Village de Somasso : Un réel potentiel touristique

La localité regorge de sites touristiques moins connus de nos compatriotes et des visiteurs étrangers. Pourtant, ces merveilles méritent d’être vues et exploitées pour le développement du village

Publié lundi 05 juin 2023 à 06:26
Village de Somasso : Un réel potentiel touristique

Un aperçu des stands lors du festival Bélénitougou

 

Même si on a du mal à l’admettre, c’est une évidence. L’organisation du tourisme dans notre pays pour en faire une véritable industrie reste un immense défi à relever. Et les choses se compliquent un peu avec le contexte d’insécurité au regard duquel, certains pays n’hésitent pas à faire des mises en garde à leurs ressortissants pour qu’ils évitent la destination Mali.

Or, ce pays regorge de sites touristiques historiques voire légendaires comme le pays Dogon, la Venise malienne, les villes mystérieuses de Tombouctou et Djenné. Il y a aussi la Cité des Askia et tant d’autres. Malheureusement, les touristes ne se bousculent plus aux portillons de ces merveilles.

Le «Béléni» de Somasso est aussi un site touristique. Cet endroit sacré qui protège le village contre les envahisseurs est moins connu de nos compatriotes, mais aussi des touristes étrangers. Situé dans le Miniankala, Béléni mérite d’être vu. C’est le combat que porte aujourd’hui l’Association pour le développement de Somasso (ADS) à travers le Festival Bélénitougou qu’elle organise depuis quelques années.


Cette association entend susciter de l’intérêt autour de Béléni en tant que patrimoine immatériel comme on le voit pour d’autres événements culturels, répertoriés et classés patrimoines immatériels nationaux ou internationaux. On peut citer, entre autres, le «Yaaral Dégal de Diafarabé et Dialoubé» ou la traversée des troupeaux de boeufs qui mobilise des milliers de personnes. Le contexte d’insécurité a mis un correctif à l’engouement pour cette traversée des animaux.

Pour la communauté Mamala, le site Beleni reste extrêmement important. Selon les autochtones du village, le Beleni est un site naturel qui existe depuis plus de 5 siècles et reste sous l’emprise des sages. Le pasteur Niotèké Daou, octogénaire et autochtone de Somasso,  explique que le village aurait été créé par un chasseur du nom de Soma en provenance de Babaco, c’est-à-dire dernière le grand fleuve, vers Farako. À une époque où il y avait une prédominance d’éléphants et de buffles dans la faune.

Après avoir parcouru le pays bwa, le chasseur décide de s’installer à Somasso pour vivre de la chasse. Selon notre interlocuteur, Somasso vient donc de Somakan ou sel en minianka. Il y aurait eu une déformation du mot par les colons lors de la révolte des Bwa vers les années 1916. Le pasteur explique que c’est aussi un lieu où se tient chaque année, depuis des siècles, la fête traditionnelle du village (Bélénitougou) pour marquer la fin des récoltes et  implorer les génies protecteurs à conjurer le mauvais sort pour le village. On y fait aussi des sacrifices pour les préparatifs de la nouvelle campagne agricole et on rend grâce au Tout-Puissant, encourage davantage les travailleurs, c’est-à-dire les bras valides de la communauté.


À l’origine, Bélèni était un site naturel peu connu, mais très important sur le plan historique et culturel, caractérisé par le feu et les chevaux blancs. Ceux-ci représentent les symboles des génies protecteurs du village contre les envahisseurs. Quand Tiéba Traoré a envoyé sa troupe pour conquérir Somasso, ses guerriers ont été surpris par de mystérieux chevaux de couleur blanche, bien préparés sans guerriers. Et chaque année, le Béléni est célébré à travers le feu, les «chevaux blancs» ou génies, la musique, les chants et danses du terroir en compagnie de tout le village.

L’homme d’église dit aussi que c’est la forêt sacrée du Kotè ou korè. Un espace réservé aux seuls initiés de même génération entre 15 à 18 ans qui participent à certains rituels des sages. En cette période, la fête du Korè était organisée tous les sept ans pour l’initiation des jeunes à la vie du village. C’est un appel à répondre au devoir de responsabilité au sein de la communauté. Somasso renferme d’autres sites touristiques comme le bois sacré : «Kachigué» qui était un refuge pour la population en cas d’agression. Les guerriers de Somasso s’y cachaient pour ensuite surprendre l’ennemi.

Il y a également le canari sacré qui symbolisait la somme des connaissances occultes des sages du village. Ce canari protège et fait prospérer le village. Chaque année, un captif de guerre était immolé à cet endroit. À défaut de trouver un humain à sacrifier, on avait recours à l’alternative d’un chien rouge. En plus, le village consomme souvent comme sacrifice une grande quantité de «faro» ou «fari», une galette fabriquée à base de haricot pour implorer les esprits.

Pour le président de l’ADS, Markatié Daou, Béléni est une forêt qui fait la fierté de la communauté d’où l’organisation du festival qui porte son nom. L’objectif est de pérenniser ce rendez-vous culturel qui fait la particularité du Miniankala. Le Béléni de Somasso est situé dans le Cercle de Bla à 350 km environ de Bamako. Le village comporte cinq quartiers : Somasso, Kadjalla 1 et 2 et M’Bètiona1 et 2.

Amadou SOW

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