
à la lumière de ce constat
alarmant, Dr Dicko indique que les conséquences de la consommation de ces
psychotropes sont diverses. Selon lui, une première conséquence porte sur la
dépendance à ces substances illicites.
La seconde est relative aux comportements de violences que cela peut induire le
consommateur; notamment la couche juvénile, car au Mali l’on sait que 47,5% des
populations ont moins de 15 ans et 75% mois de 35 ans. Ce qui montre que la
population est extrêmement jeune dans un contexte de chômage sur fond de
morosité économique, des jeunes peuvent s’adonner à la drogue.
En outre, cela peut également
engendrer des pertes économiques importantes pour ces jeunes-là, car le peu
d’argent qu’ils gagnent ou que les parents leur donnent, peut être utilisé pour
acheter ces psychotropes. Au lieu de les investir ou se nourrir convenablement
avec ces sous. Sans oublier que des couples jeunes peuvent être confrontés à
des situations dramatiques où le conjoint consommateur peut être amené à
frapper sa femme. Ce qui a abouti à des coups et blessures dans notre pays et
récemment des cas d’assassinats d’épouses. Si le divorce est prononcé suite à
ces genres de violences liées à la consommation de drogues, cela pourrait avoir
un impact négatif sur les enfants qui ont toujours besoin d’avoir leurs deux
parents à côté pour les orienter et les accompagner dans leur développement. Un
enfant qui voit son papa violent peut le prendre comme modèle et adopter son comportement
négatif. «On a aussi vu des jeunes sous l’effet de stupéfiants s’adonner à des
viols collectifs», a regretté le sociologue.
Pour qui, à court terme, la
consommation des psychotropes pervertit la jeunesse et favorise la fainéantise.
à moyen terme, le fléau a un impact négatif sur l’éducation des enfants mais
aussi sur le développement socioéconomique. Dans la mesure où l’on dit que
l’avenir d’un pays repose sur sa jeunesse. Mais il s’agit d’une jeunesse bien
formée, en bonne santé, consciente et non dépendante de psychotropes. Dr Brema
Ely Dicko prévient qu’à long terme, la toxicomanie peut avoir un impact sur la
société en général en ce sens que les jeunes additifs qui deviendront les
adultes de demain font sans doute pervertir les valeurs sociales et transformer
ce qui est un délit en une sorte de norme.
Sur la question de savoir ce qu’il faut faire pour circonscrire le mal à défaut de pouvoir l’éradiquer, le sociologue souligne qu’il est difficile de lutter complètement contre ce fléau qui demeure un problème mondial. On retrouve la problématique partout si bien que les grands pays comme les États-Unis d’Amérique, la France, le Canada et bien d’autres ont été obligés de créer des espaces de shooting (salles de shoot) où des personnes de tous âges peuvent venir consommer le cannabis dans des restaurants conçus pour cela.
PATHOLOGIE CHRONIQUE-Dans
d’autres pays, c’est la culture du “joint” (autre appellation du cannabis” qui
est autorisé à certains nombre de grammes par personne et par famille).
Finalement, tout cela constitue un phénomène qui génère beaucoup d’argent.
Cette économie malsaine est galvanisée par ce qu’on appelle la criminalité
organisée. C’est-à-dire des réseaux importants qui sont connectés depuis
l’Amérique latine par les côtiers notamment le Togo, la Côte d’Ivoire, le
Bénin, le Nigeria pour venir transiter au Mali pour aller vers les pays du
Maghreb. Mais, il y a de l’autre côté aussi le Hachis marocain qui est importé
au Mali et dans d’autres pays et la cocaïne qui vient également du continent
américain.
Finalement, on a différentes
formes de psychotropes tels que la colle et les comprimés nocifs dont le
tramadol en circulation, qui génèrent des milliards de Fcfa, explique
l’enseignant chercheur. Selon Dr Bréma Ely Dicko, il
n’est pas étonnant de retrouver souvent dans ces réseaux de criminalité
organisée des représentants de l’État qui sont des porteurs d’uniformes, des
administrateurs dans les bureaux, les aéroports, etc. D’où la difficulté
d’éradiquer le fléau. Cependant, il souligne que l’une des solutions c’est le
renforcement de la sensibilisation sur les conséquences de la consommation de
ces substances nocives sur la santé des personnes, des familles voire le
devenir de la société. De l’autre côté, le sociologue évoque la répression. à ce propos, il recommande que les gens jugés
coupables soient condamnés à hauteur de souhait afin de servir d’exemples
dissuasifs. Tout cela doit être accompagné par le renforcement des moyens
techniques et humains des structures de lutte, car ces réseaux de trafic sont
très puissants et s’adaptent un peu à la législation nationale.
STIGMATISATION-De son côté, le
médecin colonel Ismaïla Macalou, secrétaire permanent de la Mission
internationale de coordination de la lutte contre la drogue (MILD) attire l’attention sur la gravité du
phénomène dans notre pays. Pour inverser cette tendance, le chef du Service
psychiatrique de la policlinique des armées de Kati formule plusieurs
recommandations. Il s’agit, entre
autres, de renforcer les activités de prévention, d’augmenter les capacités de
répression et des normes en vigueur,
d’améliorer la prise en charge des toxicodependants, de maintenir une
liaison avec les organismes et réseaux internationaux. Pour atteindre ces
objectifs, le medecin colonel Ismaïla Macalou a insisté sur la nécessité d’une
synergie d’actions entre l’ensemble des acteurs intervenants dans la lutte
contre la drogue. à ce propos, il a annoncé l’organisation par le secrétariat
permanent de la MILD d’un grand atelier.
Concernant l’augmentation du
nombre de consommateurs, l’addictologue révèle que de nos jours, la tranche
d’âge minimum des patients souffrant de toxicomanie qu’il reçoit au niveau de
la psychiatrie de Kati, qui était de 25 ans, tourne autour de 16 ans. Pire,
l’officier supérieur signale de plus en plus de jeunes filles dans ce lot. «Ces
conduites addictives de la couche juvénile qui représente l’avenir de notre
pays nécessite un cri d’alarme», a-t-il fait remarquer. D’où le besoin
d’accompagnement des médias et de la
société civile qui doit être sur le premier plan, en plus du travail
remarquable abbatu par les services de sécurité, judiciaires et même éducatifs.
Par rapport à la prise en charge
des toxicodependants, le spécialiste regrette qu’il n’existe à nos jours que
deux structures; à savoir le Service psychiatrique de l’hôpital du Point G et
celui de la Policlinique des armées à Kati, qui ne repondent d’ailleurs pas aux
normes d’un centre d’addictologie. «Il n’existe aucun centre d’addicto au Mali
aujourd’hui. Mais nous faisons nos accompagnements avec nos qualifications sur
le plan de la profession. Mais, il faut aller au-delà», a déclaré le colonel
Ismaïla Macalou. Avant d’ajouter que l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
considère l’addiction aujourd’hui comme une pathologie chronique. Ce qui
voudrait dire qu’après l’accompagnent de l’addicte, il faut préparer sa
réinsertion.
D’où la nécessité de la mise en place des centres de réinsertion.
Ce qui pourrait éviter les problèmes de stigmatisation dont ces derniers
pourraient faire l’objet dans la société. Pour le président du Réseau «Un
Mali Sans Drogues», les chiffres inquiétants de l’OCS nous expliquent en effet
que la consommation évolue plus vite que la thérapie, la répression et la
prévention au Mali. Selon Sidy Mohamed Samaké, cela est dû à l’expansion du
marché de drogues illicites autrefois visibles seulement dans les grandes
villes telles que Bamako et les capitales régionales.
Depuis un certain temps, le
phénomène s’est repandu dans les zones rurales avec une ampleur qui touche
pratiquement les 156 cercles, les 819 communes et les 12.712 villages. De Kayes
à Ménaka, on y trouve des jeunes, enfants voire des adultes usant de toutes
sortes de drogues illicites d’origine végétale ou synthétique.
Au regard de ces quantités, les
conséquences sont multiples. Il s’agit de l’apparition fréquente de maladies
des voies aérodigestives et des troubles mentaux, des risques de complication
chez les jeunes usagers sont 10 fois plus élevés. La prévalence de la violence
ou la délinquance (vol, viol, bagarre, accident de la circulation,
prostitution, prison, décès etc.), est très élevée chez les consommateurs de
drogues. Mais aussi, de l’incapacité progressive d’assumer ses responsabilités
sanitaires. Selon les données de l’OCS en
fevrier 2024, environ 70% des jeunes Maliens soit plus de 7,5 millions seraient
exposés au risque de toxicomanie et/ou troubles mentaux. Alors que les
structures sanitaires spécialisées et le personnel qualifié pouvant accueillir
et prendre en charge thérapeutique d’au moins 1% de ce chiffre (soit 75 243
jeunes) sont presque inexistants de nos jours au Mali.
De l’analyse du responsable de la société civile, pour mieux circonscrire le mal, il faut structurer la lutte à partir d’une véritable stratégie préventive et thérapeutique sur des données factuelles permettant de prévenir la consommation de drogues et favoriser le développement sain et équilibré des jeunes.
La professionnalisation du domaine à travers la mise en œuvre de programmes de prévention dans les 19 régions. Bref, selon lui, Il faut oser expérimenter l’approche multisectorielle qui prend en compte plusieurs environnements et cadres, tels que la famille, l’école, le lieu de travail, la communauté, les médias et lieux de loisirs qui doivent être pris en compte dans l’élaboration des programmes de prévention.
Le pari de la victoire sur les narcotrafiquants qui, de par leurs activités perversives, nuissent à la santé de nos populations, detruisent nos économies, affectent nos identités et menacent l’avenir du pays, ne peut etre gagné qu’avec l’implication de tous
Aboubacar TRAORE
À l’instar de la communauté internationale, notre pays a célébré en fin de la semaine dernière, la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite des drogues (26 juin), en mémoire de la résolution n°42/122 de l’Assemblée générale des Nations-unies, adoptée en 1987..
Les Forces armées maliennes (FAMa) ont vigoureusement repoussé le jeudi 27 juin, une attaque perpétrée par les Groupes armés terroristes (GAT) contre un check point de l'Armée à la sortie de Ménaka, a annoncé le même jour la Direction de l'Information et des Relations publiques des Armées.
Conformément aux dispositions légales dans notre pays, la direction de l’Office central des stupéfiants (OCS) a procédé, hier, à la destruction d’une importante quantité de produits stupéfiants et psychotropes, saisis par ses unités et celles de la police et de la gendarmerie nationale..
Le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, se rendra à Ouagadougou ce mardi 25 juin, pour une visite d'amitié et de travail de 24 heures.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a présidé, jeudi dernier à son département, une séance de travail avec une importante délégation des Nations-unies comprenant les directeurs régionaux de plusieurs Programmes, Agences et Fonds de l’.
Dans le cadre de la sécurisation du territoire national, les Forces armées maliennes (FAMa) ont mis six terroristes hors d'état de nuire suite à une reconnaissance offensive menée ce vendredi 21 juin dans la localité d'Abeïbara dans la Région de Kidal, a annoncé samedi la Direction de l'inf.