
«Le chômage a anéanti mon
espoir de retrouver un travail. Pourtant depuis tout petit, j’ambitionnais
d’exercer la fonction de juge ou d’avocat. Mais depuis 7 ans, je me bats pour
trouver du travail salarié». C’est en ces termes que se lamente Alioune Dramé,
jeune diplômé en droit sans emploi. Rencontré dans un grin de jeunes en train
de prendre la boisson nationale (le thé vert de Chine), ce juriste de formation
semble avoir perdu tout espoir.
Comme lui, Mathieu Sangaré,
diplômé en lettres depuis 2015, connaît aussi les difficultés liées au chômage,
même s’il observe actuellement une période de stage dans un service de la
place. Des stages, il dit en avoir accumulés sans être embauché. Il lui arrive
même de faire des petits métiers comme l’apprenti maçon pour essayer de joindre
les deux bouts. Il s’est aussi essayé au petit commerce. Pour lui, il est clair
que vivre une telle situation impacte la position sociale. «Certains qui font
dans l’argumentation facile pensent que les diplômés sans emploi sont des fainéants.
Je voudrais juste leur dire de cesser d’avoir des œillères, parce que les
jeunes ne chôment pas faute d’essayer, mais plutôt par manque d’opportunités
d’emplois», lâche-t-il.
Le chômage est un cancer à l’échelle planétaire auquel font face tous les pays, à des degrés différents. Une idéologie soutient qu’avec une meilleure politique économique, les pays du Sud, notamment ceux en développement auraient pu résorber une bonne partie du chômage. Il leur faut, pour ce faire, développer des stratégies efficaces contre ce phénomène qui peut être à l’origine de beaucoup d’échecs et de frustrations des jeunes diplômés dans leurs entreprises sociales.
Dans le contexte malien,
l’emploi salarié est assimilé à une réussite sociale et même un épanouissement
individuel. Et l’école reste le plus sûr moyen de démocratiser cette réussite.
Mais depuis des décennies, le chômage continue de prendre des proportions inquiétantes
au point de devenir un caillou dans la chaussure des dirigeants, de la
communauté et des jeunes diplômés eux-mêmes. Car, c’est une préoccupation
unanimement partagée par tous.
Les produits de nos grandes écoles et instituts de formation, une fois qu’ils obtiennent le précieux sésame, ne savent plus à quel saint se vouer. Ainsi à la fin de leurs études, de nombreux jeunes se retrouvent sans réelles opportunités d’insertion socio-économique. Certains d’entre eux passent la journée à regarder la télé, à pérorer dans les «grins» ou à se tourner les pouces autour d’un verre de thé. Cela semble être une réalité quotidienne de nombreux jeunes diplômés sans emploi.
UN CHAT EST UN CHAT- Au Mali,
le phénomène touche les deux sexes. La gent féminine aussi en souffre, même
plus que les hommes car exposée au chantage et autres formes de harcèlement
sexuel. Pour Fatoumata Traoré qui a décroché une licence en anglais, l’accès à
l’emploi des jeunes filles est un véritable parcours du combattant. Selon elle,
certains employeurs, sans scrupules, proposent l’embauche aux jeunes filles,
mais à conditions d’accepter leurs avances.
Cette réalité rend vulnérable les
jeunes filles qui sont souvent évaluées, non pas sur ce qu’elles valent réellement,
mais plutôt sur des considérations subjectives. Et notre interlocutrice de dire
que les femmes ne doivent être jugées selon leur faciès, leur chute de rein,
leur sensibilité ou la passion que l’on peut éprouver pour leur être, mais plutôt
sur les valeurs intrinsèques.
Une ancienne Garde des Sceaux de la France, invitée
sur un plateau de télévision en tant que déléguée à l’expression républicaine
de Ségolène Royal lors d’une campagne présidentielle dans ce pays
expliquait : «L’histoire des femmes est une histoire d’oppression, qui est
fortement une histoire d’exclusion, qui est une histoire de doute sur leurs
capacités et de rejet de leurs compétences…» Et dans Le Haut-Karabakh pour se
moquer de la spécificité féminine, il y a une plaidoirie toute faite
contre : «Les femmes sont travailleuses mais les hommes ont un plus gros
cerveau.»
Sans se mouiller dans un débat
aussi sensible, disons simplement que les femmes ont bel et bien du talent et
des arguments intellectuels à faire valoir. Nombre d’entre elles ont crevé le
plafond de verre à l’échelle mondiale et au plan national par leur expertise,
leur intelligence, leur art de la gestion et du management, leur poigne, entre
autres.
Mariam Koné, aussi a obtenu
un diplôme universitaire en allemand. Elle confirme qu’évidemment les jeunes
filles sont confrontées à beaucoup d’obstacles dans la quête d’emplois. Elle préfère
appeler un chat, un chat. «On vous propose d’offrir votre corps en échange d’un
emploi. C’est une astuce dans bien de cas juste pour vous abuser. Après vous
ruminez vos remords à vie», explique celle qui demande simplement beaucoup plus
de respect pour les femmes.
Assitan Diallo, spécialiste
en droit privé de son état, partage à mille pour cent cette analyse. Celle qui
est dans le chômage depuis 2014 dit passer son temps à postuler aux offres
d’emplois qui correspondent à son profil de formation. Pour elle, il y a un
problème. L’État, censé être le premier employeur des jeunes diplômés, limite
ses offres. Le secteur privé aussi malheureusement ne peut absorber seul le
flux de diplômés déversés sur le marché de l’emploi depuis des années et des
années.
Mohamed Cissé, juriste de
formation, lui aussi compte les sauts de la puce à la maison. Pour lui, la
problématique de l’emploi des jeunes constitue un véritable boulet que nous traînerons
pendant longtemps dans notre pays. Et de dire qu’il n’est pas admissible de ne
pas agir pour inverser le cours des choses et éviter que l’avenir de la
jeunesse ne s’écrive en pointillé.
Dr Fodié Tandjigora, sociologue, justifie le chômage des jeunes diplômés par plusieurs facteurs. Il évoque l’inadéquation entre formation et l’emploi, et la tendance des jeunes à opter pour les filières universitaires au lieu parfois d’une formation professionnelle où ils peuvent être à titre d’exemple des ouvriers qualifiés, des techniciens d’agriculture et autres avec une chance d’employabilité plus élevée. À le croire, la solution du fléau qui préoccupe la communauté passe aussi par la réforme de notre système de formation. L’État doit faire une analyse situationnelle plus poussée du marché de l’emploi et concevoir les filières conformes à l’Université.
LA VÉRITÉ DES CHIFFRES- Malgré
le taux élevé de chômage des jeunes, l’État, à travers ses structures comme
l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et l’Agence pour la promotion de
l’emploi des jeunes (APEJ), apporte un bol d’air aux jeunes diplômés. Cet
effort semble peu par rapport à l’immense besoin. Le chef de la Cellule de
l’information et de la communication de l’APEJ, Casimir Sangala, explique que
sa structure a été créée par la loi N° 03-31 AN/RM du 25 aout 2003, modifiée
par la loi n°2014-068/AN-RM du 31 décembre 2014.
Établissement public à caractère
administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière,
elle est placée sous la tutelle du ministre en charge de l’Emploi. L’APEJ,
fait-il remarquer, vise à contribuer au développement économique et social du
pays à travers la mise en œuvre de la Politique nationale de la formation
professionnelle en offrant aux jeunes maliens, âgés de 15 à 40 ans, des
opportunités d’emplois dans les différents secteurs d’activité économique à
travers l’emploi salarié ou l’auto-emploi. Et de préciser que sa mission est
aussi de concourir à la création d’emplois pour les jeunes en milieu rural et
urbain, diplômés ou non, notamment en facilitant l’accès au marché du travail
et au crédit.
Le groupe cible de l’APEJ est
constitué de jeunes de la tranche d’âge susmentionnée, y compris ceux de la
diaspora. Selon lui, sur la période de référence de 2004 à 2021, les
interventions de l’APEJ ont touché directement 204.252 jeunes. Dans la
composante 1 intitulée : «Renforcement de l’employabilité des jeunes» de
l’Agence, 50.736 jeunes diplômés ont été placés en stage de formation
professionnelle dans les services publics, 12.329 autres ont bénéficié de stage
de qualification dans les entreprises privées et ONG. Il faut aussi retenir que
2.835 jeunes non scolarisés ont été formés en apprentissage dans les métiers.
Casimir Sangala ajoute que les stages de l’APEJ ont démontré leur efficacité parce qu’une récente étude d’évaluation menée par l’Observation nationale de l’emploi et de la formation (Onef) a fait ressortir que 19.736 jeunes, soit 73,60% des stagiaires ont obtenu un emploi et 3,10% un programme supplémentaire de formation.
Au-delà de ces statistiques qui peuvent soulager, se cache la dure réalité d’un phénomène qui interpelle la conscience collective. Il faut sortir d’une démarche de constat et panser la plaie. Sinon c’est une «bombe» qui nous explosera à la face un jour.
Amsatou Oumou TRAORE
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