Être amené à consulter dans les établissements hospitaliers
et autres structures de soins en situation d’urgence est source d’angoisse dans
notre pays. Être accompagnant de malade n’est pas non plus enviable. Il ne
faudrait donc souhaiter à personne de vivre une qualité de victime dans l’un ou
l’autre cas parce qu’il faut bien se frotter les yeux pour croire qu’on ne rêve
pas à la vue du spectacle «dramatique» que l’on voit souvent lorsqu’on arrive
dans nos établissements de soins. L’épithète n’est pas galvaudée puisqu’il faut
la lire au second degré lorsqu’on la colle à la problématique de places
d’hospitalisation.
«Il n’y a pas de place. Il faut l’amener dans un autre
établissement». C’est «la formule incantatoire et absolument fautive» qui est
très souvent assenée aux accompagnants des malades sans la moindre dose
d’humanité lorsque ceux-ci se présentent avec leurs malades. Le décès d’une femme récemment rapporté sur les réseaux
sociaux a enflé la polémique.
Cette dame aurait été référée de la maternité
d’Hamdallaye vers un établissement hospitalier de la place d’où elle aurait été
aussi «renvoyée» vers un autre établissement hospitalier situé sur les hauteurs
de la capitale avant de rendre l’âme sans pouvoir être prise en charge (parce
que le décès aurait été constaté à l’arrivée). Sans condamner à l’extrême,
cette pratique de référence d’un malade qui vient en urgence vers un autre
établissement du fait de la problématique de places d’hospitalisation n’est pas
anecdotique.
C’est une navrante réalité qui fait grincer des dents. Il est
surtout à l’origine de récriminations et de critiques d’inhumanité à l’encontre
des soignants.
Pourtant, il ne faut pas mettre en cause les médecins dans
tous les cas. Parce que ceux-ci s’emploient parfois dans des conditions
difficiles à soulager les malades comme c’était le cas, cette veille de fête d’Aïd
el-Fitr au service de gynécologie/obstétrique du Centre hospitalo-universitaire
(CHU) Gabriel Touré.
Dans cette unité de consultations et de soins qui s’occupe des problèmes de la femme et de l’accouchement, les 46 lits d’hospitalisation sont tous occupés par des patientes. D’autres moins heureuses sont couchées sur des nattes voire des pagnes étalés à même le sol parce que la capacité d’accueil du service a été dépassée. C’est une réalité qui asphyxie le service de gynécologie/obstétrique de Gabriel Touré et requiert un effort de l’administration hospitalière voire de la tutelle (le ministère de la Santé et du Développement social s’entend) pour au moins améliorer la situation.
UNE NATTE À MÊME LE SOL- Dans ce service, votre serviteur a
pu poser un regard de profane sur la problématique. Dans une salle
d’hospitalisation de 10 lits, les médecins ont été contraints d’admettre deux
patientes en surplus. Chacune d’elle était couchée sur une natte à même le sol.
Le même constat peut être dressé dans une autre salle d’hospitalisation de 12
lits. Cette fois-ci, la pléthore peut choquer surtout à la vue d’un
accouchement gémellaire. La parturiente est avec ses jumeaux sur un pagne qui
leur sert de couchette.
On sent la résignation chez elle à passer des moments
d’observation après la délivrance dans ces difficiles conditions avec un regard
inquisiteur sur tout visiteur qui rentre dans la salle. Idem dans une autre
salle de 12 lits où des femmes admises en hospitalisation sont également
couchées sur des nattes. Une patiente abandonne son lit brinquebalant pour se
coucher par terre.
Les salles d’hospitalisation du rez-de-chaussée ou salles
RDC (trois salles de deux lits et deux salles de trois lits), comportent un peu
plus de confort. Mais toutes ces pièces aussi repoussent les limites de leurs
capacités. Mais dans toutes les salles d’hospitalisation de ce service, les
médecins étaient aux petits soins pour soulager les patientes. À ce niveau, ils
apportaient toute l’attention requise aux patientes, administraient des soins
conformément aux protocoles thérapeutiques.
Le chef du département de gynécologie obstétrique, Pr Niani
Mounkoro, connu pour le sérieux qui le caractérise, explique simplement que son
équipe et lui travaillent à sauver des vies. «Il faut toujours un
accompagnement pour améliorer les conditions d’accueil», défend-il.
La problématique de places d’hospitalisation révolte la
conscience collective. Mais c’est une réalité qui va demeurer tant qu’on ne
verra pas grand dans la réalisation de nos établissements de santé.
En attendant, le personnel soignant doit faire montre de chaleur humaine dans les cas de référence pour au moins apaiser malades et accompagnants. Parce qu’il faut y voir à travers, «l’autre moi», c’est-à-dire l’humain tout court.
Brehima DOUMBIA
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