Consommation de stupéfiants : Une triste réalité à sikasso

La drogue est en train de faire des dégâts parmi les jeunes de la région.

Publié mercredi 02 février 2022 à 07:12
Consommation de stupéfiants : Une triste réalité à sikasso

Les autorités chargées de la répression sont mobilisées pour combattre le fléau.  À Sikasso comme dans les autres zones frontalières, la consommation des stupéfiants est une triste réalité. Des jeunes de 14 à 20 ans s’adonnent à la pratique qui contribue à les déshumaniser en un laps de temps. Notre équipe de reportage a approché les acteurs du secteur pour avoir d’amples informations.

Âgé d’une vingtaine d’années, Youssouf Togo réside au quartier Mamassoni. Ce jeune garçon a abandonné l’école en 8è année quand il a commencé à consommer les stupéfiants. Il a été amené deux fois chez les médecins psychiatriques après avoir piqué une crise de folie. «Chaque fois qu’il est guéri et qu’il revient à la maison, il reprend la consommation des stupéfiants avec ses amis», confie un membre de la famille Togo qui a requis l’anonymat.

Le cas du jumeau Lassine Koné est encore pire. Résidant à Wayerma II, il est très dépendant de la consommation des stupéfiants. Il passe toute la journée à déambuler dans les quartiers et tente parfois d’agresser les passants. La situation économique de sa famille fait que Lassine n’arrive pas à suivre les soins appropriés. C’est aussi le cas de Hamidou Diarra qui, malgré la drogue, était brillant à l’école. Selon ses anciens camarades de classe, sa situation s’est aggravée quand  il est venu à Bamako pour poursuivre les études universitaires. À cause de la drogue, il a abandonné les études. De retour à Sikasso, Hamidou s’est fait consulter par un spécialiste de la santé mentale. Grâce aux traitements,  il est devenu calme.

Le médecin colonel Nayara Sanou est spécialiste de santé mentale à Sikasso. Selon lui, il existe bel et bien un lien entre la santé mentale et la consommation des stupéfiants. À ce propos, il souligne que nombre de ses patients consomment du cannabis. Or, poursuit-il, cette drogue contient du tétrahydrocannabinol qui crée les troubles de comportement chez la personne. «Le consommateur se croit à l’aise. Il a l’insomnie. Il ne craint rien et il vaque à ses occupations», explique le Dr Sanou. 

En outre, le spécialiste indique que sur 10 consultations dans la semaine, il peut recevoir deux toxicomanes. De septembre 2020 à août 2021, le Dr Sanou dit avoir reçu 69 à 80 toxicomanes. En termes de traitements, le médecin colonel procède très souvent de la chimiothérapie et de la psychothérapie permettant d’empêcher le malade de fréquenter les lieux de vente de la drogue. Par ailleurs, le spécialiste en santé mentale invite les médias à informer les populations sur les méfaits de la consommation des stupéfiants. Toute chose qui permettrait, selon lui, de réduire le nombre de consommateurs.  

4,5 tonnes- «De novembre 2020 à août 2021, l’Office central des stupéfiants (OCS) de Sikasso a saisi plus d’une tonne de cannabis ou chanvre indien, dix comprimés de diazépam, plus de 277 grammes de produits pharmaceutiques contrefaits et 133 comprimés de Tramadol», révèle le commandant de l’Antenne régionale de l’OCS, le chef d’escadron Moumini Bengaly. Il estime que la saisie des stupéfiants est en régression dans la Région.

Au cours des années 2018 et 2019, l’OCS a respectivement incinéré plus de 4,5 tonnes de chanvre indien ; 1,5 kg de graine de cannabis et plus de 6.500 comprimés de Tramadol. En 2019, la structure a incinéré 7,8 grammes de cocaïne, 12 grammes de crack, 1 gramme de off, plus de 245 kg de cannabis, 389 boules de cannabis, 1,5 kg de graine de cannabis et plus de 300 comprimés de Tramadol. «Sikasso est une zone carrefour car c’est le point de rencontre des Burkinabés, des Ivoiriens et des Guinéens. C’est cela qui facilite l’entrée des stupéfiants», explique-t-il, précisant que parmi les pays limitrophes, c’est le Burkina Faso qui importe la plus grande quantité de stupéfiants au Mali. 

S’exprimant sur les types de stupéfiants consommés à Sikasso, Moumini Bengaly cite le Tramadol car il coûte moins cher. Un comprimé de Tramadol est cédé à 25 ou 50 Fcfa par les revendeurs. En plus du Tramadol, il y a aussi le cannabis qui est très consommé à Sikasso, selon le chef d’escadron Bengaly.  Pour lui, les trafiquants de drogue dissimulent leurs marchandises dans plusieurs parties du véhicule : pneu, volant, tableau de bord et  feux rouges. D’autres se servent des poupées, des boîtes de sardine, des mannequins (en plastique) ou des marionnettes.  

Pour bannir le trafic de stupéfiants dans la Région, le chef de l’OCS de Sikasso pense qu’il faut mettre l’accent sur le renseignement. Pour cela, il demande la collaboration des populations. «Au cours de l’année 2020, nous avons effectué 50 voyages et interpellé 69 dealers, dont 3 Nigérians, 3 Burkinabés, 3 Guinéens et 60 Maliens. De novembre 2020 à ce jour, nous avons effectué 16 voyages et interpellé 18 individus, dont 1 Burkinabé, 1 Ivoirien, 1 Nigérian et 15 Maliens», relève-t-il.

Le procureur près le Tribunal de Sikasso, Maky Sidibé, rappelle que la consommation des stupéfiants est interdite par l’article 99 de la loi n°01-078 du 18 juillet 2001 portant sur le contrôle des drogues et précurseurs interdits. Selon le magistrat, la juridiction de Sikasso a enregistré l’année dernière 44 détenus pour consommation et détention de stupéfiants.

Mariam F. DIABATÉ
Amap-Sikasso

Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso

Lire aussi : Kangaba : Vers l’installation d’une deuxième grande mine industrielle

La Société minière AGG après plusieurs années de recherche sur son permis (Projet Kobada), s’est essoufflée après l’obtention du permis environnemental et du permis d’exploitation. Pour ne pas tout perdre, elle a passé le permis à la Société minière australienne : «Toubani Resourc.

Lire aussi : Performance des systèmes d’information éducatifs : Le ministre de l’éducation et l’apdp scellent un partenariat

À l’instar des autres secteurs, le monde éducatif malien connaît aussi une profonde transformation et mutation numériques. La gestion des élèves, des enseignants, des examens, mais aussi des affectations et des ressources pédagogiques s’effectuent de plus en plus en s’appuyant sur des s.

Lire aussi : Spéculation sur les produits pétroliers : Un terreau favorable pour les criminels

Qu’est-ce que la spéculation ? Comment cette pratique est-t-elle traitée par la législation en vigueur ? Comment est protégé le consommateur face à ce genre de situation ? Quelles sont les actions entreprises par le gouvernement dans ce sens ? Voilà autant de questions auxquelles Dr Boubaca.

Lire aussi : Mois de la solidarité à Kayes : Les attentes comblées

Les populations ont fait parler leur cœur à travers des dons aux nécessiteux durant la 30è édition du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion.

Lire aussi : SamonaM : une étape importante dans le processus de modernisation du système financier malien

La 1ère édition a été marquée par des expositions des banques et Fintechs, des panels et ateliers.

Lire aussi : Crise de carburant : La situation à l’intérieur du pays

De Koulikoro à Tenenkou en passant par Kolondiéba, San, Ségou, Bla, Bafoulabé, Diéma, Nioro du Sahel et Youwarou, nous avons fait le constat de la crise des hydrocarbures à laquelle les populations sont confrontées en ce moment. Le prix du précieux liquide varie d’une localité à une autr.

Les articles de l'auteur

Sikasso : Gestion de la crise des hydrocarbures, la gouverneure informe et sensibilise les populations

La gouverneure Mme Kanté Marie Claire Dembélé a informé et sensibilisé les populations de la Région de Sikasso sur la gestion de la crise des hydrocarbures en initiant une grande rencontre jeudi dernier au gouvernorat..

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié lundi 03 novembre 2025 à 11:02

Sikasso : Campagne spéciale de vaccination et de marquage contre la peste des petits ruminants

D’une durée de 3 mois, elle permettra de vacciner 20 millions de têtes de petits ruminants contre la peste dans la région.

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié lundi 20 octobre 2025 à 12:35

Sikasso : Le ministre Daffé préside les journées nationales du patrimoine culturel

L’événement a été marqué par une conférence qui a débattu de la thématique : «Place et rôle du Maaya et du Danbé dans la formation et l’éducation du Maliden kura».

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié mardi 14 octobre 2025 à 08:46

Sikasso : Déjà dans l’ambiance du Festival triangle du balafon

La cité verte du Kénédougou s’apprête à abriter la 9è édition du Festival international triangle du balafon du 9 au 11 octobre prochain. Le grand rendez-vous culturel mettra en compétition le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée. Le Niger sera le pays invité d’honneur..

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié mercredi 08 octobre 2025 à 13:07

Sikasso : La biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025 en ligne de mire

La phase régionale vient d’être bouclée. Elle a été remportée par le Cercle de Sikasso. Les Cercles de Kléla et de Nièna ont été classés respectivement deuxième et troisième.

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié mercredi 01 octobre 2025 à 08:48

Sikasso : Le PNEV présenté à la population Une vue du présidium

Le conseiller aux affaires économiques et financières de la gouverneure de Sikasso Ibrahim Mahamane a présidé, mercredi dernier au gouvernorat, la session de vulgarisation du Programme national d’éducation aux valeurs (PNEV)..

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié vendredi 26 septembre 2025 à 07:41

Sikasso : Le cœur à la fête

La Région de Sikasso a célébré le 65è anniversaire de l’indépendance de notre pays. Les festivités se sont déroulées au camp militaire Tièba Traoré, sous la présidence de gouverneure de la région, Mme Kanté Marie Claire Dembélé..

Par Mariam DIABATE / AMAP - Sikasso


Publié mercredi 24 septembre 2025 à 08:07

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner