Protection des œuvres artisanales : Une négligence coupable ?

Beaucoup d’artisans sont victimes de la reproduction frauduleuse de leurs œuvres. Selon certains spécialistes, la meilleure solution pour sécuriser leurs créations en ligne consiste à ajouter des filigranes et des métadonnées aux images avant publication

Publié mercredi 05 mars 2025 à 07:52
Protection des œuvres artisanales : Une négligence coupable ?

Le plagiat est le quotidien de certains artisans maliens surtout avec le digital

 

 

«Ils ont reproduit mes créations», «Ils ont volé mes œuvres», «Mes clients se font arnaquer par des gens qui publient mes articles sur d’autres supports», ce sont, entre autres, des plaintes qui reviennent très souvent dans le monde artisanal. En effet, les œuvres artisanales sont le fruit d'un savoir-faire unique et imprégné de traditions culturelles. Cependant, elles sont souvent exposées à des risques de contrefaçon, de reproduction non autorisée ou d’exploitation commerciale sans consentement. Face à ces défis, la protection juridique des œuvres artisanales devient essentielle pour préserver les droits des artisans et encourager la créativité.

Lors de notre reportage sur la vente en ligne des produits artisanaux, des artisans ont reconnu des problèmes de vol, d’arnaques et de reproduction de leurs œuvres. Selon la promotrice de la marque «Anw Dambé», Oumou Yanogué, le plagiat est le quotidien des artisans maliens surtout avec le digital. Bien que chacun cherche à valoriser le secteur, nombre d’artisans estiment que le respect de la propriété intellectuelle est essentiel. En ajoutant sa touche personnelle, l’artisan crée la différence. Toutefois, les plagiats ne tarissent pas.

La promotrice de la marque «Anw Dambé» crée une variété de couleurs avec le bogolan pour répondre aux besoins de sa clientèle. Cela en vaut de même avec les boucles d’oreilles, les kimonos et les sacs en bogolan que la jeune créatrice propose. «Je passe des nuits blanches à réfléchir pour créer ce qui n’existe pas. Mes articles sont les purs produits de ma réflexion. Ça fait mal de les voir reproduits», regrette l’artisane. Comme Oumou Yanogué, Alou Badra Gnimenou, bijoutier et secrétaire général de la Maison des artisans de Bamako souligne le même problème de reproduction des créations. Selon ses explications, il retrouve souvent des copies de ses œuvres dans d’autres pays. 

 

PROTECTION VIRTUELLE- Même si le plagiat des œuvres artisanales est une réalité, il convient de noter qu’il existe des moyens de les protéger virtuellement et physiquement. Selon Madi Diakité, développeur web mobile et expert en Intelligence artificielle (IA), la meilleure solution pour sécuriser les œuvres exposées en ligne consiste à ajouter des filigranes et des métadonnées aux images avant leur publication. Le filigrane, précise-t-il, empêche la copie en marquant l’image avec un logo ou un texte. Quant aux métadonnées, elles enregistrent des informations cachées comme le nom, le droit d’auteur et les droits d’utilisation pour prouver la propriété.

«Sans ces protections, toute personne ayant accès à l’image peut la reproduire et l’utiliser sans autorisation. Par contre, un artisan qui publie ses œuvres avec le filigrane ou les métadonnées peut facilement revendiquer la paternité de sa création», explique le spécialiste. Kandji Diakité, directeur général de Code house (une entreprise de développement de sites web), précise, pour sa part, que tout l’écosystème numérique et plus précisément les plateformes de vente sont protégées dans la mesure du possible. Selon lui, avec toutes les possibilités de protection qui existent, il est aujourd’hui difficile de se faire arnaquer.


Pour les ventes en ligne, les artisans sont protégés par des institutions comme le Centre malien de promotion de la propriété industrielle (Cemapi). Cette protection valorise la propriété intellectuelle et encourage le savoir-faire. Selon Almouctar Baba Kounta, chef du département dépôt et enregistrement des titres de propriété industrielle du Cemapi, l’industrie commence par l’artisanat. Ainsi, dès leur création, les artisans jouissent de la théorie d’unification de l’art de l’accord de Bangui qui protège leurs œuvres.

«Pour se protéger, il faut s’identifier à 80.000 Fcfa pour protéger le caractère apparent de l’œuvre. Tous les dispositifs sont en place pour le faire, mais les gens négligent la démarche», souligne-t-il. Avant de faire comprendre qu’au niveau de son centre, les dessins sont protégés pour une période de 5 ans renouvelable deux fois. En ce qui concerne le droit d’auteur, il y a des textes qui stipulent que les œuvres sont protégés 50 ou 75 ans après la mort du créateur.

Parlant de droit d’auteur, Mme Diallo Aïda Koné, directrice générale du Bureau malien du droit d’auteurs (Bumda) précise que la protection des œuvres des artisans ne relève pas de son bureau. «La protection dépend d’un certain nombre de critère dont l’originalité. Cela fait bien longtemps que nous incitons les artisans à se protéger, mais rien n’a été fait jusque-là», affirme-t-elle. Néanmoins, sur le plan esthétique, la directrice affirme que le Bumda protège les couturières en collaboration avec le Cemapi.

 

Siguéta Salimata DEMBÉLÉ

Rédaction Lessor

Lire aussi : Consécration d’Aminata Djibo : Et de trois pour son article sur la fistule obstétricale !

L’Essor a marqué l’actualité médiatique de la semaine dernière en réalisant un triplé inédit de distinctions pour le même article de notre collègue de la rédaction, Aminata Djibo, intitulé : «Fistule obstétricale : quand donner la vie vire au cauchemar». Cette performance témoigne.

Lire aussi : Université Kurukanfuga de Bamako : La régularisation complète de l’année académique programmée pour mars 2026

La 15è session ordinaire du Conseil d’administration de l’Université Kurukanfuga de Bamako (UKB) s’est tenue, hier dans la salle de conférences de l’établissement. Présidée par la présidente du conseil d’université, Mme Diarra Fatoumata Dembélé, la réunion s’est déroulée en .

Lire aussi : L’ISFMI : La promotion Harouna Niang versée sur le marché de l’emploi

L’Institut Simon finance et management international (ISFMI) a organisé, jeudi dernier dans un hôtel de la place, une cérémonie de remise de diplômes aux 211 étudiants en Licence et Master de la promotion baptisée Harouna Niang, économiste et ancien ministre de l’Industrie, du Commerce e.

Lire aussi : Onef : Le budget 2026 en hausse de 0,11%

Le directeur général de l’Onef, Boubacar Diallo et la représentante de la ministre chargée de l’Emploi, Mme Dicko Fatoumata Abdourhamane.

Lire aussi : Établissement de santé : L’anaes développe un plan d’actions anti-corruption

L’Agence nationale d’évaluation et d’accréditation des établissements de santé (Anaes) a développé un plan d’actions contre les risques de corruption au sein d’un établissement de santé. L’étude sur le développement de ce plan et sur l’évaluation et la cartographie des risqu.

Lire aussi : Orange Mali : Leyti N'Diaye prend les commandes

Pour le nouveau directeur général, la priorité reste la satisfaction des clients, leur offrir des réseaux toujours plus performants et accessibles partout sur le territoire national.

Les articles de l'auteur

Maroc : Flambée des prix dans les cafés

Le lancement des premières rencontres de la Coupe d’Afrique des nations a remis sur le devant de la scène la question des tarifs pratiqués dans les cafés et restaurants au Maroc..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 24 décembre 2025 à 09:17

L’ISFMI : La promotion Harouna Niang versée sur le marché de l’emploi

L’Institut Simon finance et management international (ISFMI) a organisé, jeudi dernier dans un hôtel de la place, une cérémonie de remise de diplômes aux 211 étudiants en Licence et Master de la promotion baptisée Harouna Niang, économiste et ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Promotion des Investissements..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 24 décembre 2025 à 08:55

Autisme : Une caravane de sensibilisation lancée à Bamako

L’Association autisme Mali et la Fondation de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) ont lancé, vendredi dernier au mémorial Modibo Keïta, la caravane de sensibilisation sur l’autisme dans le District de Bamako..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 24 décembre 2025 à 08:45

Rencontres avec les communautés

En Marge des travaux, les Présidents Tiani et Traoré ont rencontré les communautés nigérienne et burkinabè vivant au Mali pour recueillir leurs préoccupations et partager avec elles les nouvelles du pays..

Par Rédaction Lessor


Publié mercredi 24 décembre 2025 à 08:39

CAN 2025 : Mali-Zambie 1-1, un nul frustrant pour les Aigles

La sélection nationale a quelque peu raté son entrée en matière, en concédant le nul 1-1 face à la Zambie dans une rencontre qu’elle a dominée de bout en bout. Lassine Sinayoko a marqué pour le Mali à la 62è minute avant de voir Patson Daka remettre les pendules à l’heure pour son pays dans le temps additionnel.

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 23 décembre 2025 à 08:55

Théâtre : De jeunes enfants initiés à l’écriture de pièces

L’Association culturelle Côté cour a restitué, le week-end dernier à son siège à Djikoroni Para, les résultats de la phase pilote du projet «Éclat de plume-jeune public»..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 23 décembre 2025 à 08:26

Force Unifiée de l’AES : L’esprit de la défense collective en marche, le commandement en place

Depuis septembre 2023, suite à la création de l’Alliance des états du Sahel, érigée un an plus tard en Confédération, les Forces de défense et de sécurité du Burkina Faso, du Mali et du Niger mènent des opérations synchronisées et coordonnées, des opérations parfois tripartites comme Yéroko 1 et 2 qui se sont déroulées entre 2024 et 2025,.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 22 décembre 2025 à 09:33

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner