Les populations de la bande du fleuve, du Cercle de Gourma Rharous et particulièrement, celles des communes de Banikane, où avait eu lieu le drame et celle de Rharous qui avaient accueilli les rescapés, se souviennent de cette sombre journée, qui a endeuillé des centaines de familles et l'ensemble des Maliens.
Les populations des communes de Banikane et Rharous se souviendront longtemps de cette journée du 7 septembre où avait eu lieu, une attaque terroriste contre le bateau long-courrier "Tombouctou", de la COMANAF. Cette attaque lâche et barbare et son chapelet de drames humains continuent de hanter les esprits.
La fille d'un enseignant à la retraite, au nombre des victimes, témoigne : "jusqu'à mon dernier souffle, je n'oublierai jamais cette journée où mon père est décédé dans des conditions atroces, victime de la barbarie humaine, sans avoir eu le temps de nous dire adieu. Il est présent à chaque instant dans mon esprit et mon cœur ne pourra jamais se défaire de cette lancinante douleur".
Ce témoignage est interrompu par un long sanglot, suivi de chaudes larmes. A.T, lui, est commerçant de son état. Il était allé se ravitailler en marchandises à Gao et revenait par le bateau, quand l'attaque s'est produite. Les yeux perdus dans le vague, il témoigne : "les passagers étaient à mille lieux de s'imaginer une attaque, quand le ciel nous est tombé sur la tête".
Le bateau est une entité grouillante de vie et à bord, chacun s'occupe de ses activités ou se repose, le temps d'arriver à destination. Ce témoin poursuit : "j'étais là à déguster du thé et à deviser avec des compagnons de voyage, quand une détonation sourde retentit, semblable à un violent coup de tonnerre. Le bateau tangue dangereusement. Le temps s'est comme figé. Puis, soudain, les portes de l'enfer s'ouvrent.
De tous les côtés les armes crachent la mort. Le bateau tangue de toutes parts, sous l'impact des projectiles. Les éléments des FAMa qui escortent le bateau ripostent énergiquement. C'est la panique totale à bord. Le sauve-qui-peut s'empare des passagers. Certains sautent à l'eau, d'autres s'enferment dans leurs chambres, bientôt prises par un incendie général. Tout crame à bord. Ce spectacle macabre est ponctué par les cris des enfants et des femmes qui implorent, secours.
En face du lieu du drame, les habitants lancent leurs pirogues sur le fleuve, pour porter assistance à ceux qui se débattent dans les eaux, cherchant à fuir cet enfer flottant. Un spectacle à fendre l'âme". Sur ces mots, le regard de notre témoin s'embue de larmes et il tourne le dos pour s'en aller, incapable de terminer son récit et comme s'il cherche à fuir ce cauchemar.
Des témoignages du genre foisonnent et leurs auteurs partent toujours avant de finir de raconter leurs histoires, comme pour exorciser, ce jour tragique. "Ce douloureux souvenir restera gravé dans les mémoires pour l'éternité et sera écrit en lettres de feu, dans les annales de l'histoire de la lutte contre le terrorisme dans notre pays", conclut un édile de la commune de Rharous.
Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous
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La population de la ville d’accueil a aussi contribué à la gestion de ces compatriotes en détresse en leur apportant des vivres, des habits, des couchages. Ces derniers ont aujourd’hui envie de retrouver leurs familles.
Ceux qui répondent à cette appellation renvoient une bonne image. Ils sont unanimement reconnus comme pacifiques, courageux et pas avares en effort. Mais surtout travailleurs, conciliants, patients et pieux musulmans.