
À chaque citation à haute voix d’un chef d’État ou d’une délégation, le public présent exprime son ressenti par des acclamations ou des huées, une forme spontanée de vote d’estime. Dans cet exercice, les délégations des États de la Confédération AES figurent régulièrement parmi les plus ovationnées. Ce fut encore le cas samedi dernier, lors de l’investiture du nouveau président gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema.
La mention de la présence du Président de l’Assemblée législative du Burkina Faso, Dr Ousmane Bougouma, représentant le Capitaine Ibrahim Traoré, président du Faso, ainsi que celle d’Abdoulaye Diop, chef de la diplomatie malienne, représentant le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta (même absent, car n’ayant pas pu faire le déplacement), a déclenché des applaudissements nourris dans les travées du stade.
À l’inverse, le représentant du Chef de l’État français a essuyé des huées, ce qui est surprenant dans un pays historiquement ancré dans le pré carré français. Libreville n’était pas une première. Presque un an plus tôt, à Dakar, lors de l’investiture du Président sénégalais, les délégations malienne, burkinabè, nigérienne et guinéenne-toutes issues de pays en transition-avaient également été chaleureusement acclamées. À Dakar comme à Libreville, les citoyens en quête d’une Afrique libre et souveraine montrent qu’ils suivent avec attention les évolutions politiques au Sahel et considèrent ces nations comme des acteurs clés d’un renouveau africain.
C’est aussi un message adressé aux autres dirigeants du continent pour les inciter à s’inscrire dans cette dynamique de reconquête de souveraineté. Nos concitoyens africains, aux quatre coins du continent, observent de près ce qui se joue dans l’AES, car leurs espoirs et leurs aspirations résonnent avec ce processus de transformation. Le combat pour la liberté et la souveraineté africaine, mené aujourd’hui dans l’espace sahélien, rappelle les grandes luttes des indépendances.
Il évoque les actions pionnières de figures telles que Dr N’Kwame Nkrumah au Ghana et Sékou Touré en Guinée, qui ont tracé la voie de l’émancipation des États subsahariens après la Seconde Guerre mondiale. Cela nous amène à partager une réflexion du grand panafricain, l’historien Joseph Ki Zerbo, dans une tribune prémonitoire publiée le 26 mars 1962 dans L’Essor Hebdomadaire : «L’élite africaine d’après la guerre a donc brusquement pris conscience de cette humiliation qui atteignait le Noir en tant que race. Elle rompit l’étouffement et le mépris où l’on voulait enfermer sa personnalité, en clamant au contraire cette personnalité, en l’affirmant hautement, en la revendiquant avec défi».
C’est bien cette «personnalité africaine» qui tente de s’affirmer aujourd’hui, portée par les peuples de l’AES et leurs dirigeants, mais aussi par ceux des nations qui investissent leurs nouveaux chefs d’État. Comme l’écrivait Ki Zerbo pour ses contemporains des indépendances, la nouvelle génération africaine rompt aujourd’hui les chaînes d’un néolibéralisme sauvage, héritier des ajustements structurels et des politiques de Bretton Woods, d’une démocratie à deux vitesses et d’un terrorisme nourri par des acteurs aux motivations masquées. Il s’agit pour l’Afrique-comme le proclamait Ki Zerbo-d’engager un combat pour la personnalité africaine, un combat qui renaît aujourd’hui avec une vigueur nouvelle.
L’actualité l’illustre autant à Libreville que dans la diaspora africaine au-delà du continent. La récente mobilisation de la communauté afro-américaine en soutien au Capitaine Ibrahim Traoré, après des accusations formulées par un haut responsable militaire américain, en est un témoignage frappant. Début avril 2025, lors d’une séance publique de la commission sénatoriale américaine sur les Forces armées, le Général Michael Langley, commandant de l’US Africom, a accusé le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré, d’utiliser les réserves d’or du Burkina à des fins de protection personnelle, au détriment du bien-être de son peuple.
Cette déclaration a immédiatement suscité une vague de solidarité à travers l’AES et au sein de la diaspora africaine. Ce type de discours, qui laisse entrevoir des tentatives de déstabilisation, n’échappe pas aux peuples conscients des enjeux et des menaces qui pèsent sur leur souveraineté.
Le 30 avril, une mobilisation massive à Ouagadougou est venue réaffirmer la détermination populaire à soutenir le Capitaine Traoré et l’AES face aux ingérences extérieures. De Bamako à Ouaga, en passant par Niamey, l’engagement des citoyens constitue un rempart contre les tentatives de déstabilisation.
Le renouveau africain est en marche, et les actions des États de l’AES continueront de résonner à l’applaudimètre du continent. Comme lors des indépendances, ce mouvement ne se limite pas aux frontières sahéliennes mais irrigue toute l’Afrique. Et pour terminer, revenons aux mots prémonitoires de Joseph Ki Zerbo : « La personnalité africaine va-t-elle donc se perdre dans les sables comme un grand fleuve dans un désert trop grand ? Cela est possible, mais ce serait compter sans la capacité de résistance des civilisations développées en Afrique, qui ont parfois prouvé, dans le domaine de la religion et des arts, une vitalité dont la veine est bien loin d’être tarie».
Cette vitalité africaine est aujourd’hui à l’œuvre dans l’espace confédéral de l’AES, s’abreuvant aux sources profondes des anciennes civilisations. Elle rappelle à l’ennemi, qu’il soit extérieur ou intérieur, que l’Afrique, berceau de l’humanité, se prépare à être le tombeau du néocolonialisme et de l’impérialisme.
Alassane Souleymane
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