
Dr Fodié Tandjigora, sociologue et politologue, aborde dans ces lignes les réalisations de la Confédération. Maître de conférence à l’Université Yambo Ouologuem de Bamako, il se prononce également sur les perspectives de la Confédération en matière de sécurité, d’économie et de politique. Sans oublier les relations entre la Fédération de Russie et les trois pays de l’AES
Après avoir rappelé que la Confédération AES est née dans un contexte de crise sécuritaire et politique, Dr Fodié Tandjigora retient que ce contexte a eu des répercussions sur ses priorités et la nouvelle dynamique impulsée par sa diplomatie décomplexée et responsable face aux agressions extérieures. Les trois pays, décidés à casser les chaînes de l’establishment impérialiste, ont défini des méthodes de travail pratiques et dynamiques. Il note avec une certaine fierté des réalisations de la Confédération des États du Sahel sous la présidence malienne.
Des réalisations qui s’appellent mise en place des structures de l’AES, plusieurs missions techniques et diplomatiques d’harmonisation, mise en commun des politiques. Notons également que des projets ont été élaborés pour dessiner les contours de cette organisation née des frustrations causées par le larbinisme des dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Et, last but not the least, la création d’une force unifiée le 6 juillet 2024 à Niamey et mise en place afin de faciliter la coordination des opérations dans les trois espaces, l’ouverture du chantier de la Banque d’investissement des États confédérés, et la mise en circulation des documents de voyage, des stratégies de communication sur les antennes officielles, etc.
Se prononçant sur la feuille de route déclinée par les Chefs d’État, l’universitaire soutient que les trois États de l’AES sortent d’une expérience sécuritaire extrêmement difficile où les experts en géopolitique prévoyaient déjà l’apocalypse. C’est pourquoi, estime-t-il, que la défense est l’axe central autour duquel gravite la nouvelle diplomatie. Avant d’ajouter que le Mali doit imprimer sa marque de communication dans la carte diplomatique mondiale. «Cela passe par la construction d’une nouvelle posture dans la diplomatie qui forge respect et admiration. Et le Mali s’en sort bien», affirme Dr Tandjigora, ajoutant que le dernier pilier qu’est le développement, demeure le talon d’Achille des trois pays dans la mesure où ceux-ci sortent de plusieurs décennies de crise.
OFFENSIVE DES ARMÉES DE L’AES- Sur le plan sécuritaire, ce spécialiste de l’extrémisme violent dira que s’il y a un point positif qui fait l’unanimité. C’est la lutte contre le terrorisme dans le Sahel central. À l’en croire, sans être complètement anéantis, les groupes armés terroristes sont très affaiblis par l’offensive des trois armées de l’AES. «La mutualisation des efforts de combat finira par imprimer une nouvelle marque dans l’atteinte des objectifs sécuritaires», prédit l’universitaire, affirmant que des ensembles géostratégiques comme le Liptako-Gourma ont été des théâtres d’opérations mutuelles.
L’exemple du Mali est assez éloquent d’autant plus que l’on est sorti des attaques massives contre les Forces armées maliennes accompagnées de prises de camps, des crimes de masses sur les populations comme à Ogossagou et Sobane Da en mars 2019, etc. Toute chose qu’il faut lier à l’acquisition de moyens de combat par l’Armée. «Je pense que les autorités de la Transition ont vite compris que cette guerre se fera de façon frontale d’où la dotation continue de l’Armée en moyens de guerre», apprécie le professeur. Affaiblis, les groupes armés terroristes pratiquent des attaques à portée symbolique comme celles de l’aéroport, ou l’école de gendarmerie ou encore des enlèvements symboliques comme celui de El Hadj Amadou Tall à Nioro, le 26 décembre dernier.
RASSEMBLER LES MALIENS- L’expert déplore également que la symbolique permet de marquer les mémoires de façon durable. Malgré tout, l’État continue d’appeler les groupes armés à déposer les armes. Et de poursuivre que cela dénote de la volonté des pouvoirs publics de rassembler les Maliens. Y compris ceux qui sont en porte-à-faux avec la loi. L’on peut dire, développe l’enseignant, que le Mali use à la fois du bâton et de la carotte pour avancer. Cependant, on est en droit de s’interroger sur la sincérité des repentis, sur les largesses accordées selon l’esprit du DDR-I qui a enregistré environ 2.000 ex combattants en 2024, argumente Dr Fodié Tandjigora.
L’enseignant chercheur préconise : «L’État doit tirer des enseignements de tous les programmes antérieurs afin que cette opportunité accordée aux ex-combattants ne soit pas dévoyée.» Parlant des perspectives sur le plan sécuritaire, l’analyste pense qu’il faut davantage développer les relations civilo-militaires afin de mieux soutenir les efforts de sécurisation. «La sécurité doit être l’affaire de tous les citoyens, mais l’État central doit toujours garder sa prééminence historique dans ce domaine. Le développement des relations civilo-militaires nécessite du personnel spécialisé dans beaucoup de domaines : communication, économie, sociologie, et même théologie pour contribuer au désendoctrinement», fait-il observer en déclarant que nos armées ont tout à y gagner. Il suggère pour ce faire l’éducation à la sécurité dans les curricula scolaires.
Au plan politique, à moyen terme, les perspectives sont bonnes car l’AES demeure encore proche du peuple et garde toujours sa posture pragmatique, estime notre interlocuteur. Pour qui l’intention de la Confédération des États du Sahel est de doter les pays d’institutions solides, de manière à éviter les crises récurrentes. «Au même moment, la vieille classe politique sevrée du pouvoir et de ses dividendes s’agite pour un retour à l’ordre constitutionnel», fait-il remarquer. Or, relève-t-il, la démocratie nécessite des préalables.
Abordant la collaboration de l’AES avec la Fédération de Russie, Dr Tandjigora retient qu’il s’agit d’une collaboration gagnant/gagnant dans laquelle les États de l’AES expriment librement des priorités en matière de défense et de sécurité. Il note que les acquisitions d’armes et autres logistiques de guerre s’inscrivent dans le cadre de cette nouvelle collaboration. Les différents sommets organisés en Russie témoignent de la sincérité des rapports entre l’AES et la Fédération de Russie. «Cette coopération donne lieu à de nombreuses cabales médiatiques par la presse occidentale. On combat aujourd’hui le Mali pour ses choix politiques, sa posture stoïque devant des menaces qui feraient reculer plus d’un», analyse le politiste.
Les trois pays en matière de politique économique empruntent une sorte de «One Way», c’est-à-dire un chemin à sens unique qui consiste à compter sur soi. Fodié Tandjigora poursuit en disant que cette posture souverainiste a besoin de beaucoup de soutien de la part des populations. «Compter sur ses propres efforts dans l’élan de développement implique une parfaite intelligence avec les populations qui doivent accepter le sacrifice», avance l’enseignant-chercheur. Avant de dire que la crise économique relève d’un contexte global international.
À long terme, il va falloir trouver d’autres perspectives économiques pour dégraisser les économies nationales. Il urge de s’ouvrir à certains pays côtiers, car le développement soutenu pourrait définitivement changer le paradigme au Sahel.
Namory KOUYATE
Enseignant-chercheur à la faculté de droit privé de l’Université Kurukanfuga de Bamako et secrétaire général adjoint de l’Association malienne de droit pénal, Dr Boubacar Bocoum, cogite sur l’arsenal juridique que l’État a mis en place pour lutter contre la cybercriminalité.
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