La Semaine participe d’un esprit de promotion des valeurs fondatrices de notre société
«C’est une très bonne initiative, car elle peut être un
facteur d’appropriation du processus de paix par les communautés». Ces propos
viennent de Marcelin Guenguéré, membre de l’association Gina Dogon. Comme lui,
nombreux sont nos compatriotes qui ont apprécié l’initiative de la Senare, dont
l’objectif général est de restaurer la paix, de renforcer la cohésion sociale
et le vivre ensemble.
Cette Semaine arrive à un moment où notre pays, depuis 2012,
est confronté à une crise multidimensionnelle qui a sérieusement affecté le
tissu social et bouleversé la cohabitation pacifique séculaire. Ainsi, les
valeurs cardinales telles que le cousinage, le pardon mutuel et le vivre
ensemble qui étaient des vertus cèdent peu à peu place à la méfiance et au mépris.
Cependant, face à cette situation de nature à compromettre la cohésion sociale,
les pouvoirs publics ont initié de nombreux mécanismes de résolution des crises
d’où l’institution de la Senare, demandée par les Maliens lors de la Conférence
d’entente nationale, tenue il y a quelques années. Cette volonté a été traduite
par les dispositions de la Loi d’entente nationale à partir de laquelle l’arrêté
n°2021-5480/MRPCN-SG du 27 décembre 2021 fixant la période allant du 15 au 21
septembre de chaque année comme Senare a été pris.
Cette Semaine participe d’un esprit de promotion des valeurs
fondatrices de notre vie sociale, notamment la solidarité, l’humilité et le
pardon. En instituant la Senare, les autorités de la Transition donnent sans
doute un écho favorable à une volonté du peuple, dont la finalité est de
trouver des solutions endogènes aux problèmes nationaux.
La Semaine constitue
ainsi une aubaine pour «chasser les démons de la division et de la terreur afin
que germent les perspectives de développement, facteur d’épanouissement
collectif». Elle offre également une opportunité de mobiliser tout le peuple
malien de l’intérieur comme de l’extérieur autour du vivre ensemble et de la
stabilité du pays. Moment de communion, d’échanges, d’évaluation et de
prospection, la Senare pourra, à travers les activités programmées et les thèmes
débattus, jouer en outre un rôle de système d’alerte pour prévenir et atténuer
toutes formes de chocs susceptibles de fissurer le tissu social.
En promouvant le dialogue sincère, facteur du pardon et de
cohésion, «nous ne faisons que revenir aux valeurs fondamentales que nous ont léguées
nos aïeux». Cela est d’autant plus important que les différentes initiatives
prises par les autorités de la Transition s’inscrivent dans la droite ligne de
la préservation des fondements de notre Nation, mise à rude épreuve par les réalités
du moment.
Face à la flambée de la violence sur fond d’actions malsaines orchestrées par des aventuriers décidés à compromettre, par la discorde, la stabilité de notre pays, il est nécessaire d’envisager des solutions innovantes, à même d’obtenir l’adhésion des communautés, le plus souvent «instrumentalisées» dans des conflits, dont elles ignorent les vraies raisons. Mais aussi à poursuivre avec abnégation les actions prévues dans la Stratégie nationale de la réconciliation et son schéma directeur a préconisé le chef de l’État, le colonel Assimi Goïta lors du lancement de la 1ère édition de la Semaine.
AMÉLIORER LES PROCHAINES ÉDITIONS-Toutefois, Marcelin Guenguéré
pense que l’initiative de la Semaine doit être améliorée dans les prochaines éditions.
Appuyant ses propos, l’ancien député pointe du doigt le «manque d’implication
des communautés à la base». «Il y a eu plus de communication au niveau national
que local», regrette-t-il. Toutefois, ajoute le responsable de Gina Dogon, il
est clair que «si la Semaine est bien organisée, la paix et la réconciliation
seront une réalité».
De son côté, le président de l’association Tabital Pulaaku
remercie les autorités pour cette initiative. D’après Abou Sow, aujourd’hui,
notre pays a besoin de la réconciliation des esprits, des cœurs et de tous les
Maliens. Pour lui, le Mali est une nation : un pays dont les habitants
forment une seule entité sociale. De chaque coin du pays à l’autre, les
populations se connaissent et ont entre elles des liens historiques et
socio-culturels. D’après le premier responsable de Tabital Pulaaku, quelle que
soit la gravité de la crise, ces liens finissent par prédominer. Dans le
prolongement de la 1ère édition de la Semaine, Abou Sow dira que l’association
organisera, le 23 octobre prochain, un meeting dont l’objectif est la réconciliation,
la refondation et la stabilisation de notre pays.
«Quand il y a crise, il faut d’abord se parler. Le fait
d’avoir organisé cette Semaine, ça a été un déclic. Les gens se parlent et vont
continuer à se parler. Du coup, le syndrome de méfiance va être progressivement
entamé au point de disparaître. Et finalement, nous allons parvenir aux résultats
escomptés, à savoir la réconciliation», se félicite Abou Sow. Pour lui, la réconciliation
est un ensemble de comportements : il faut s’abstenir de tenir des propos
diffamatoires et inflammatoires, de poser certains actes et savoir pardonner et
oublier.
Pour sa part, le président de la commission d’organisation,
par ailleurs secrétaire général du département en charge de la Réconciliation,
Sidy Camara affirme que la 1ère édition de la Senare s’est bien déroulée.
Reconnaissant qu’il y a des choses à parfaire pour les prochaines rencontres,
il soutient, néanmoins, que dans l’essentiel, cette édition a été une réussite.
D’après lui, sur les 24 activités prévues, ce sont seulement deux qui n’ont pu être
réalisées, soit un taux de réalisation de plus de 90%.
Ces activités sont,
notamment celles sportives et les actions de solidarité (don de sang, don de céréales
et de kits aux déplacés internes). S’y ajoutent les activités religieuses. «Nous
avons été impressionnés par la force des messages que les religieux ont passés
auprès de l’opinion pour prouver que le Mali n’est qu’un et qu’on n’a pas
d’autres intérêts que la paix. Ils ont également fait savoir que notre ennemi
est la fissure du tissu social», raconte le président de la commission
d’organisation. Annonçant qu’à la rentrée scolaire, une activité de
sensibilisation sur des questions de paix, de cohésion sociale et de réconciliation
est prévue dans les écoles.
Sidy Camara souligne, par ailleurs, que les communautés de
base ont été associées à ces activités. «Ce qu’on peut regretter, c’est la non
implication des autorités communales. Cela n’est pas forcément de leur faute ou
responsabilités. Je crois que cette situation fait partie des points à améliorer
dans les Semaines prochaines.
Sinon, nous avons associé les communautés de base
et les parties à conflits», explique-t-il. Étayant ses propos, le président de
la commission d’organisation informe qu’ils ont réussi à mettre ensemble les
Khassonkés, les Soninkés, les Touaregs, les Arabes, les Bobos, les Peuls et les
Dogons dans une seule entité au niveau du Palais des sports. «Ils se sont tous
mobilisés et ont même élu des quartiers généraux au cours de cette rencontre
pour que l’on sente la diversité dans la salle», se réjouit Sidy Camara. Il
garde bon espoir pour la réconciliation des Maliens.
Toutefois, précise-t-il,
il faut se garder de juger le niveau de réconciliation des Maliens à la suite
de la 1ère édition. Pour lui, la Semaine est un cadre de rappel et de sensibilisation
pour que nos compatriotes sachent qu’il y a encore des difficultés en matière
de vivre ensemble. Et ce, afin d’y trouver des solutions idoines.
Conduite de la Transition : Le soutien assuré de GPS
L’association Générations et peuples solidaires (GPS-Kéyéréyé)
réaffirme son soutien total aux autorités de la Transition pour la réussite du
processus. L’annonce a été faite, dimanche dernier, par les responsables de
l’organisation lors de l’inauguration de leur siège national, sis à Sokorodji
en Commune VI du District de Bamako. L’événement a été présidé par le président
de GPS, Cheickna Keïta en présence des représentants des partis politiques
ainsi que des leaders religieux et coutumiers.
Cette rencontre intervient dans un contexte où notre pays
fait face à une pression internationale du fait de son choix stratégique dans
la lutte contre le terrorisme et de la réaffirmation de sa souveraineté. À ce
propos, le président de GPS s’est dit persuadé que «nous pouvons relever le défi
de la renaissance et de la restauration de la dignité du peuple dont le
processus est dignement porté par les autorités de la Transition».
Pour
Cheickna Keïta, cela passe incontestablement par la désignation de dirigeants
crédibles et honnêtes, choisis à la suite d’élections libres, justes, crédibles,
transparentes et ouvertes à tous. Ainsi, il a exhorté les autorités de la
Transition, qui ont déjà lancé le processus, à œuvrer davantage dans ce sens.
«Le GPS mettra tout
en œuvre afin d’entretenir cet élan de redressement entamé par cette Transition
pour la renaissance du Mali en vue de pérenniser les acquis pour plus de
souveraineté nationale», a exprimé Cheickna Keïta. Avant d’inviter l’ensemble
des forces patriotiques dans notre pays à se retrouver et se rassembler afin de
construire les voies appropriées pour le renouveau et le développement de notre
pays.
Il a, par ailleurs, annoncé que l’association participera, de façon directe ou indirecte, aux futures échéances électorales. Créé en août dernier, le GPS existe dans une trentaine de localités du Mali et une vingtaine de pays, selon ses responsables. L’objectif général de cette organisation est de contribuer à la renaissance du Mali à travers le rassemblement sans exclusive.
Bembablin DOUMBIA
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