Un groupe de déplacés causent chez Mme Konaté Mala Korobara, au quartier Médine
La crise
multidimensionnelle que vit notre pays depuis 2012 a provoqué le déplacement de
nombreuses populations. Ainsi, nombre de déplacés internes ont trouvé refuge
dans la Cité verte du Kénédougou. Connus pour leur hospitalité légendaire, les
Sikassois ont accueilli à bras ouverts ces compatriotes en situation de
détresse.
Au nombre
d’environ 1.500 personnes, ces déplacés internes (Peulhs, Dogons, Mossis, etc.)
vivent en parfaite communion avec la population de la ville de Tiéba et Babemba
Traoré. On les rencontre notamment dans le marché à bétail de Médine et dans
les quartiers de Sirakoro, Médine, Attbougou, Lamine Bambala, Hamdallaye,
Ziembougou et Babembabougou.
Ce mercredi
21 août, nous sommes dans l’un des fiefs des déplacés internes de Sikasso. Il
s’agit du quartier Médine. La montre de la veuve, Mme Konaté Mala Korobara,
affiche 15 h. Au beau milieu de sa cours, un groupe de personnes causent au
tour du thé et profitent de la tranquillité. Ici, on sent tout simplement le
bonheur du vivre ensemble.
Mala
Korobara est la présidente de la Coordination des associations des victimes de
Sikasso, Loulouni, Kadiolo et Zégoua. C’est également elle qui s’occupe
volontairement de l’accueil d’un grand nombre de déplacés de la région. Quand
les déplacés n’ont pas d’occupation, ils se retrouvent fréquemment chez elle
pour discuter avec quelques voisins du quartier.
Depuis près
de 5 ans, Mala Korobara reçoit et accompagne les déplacés avec l’appui des
autorités régionales. «En 2019, j’ai reçu 85 déplacés de Bankass et de Wankoro
(Bandiagara).Très paniqués et visiblement désemparés, nombres d’entre eux ne
possédaient que les habits qu’ils portaient. Des enfants à moitié nus…»,
rappelle-t-elle. Elle souligne l’appui multiforme, l’hospitalité et l’esprit du
vivre ensemble des Sikassois.
Mala
Korobara salue aussi les efforts de l’ensemble des autorités régionales ainsi
que des organisations non gouvernementales (ONG) opérant dans l’humanitaire
pour leur soutien. «Grâce à leur engagement, l’éducation des enfants des
personnes déplacées est assurée», confie-t-elle. De nos jours, elle s’occupe de
près de 120 déplacés internes à Sikasso.
«Nous vivons en parfaite harmonie avec les Sikassois.
De notre arrivée à
nos jours, la population ne nous a jamais marginalisés. Nous nous sommes bien
intégrés», confie Bintou Konaté, visiblement satisfaite. Elle vient de Wankoro
(Bandiagara). Adama Konaté est également venu de Bandiagara. Il partage le
point de vue de Bintou. «À Sikasso, nous sommes chez nous», dit-il. Néanmoins,
il sollicite l’appui des autorités pour trouver de l’emploi pour les jeunes
déplacés internes et prolonger le délai de leur prise en charge sanitaire
INTÉGRATION
SOCIO-ÉCONOMIQUE- En attendant, les autorités régionales multiplient les
initiatives visant à créer des activités génératrices de revenus au profit de
ces compatriotes rendus vulnérables. «Les déplacés sont des Maliens à part
entière. Ils ont tout simplement changé de résidence par contrainte. Ils ne
peuvent pas habiter là où ils veulent compte tenu de certaines circonstances.
Le Mali est vaste, les déplacés internes sont les bienvenus partout où ils
vont», explique le secrétaire général de la mairie de la Commune urbaine de
Sikasso, Koué Dioma.
Selon lui,
à l’arrivée des déplacés internes, la mairie, à travers un appui de 400
millions de Fcfa de la Coopération suisse, a assuré les besoins urgents des
déplacés dont la nourriture et les soins de santé. Tout dernièrement, le même
partenaire a offert 80 millions de Fcfa aux déplacés internes. Ainsi, chaque
chef de ménage a reçu un transfert monétaire par cash. La mairie a non
seulement cherché des pièces d’identités pour leurs enfants mais elle a aussi
assuré leur prise en charge sanitaire au niveau des Centres de santé
communautaires (Cscom) de Médine et de Bougoula Hameau.
En termes
d’intégration socio-économique, Koué Dioma informe que la mairie procédera, ce
lundi 26 août, à la formation de 150 déplacés internes à Sikasso. La
répartition sera faite comme suit : 50 personnes seront formées sur
l’embouche-bovine, 50 autres personnes sur l’élevage des petits ruminants et 50
femmes sur la transformation des oignons.
À la fin de la formation d’une
semaine, chaque participant recevra des équipements. Les participants de la
section embouche-bovine recevront chacun un bœuf et des équipements, ceux de
l’élevage des petits ruminants recevront un animal ainsi que des équipements et
ceux de la section transformation de l’oignons bénéficieront de matériels de
transformation. Ces animaux et équipements constituent des fonds de démarrage
non remboursables.
Le
secrétaire général de la mairie de la Commune urbaine de Sikasso assure que sa
structure poursuivra la recherche de financement pour assurer la bonne
intégration économique et sociale des déplacés internes. Et de saisir
l’occasion pour remercier la population de Sikasso pour son hospitalité et son
humanité, avant de l’encourager à persévérer dans cette dynamique.
C’est le service local du développement social qui s’occupe de l’enregistrement des déplacés internes, évalue leurs besoins et fait remonter ces informations au niveau régional. «Les déplacés internes se sont bien intégrés à la population de Sikasso», affirme le chargé de l’économie solidaire du service local du développement social, Issa Traoré.
Le Mali est
un et indivisible. Il demeure une terre d’hospitalité. C’est dire que le Malien
se sent chez lui partout où il va sur l’ensemble du territoire.
Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso
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