
Coïncidence ou hasard du calendrier, qu’est-ce
qui explique ces visites? Pourquoi autant de convergences des puissances
occidentales vers le Niger ? Les autorités maliennes doivent-elles s’en
inquiéter ? Voilà autant de questions sur lesquelles, Dr Aly Tounkara, expert défense
et sécurité au Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S),
promène son regard analytique
Le chercheur soutient que le ballet
diplomatique à Niamey ces derniers temps pourrait s’expliquer par une sorte de
réorientation des efforts des pays occidentaux vers le Niger. Les pays
occidentaux conçoivent le Niger comme une sorte de substitut du Mali à partir
de trois éléments fondamentaux.
Le premier élément dont le spécialiste fait cas
est qu’en réorientant ainsi leurs diplomatie et politique vers le Niger, les
pays occidentaux espèrent non seulement contrer la poussée de l’influence russe
dans le Sahel et dans le même temps, gêner d’autres puissances montantes comme
la Turquie, l’Iran qui sont très présentes dans le Sahel et le Niger en
particulier.
Le deuxième aspect qu’il évoque est qu’à travers ces nombreuses
visites à Niamey, les chancelleries occidentales chercheraient, au nom de la
lutte contre le terrorisme, à prouver leur bonne foi au Niger et aux pays sahéliens,
leur dire qu’ils sont prêts à les soutenir dans l’effort de guerre et disposés à
les équiper.
« Ce qu’il faut comprendre dans cette volonté manifeste des
pays occidentaux à venir en aide de façon poussée à ceux du Sahel dans leur
lutte contre le terrorisme, c’est de leur prouver que s’il s’agit d’équipements,
de conseillers militaires, de formation, ils ont plus de capacités que la
Russie. Et ils sont prêts à faire autant et même plus que la Russie », analyse
Dr Tounkara, ajoutant que c’est une façon de casser l’influence russe qui est
très montante.
Pour le chercheur, l’influence russe trouve
toute sa légitimité dans le fait que la Russie est beaucoup dans la fourniture
d’équipements, dans la mise à disposition de conseillers militaires qui
assurent des formations de pointe aux armées sahéliennes. « Donc, ce sont
des solutions de rechange que proposeraient ces visites occidentales dans la
capitale nigérienne », insiste le directeur du CE3S.
Le dernier élément qu’il souligne est que l’Union européenne s’apprête à offrir une nouvelle directive au Niger qui lui permettrait dorénavant de livrer à partir de Niamey, des armes létales aux pays africains qui en demanderaient. Ainsi, le Niger va être perçu comme une sorte de carrefour pour ces pays occidentaux en termes de propositions d’offre et de demande de sécurité y compris les équipements, les questions de formation militaire.
DOSSIER MALIEN- Aly Tounkara dira que cette ruée
des pays occidentaux est perçue comme une bonne chose pour les autorités nigériennes.
Le chercheur pense que cette situation pourrait être inquiétante au regard des
voix discordantes au sein de l’armée et d’un certain nombre d’acteurs
politiques. Mais pour le pouvoir en place, ces frustrations sont seulement
urbaines et n’ont pas gagné le monde rural nigérien. Et par ricochet, elles
pourraient être maîtrisées et avoir des solutions lorsque les pays occidentaux
vont investir davantage au Niger.
Il rappelle à cet effet les différentes
annonces faites par les états-Unis en termes d’aide au-delà de l’aspect sécuritaire
notamment dans le sens du développement durable, de la création d’emplois pour
les jeunes nigériens. D’après Dr Tounkara, le pouvoir nigérien est convaincu que
ces contestations urbaines peuvent être circonscrites pourvu que l’aide promise
par les pays occidentaux soit à la hauteur et disponible au moment opportun.
L’universitaire soutient que le dossier malien
a été mis en évidence à coup sûr lors des différentes visites à Niamey. D’où
les inquiétudes légitimes que doit avoir l’élite militaire au pouvoir à Bamako
vis-à-vis de la probable position que prendrait le Niger en termes d’actions
militaires conjointes que les deux pays sont censés reprendre. Dr Aly Tounkara
rappelle que ces pays occidentaux sont des partenaires qui sont tous du même
bloc et du point de vue géopolitique contre la Russie.
Or, l’État du Mali a
clairement affiché son attachement à la Russie en termes de partenariat sur le
plan militaire et sécuritaire. Selon lui, naturellement, ces différentes
visites doivent être perçues par Bamako comme des sources d’inquiétudes. à défaut
de les étiqueter comme complotistes, elles ne vont pas dans le sens d’un Mali
qui pourrait se défaire carrément du joug de l’Occident.
Le chercheur fait
remarquer que ces puissances qui envoient des émissaires à Niamey que ce soient
l’Angleterre, les états-Unis, la France sont de facto opposés à l’influence
russe à travers le monde. Et lors des différentes visites dans la capitale nigérienne,
le dossier malien et même l’avenir du Mali ont été discutés.
D’après le
chercheur, c’est là que les possibles collaborations entre le Mali et le Niger
vont être forcément impactées par la présence de ces partenaires. Lesquels
partenaires ne laisseraient pas l’état nigérien opérer comme bon lui semble en
termes de partenariat.
L’expert défense et sécurité du CE3S prévient que ces
visites ne seront pas sans conséquences sur l’offre et la demande de sécurité
au Mali et même sur l’avenir du pays à cause du positionnement de ces
puissances militaires et économiques. Il fait remarquer que beaucoup de
structures qui intervenaient dans l’humanitaire et dans les actions de développement
au Mali se sont majoritairement dirigées vers le Niger.
Pour Aly Tounkara, la position du Mali est très
délicate et nécessite assez d’intelligence et de prudence dans des futures
collaborations. Au-delà même du Niger, dit-il, le fait que ces pressions soient
maintenues sur ce pays sont une façon de toucher à d’autres comme le Burkina
Faso qui seraient aussi tentés de se soustraire du diktat occidental.
«Nous sommes clairement dans des compétitions ouvertes entre les puissances. Si les pays sahéliens ne prennent pas la hauteur, ils risqueront de s’étioler, d’être davantage traversés par des interférences qui les laisseront dans un statut d’états assistés en permanence », a prévient Dr Aly Tounkara.
Dieudonné DIAMA
Après plusieurs heures de débats, le texte, présenté par le Premier ministre Abdoulaye Maïga, a été voté hier soir par les membres de l’organe législatif de la Transition.
Elles concernent la défense et la sécurité, les réformes politiques et institutionnelles, la lutte contre la corruption, la souveraineté alimentaire, la formation professionnelle, les futures élections, l’électricité. Après la présentation du document vendredi dernier au CNT, la journée.
Le Premier ministre, Général de division Abdoulaye Maiga a présenté ce vendredi, le Plan daction du gouvernement (PAG) pour la période 2025-2026 devant le Conseil national de Transition (CNT)..
En plus de l’adoption du projet de loi portant abrogation de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et de la Loi n°2015-007 du 4 mars 2015 portant statut de l’opposition politique, les membres du Conseil national de Transition (CNT) ont examiné huit autres texte.
Le texte introduit par le gouvernement a été adopté par 130 des votants, 2 voix contre et zéro abstention.
En séance plénière ce lundi 12 mai, les membres du Conseil national de Transition (CNT) ont examiné et adopté le projet de loi portant abrogation de la Loi n°05-047 du 18 août 2005 portant Charte des partis politiques et la Loi n°2015-007 du 04 mars 2015 portant statut de l'opposition politi.