Gourma Rharous : Les groupes terroristes tentent d’asphyxier la ville

Depuis la rétrocession de l’emprise de Ber par la Minusma aux FAMa, la ville de Rharous est sous blocus implacable imposé par des groupes armés qui empêchent par la terreur tout ravitaillement des populations, en coupant toutes les voies qui y accèdent, dans un rayon de 35 kilomètres, en amont et en aval. Les pinasses qui sont les principaux moyens de ravitaillement sont à l’arrêt. Idem pour les véhicules de transport

Publié mardi 10 octobre 2023 à 05:22
Gourma Rharous : Les groupes terroristes tentent d’asphyxier la ville

 Des pinasses restées à quai, sous la contrainte de la menace située en amont, particulièrement entre le site de Ereintedjeff et le village de Bourem Inaly

 

 

Cette situation inattendue présage le spectre de la famine dans les esprits, car les céréales de base manquent déjà cruellement sur le marché. Les commerçants sont en rupture de stocks. Les pâtes alimentaires, l’huile, le sucre, le lait en poudre sont presque introuvables, sinon à des prix faramineux. Pour résumer ce tableau : le kilogramme de riz a atteint 1.000 Fcfa dans un intervalle de trois jours, tant qu’on pouvait s’en procurer.

Selon le rapport produit par le comité local de la Croix-Rouge malienne, le 3 octobre dernier : «Si d’ici quelques jours la situation reste toujours bloquée, on risque d’assister à une situation humanitaire très compliquée». Le même rapport souligne que l’approvisionnement des marchés voisins est «fortement perturbé» et que «certaines foires ont même cessé de fonctionner».

La genèse de la dégradation sécuritaire sur la bande du fleuve, en aval de Tombouctou jusque dans la Commune de Banikane et qui est la principale cause de cette crise alimentaire, est directement liée à la rétrocession de l’emprise de Ber par la Minusma aux Forces de défense et de sécurité maliennes. À cela est venu se greffer, l’accueil de plus de 400 rescapés de l’attaque terroriste contre le bateau «Tombouctou» à Zorhoy, dans la Commune de Banikane.


Leur prise en charge alimentaire a fortement impacté les stocks existants sur le marché, durant leur séjour qui a duré onze jours. Après leur départ, l’étau s’est davantage resserré sur la ville par le fait de groupes armés qui s’emparent systématiquement des chargements des pinasses, privant Rharous de tout approvisionnement.

Logiquement, les prix sur le marché ont pris l’ascenseur. Les derniers sacs de riz, denrée de consommation massive, se sont arrachés à 40.000 Fcfa, les 50 kilos. Plus un grain de mil sur le marché. La situation est devenue encore compliquée, quand plus d’une quarantaine de pinasses venant de Gao, en direction de Tombouctou et Mopti, ont jeté l’ancre à Rharous, sous la contrainte de la menace située en amont, particulièrement entre le site de Ereintedjeff et le village de Bourem Inaly.

Cette portion d’axe est aujourd’hui, l’enfer des transporteurs fluviaux. Les passagers que ces pinasses ont déversés dans la ville, ont gonflé la masse de la consommation, contribuant ainsi fortement à la dégradation de la situation alimentaire de la ville de Rharous. La triste image qui s’offre aux yeux aujourd’hui est l’errance de ces passagers épuisés, affamés, dans les rues, demandant de l’aide aux autochtones aussi désemparés par la gravité du moment. Ce tableau pathétique fait penser à l’adage songhay qui dit : «Un oiseau mort de faim ne peut assouvir la faim.»

Sous un hangar du marché, des charretiers désœuvrés causent paresseusement. Soudain, celui qui paraît être le plus jeune et le boute-en-train du groupe se met prestement debout, comme projeté par un ressort. Il prend une pause d’orateur emphatique, néanmoins plein de désespoir, un brin fataliste s’exclame : «Seigneur, préserve nous, nos enfants et nos biens de la terreur de ces criminels et mécréants. Verse sur ce déluge de feu, Ton eau qui n’est ni celle d’une jarre, ni celle du fleuve, ni celle de la mer». Il s’arrête un court instant et comme revenant d’un songe, il ajoute philosophiquement : «Le malheur et le bonheur ont toujours été des compagnons inséparables.» Tranquillement, il reprend sa place. Un long silence suivit.

Aujourd’hui, la ville de Rharous vit comme sous cloche. Les jours sont rythmés par la peur d’une crise qui se fait déjà sentir et qui alimente toutes les discussions, mais aussi les alertes d’attaques terroristes imminentes. Il y a de quoi, car dans la nuit du 6 octobre, des pinasses en provenance de Tombouctou et qui ont osé braver le danger ont essuyé des tirs faisant plusieurs blessés, pris en charge en ce moment au Csref de Rharous.

 Celles qui n’ont pas pu échapper sont encore entre les mains de leurs agresseurs. Des sources concordantes font état de cas de femmes violées.

La ville de Rharous risque de connaître dans quelques jours, une grave crise alimentaire, si des dispositions sécuritaires rigoureuses ne sont pas prises, pour rétablir normalement le trafic fluvial sur la bande du fleuve, dans la zone où pullulent ces groupes armés. Cette voie étant le principal moyen de ravitaillement et de déplacement des populations riveraines a besoin d’être fortement sécurisée, sinon, il peut survenir à n’importe quel moment, des drames humanitaires aux conséquences insoupçonnées.

Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous

Lire aussi : Mopti : Le comité consultatif de sécurité évalue les actions

Au cours des travaux, les membres du comité ont abordé plusieurs sujets comme la situation sécuritaire de la région à travers une panoplie de thématiques, entre autres, les incivilités, la délinquance et les crimes, la tenue de manifestations publiques et leur encadrement, l’état sécuri.

Lire aussi : Reprise de Kidal par l’Armée : L’Université de Sikasso débat des enjeux et perspectives de la souveraineté territoriale

14 novembre 2023-14 novembre 2025, cela fait deux ans que les Forces armées maliennes ont repris Kidal. Pour la commémoration de ce retour de l’État à Kidal que l’Université de Sikasso a organisé, vendredi dernier, une grande rencontre. «Retour effectif de l’État à Kidal, enjeux et pe.

Lire aussi : Kita : Adam Sow offre des couveuses et fauteuils roulants aux structures sanitaires

C’est un vrai ouf de soulagement que l’on a poussé au Centre de santé de référence (Csref) et au Centre de santé communautaire (Cscom) de Kita..

Lire aussi : Égypte : Des journalistes francophones visitent des pyramides et sites religieux

Les journalistes francophones africains qui prennent part actuellement à une session de formation au Caire ont visité le vendredi dernier, les pyramides de Gizeh en Égypte..

Lire aussi : Le Mali fédère les ambitions du Niger et du Burkina Faso

La 1ère édition du Salon international de l’entrepreneuriat de l’AES, ouverte à Bamako, marque une étape décisive pour l’intégration économique des pays du Sahel. Réunissant des délégations venues du Burkina Faso, du Niger et du Mali, ainsi que de jeunes porteurs de projets, l’év.

Lire aussi : Ambassadeur Issa Konfourou : «La lutte contre le terrorisme est et doit rester régionale et internationale»

L’ambassadeur, représentant permanent du Mali auprès des Nations unies, Issa Konfourou, a intervenu le mardi dernier au nom de la Confédération des États du Sahel (AES) à New-York à l’occasion de la réunion publique d’information du Conseil de sécurité des Nations unies sur la «cons.

Les articles de l'auteur

Accident à Gourma-Rharous : Plus de peur que de mal

Plus d’une vingtaine de personnes, tous de proches parents, ont failli perdre la vie dans un accident de véhicule qui s’est produit dans un quartier périphérique de la ville de Rharous, le jeudi 2 octobre, aux environs de 16 h30 mn..

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié vendredi 10 octobre 2025 à 11:59

Gourma-Rharous : Réflexion sur l’attelage Intelligence artificielle et éducation

Les enseignants du Cercle de Gourma-Rharous ont célébré le 5 octobre, la journée mondiale des enseignants, en poussant la réflexion autour du thème de l’édition 2025 : «L’intelligence artificielle (IA) et l’éducation : préserver l’autonomie dans un monde automatisé»..

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié mercredi 08 octobre 2025 à 13:09

Gourma Rharous : Les élèves reprennent paisiblement le chemin de l'école

Le coup de gong qui annonce la rentrée scolaire, dans le Cercle de Gourma Rharous, a été officiellement donné, le 1er octobre 2025 au second cycle Abdoulaye Soumaguel Maïga de Rharous, chef-lieu de cercle. Tout un symbole, puisque cet établissement est le premier 2è cycle du cercle..

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié vendredi 03 octobre 2025 à 08:13

Attaque du bateau Tombouctou : Deux ans après, des souvenirs toujours vifs

Cette attaque lâche et barbare d’une rare violence contre le bateau Tombouctou restera dans les esprits. Les rescapés de ce drame estiment être oubliés par l’État.

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié lundi 08 septembre 2025 à 07:35

Gourma Rharous : C'est parti pour la phase locale de la biennale 2025

Les activités de la semaine locale des arts et de la culture du Cercle de Gourma ont démarré, lundi à Rharous (chef-lieu de cercle).

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié mercredi 30 juillet 2025 à 09:36

«Résidence» de Gourma Rharous : Un symbole et une œuvre architecturale en péril

La bâtisse est érigée sur un promontoire sablonneux qui culmine à 30 mètres au-dessus des eaux du fleuve Niger. C’est le capitaine Gaston Mourgues, topographe de l’armée coloniale française, qui a réalisé les travaux de construction de la résidence en 1927.

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié mardi 01 avril 2025 à 07:24

#Mali : Un an après l’attaque du bateau Tombouctou : Ce crime odieux continue de hanter les esprits

Les populations riveraines du fleuve dans le Cercle de Gourma Rharous se souviennent encore de cette barbarie d’une rare violence qui a fait plusieurs morts civils et militaires.

Par Mohamed GAKOU / AMAP - Gourma Rharous


Publié dimanche 08 septembre 2024 à 16:39

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner