Retrait de Barkhane et Takuba : Pas de temps à perdre !

La présence des forces françaises n’a pas pu apporter la stabilité espérée par les populations et les autorités

Publié lundi 21 février 2022 à 06:53
Retrait de Barkhane et Takuba :  Pas de temps à perdre !

Pour le gouvernement, puisque le partenaire français n’a de cesse de violer le cadre juridique régissant notre coopération militaire, il n’y a pas de raison qu’il reste encore longtemps sur notre sol

Après la suspension en juin 2021 des opérations conjointes FAMa-Barkhane, faite sans que les autorités maliennes ne soient consultées, suivie des décisions unilatérales de retirer Barkhane et Takuba, Bamako s’est vu dans l’obligation de dénoncer les “violations flagrantes du cadre juridique liant la France et le Mali”.

Des «manquements répétés (aux) accords de défense» qui ont amené le gouvernement de Transition à adopter un ton de fermeté. Son dernier communiqué invite les «autorités françaises à retirer, sans délai, les forces Barkhane et Takuba du territoire national, sous la supervision des autorités maliennes».

En fin de compte, le président Emmanuel Macron aura réussi à dilapider le prestige de «Serval», opération qui a suscité un élan de sympathie des Maliens à l’égard de la France. Il aura terni également l’aura de leader européen en matière de sécurité au Sahel, que le cas malien aurait pu conférer à son pays. On n’en serait pas là si Paris n’avait pas multiplié les fautes politiques.

Ceux qui ont pris le pouvoir au Mali ont été assimilés à des personnages qui représenteraient un danger pour la démocratie. Au même moment, d’autres « putschistes » sont conviés à Paris. Ces dirigeants invités à l’Élysée pour décider de l’avenir de la force Barkhane ne se distinguent pas tous par leur qualité de démocrate. Loin s’en faut.

Cette politique de deux poids deux mesures ne pouvait que davantage écorner l’image de la France au Sahel et plus particulièrement au Mali, où les motivations de son engagement militaire sont controversées.

Nombreux sont ceux qui n’ont jamais cru que la France soit réellement incapable de réduire le pouvoir de nuisance des groupes terroristes. Et ce n’est pas qu’au Mali qu’on se pose des questions : «Je m’étonne que les Français n’aient pas été capables d’éradiquer ces bandes terroristes. Le veulent-ils vraiment, ou ont-ils un autre agenda ?», s’interrogeait le ministre de la Défense burkinabé Chérif Sy dans un entretien à l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian, en juin 2019.

Les critiques se sont exacerbées au fur et à mesure que des groupes terroristes - que l’on croyait anéantis - se reconstituaient et menaient des actions d’envergure sur le terrain. Il est clair pour chacun que le Septentrion malien n’est aujourd’hui ni plus sécurisé, ni plus stable qu’au moment du déploiement de Barkhane.

La dégradation de la situation est réelle dans d’autres régions, avec les répercussions que l’on sait sur les populations civiles. En somme, comme l’a rappelé le gouvernement dans son communiqué, les résultats attendus « n’ont pas été satisfaisants », ni en 2013 avec l’opération Serval ni en 2016 avec l’opération Barkhane.

Cette réalité a sapé la prétention de Paris à asséner des leçons de démocratie à des autorités soucieuses des préoccupations de leurs concitoyens qui aspirent avant tout à la sécurité. D’où les manifestations de soutien à la Transition dont les actions sont aussi interprétées comme un refus du néocolonialisme.

«À bas la France !», «France, dégage !» entend-on fréquemment, depuis août 2020, dans les rues de Bamako. Pas plus tard que samedi, le mouvement Yèrèwolo - “Débout sur les remparts” a réussi une nouvelle mobilisation pour célébrer le retrait de Barkhane et de Takuba.

Les réseaux sociaux amplifient cette contestation - elle ne date pas d’hier -, les articles de presse s’en font l’écho. Dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, Cheick Oumar Sissoko, ex-ministre de la Culture, a dénoncé l’«habitus colonial», cette «disposition d’esprit faite de complexe de supériorité et de mépris souverain à l’égard de peuples dominés, exploités par le colonialisme français, qui est ancrée, cultivée et entretenue au sein de la classe dirigeante française».

Le chanteur malien Salif Keita avait affirmé qu’il n’y avait «pas de terroristes en Afrique, mais des mercenaires payés par la France». À son retour à Bamako, il a reçu un accueil triomphal.

En se redéployant hors du Mali, sans la certitude d’y pouvoir vraiment améliorer la situation sécuritaire, Paris ouvre un boulevard aux puissances qui lorgnent le Sahel.

Les Russes, que les Maliens n’ont de cesse de réclamer l’arrivée, n’y verront qu’une opportunité de grignoter dans ce qui était jusqu’ici considéré comme le pré carré de la France.

Issa DEMBELE

Lire aussi : Politique nationale de transparence : Évaluer la mise en œuvre pour élaborer un nouveau plan d’actions

Après une décennie d’application de la Politique nationale de transparence (PNT) et suite à l’expiration du premier plan d’action, il est apparu nécessaire de procéder à l’évaluation de sa mise en œuvre et d’élaborer un nouveau plan d’action. Cela, en tenant compte de l’évolu.

Lire aussi : Lutte contre le terrorisme : Les États-Unis saluent les efforts de l’armée malienne

Les États-Unis d’Amérique (USA) ont félicité les Forces armées du Mali pour la lutte qu’elles mènent sans relâche c contre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM) dirigé par Iyad Ag Ghali. Le secrétaire d’État adjoint américain, Christopher Landau l’a annoncé su.

Lire aussi : Le ministre Diop face au corps diplomatique : Halte aux communiqués alarmistes !

Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a convié hier les ambassadeurs des pays et organisations accrédités dans notre pays à une réunion au sein de son département. Au cours des échanges, le chef de la diplomatie malienne a invité ses int.

Lire aussi : Disparition d’ Oumar Hamadoun Dicko et de Madiassa Maguiraga : Le Mali perd deux figures politiques

Le Mali vient de perdre deux figures politiques. Il s’agit de l’ancien ministre Oumar Hamadoun Dicko et du Dr Madiassa Maguiraga..

Lire aussi : Communiqué du conseil des ministres

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 5 novembre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Lire aussi : Cinéma : Le 2è épisode de «Bini Bana» réaffirme la souveraineté des noirs

Au moins 300 élèves de l’École fondamentale Bleu et Blanc de Missala, à une vingtaine de kilomètre de Bamako, ont assisté, vendredi dernier, à l’avant-première du 2è épisode du film Bini Bana de Zaidou Coulibaly. Ce long métrage de 90 minutes est une ode à la libération totale du jo.

Les articles de l'auteur

«Un salon pour toutes les populations de l’AES», dixit la ministre Oumou Sall Seck

Notre souhait est que ce Salon soit un salon pour tous, Maliens et populations de l’AES. Nous voulons donner, dans cet espace de notre Confédération, l’opportunité à l’écosystème entrepreneurial, aux acteurs qui l’animent, d’avoir une rencontre à eux, ne se reste qu’annuelle..

Par Issa DEMBELE


Publié vendredi 07 novembre 2025 à 14:05

Approvisionnement en carburant : Le Mali ne connaît pas de pénurie

«Le Mali ne connaît pas de pénurie de carburant. La capitale et toutes les grandes villes sont correctement approvisionnées». Ces propos sont du chef par intérim du département statistiques et administration de l’Office malien des produits pétroliers (OMAP), que nous avons approché hier.

Par Issa DEMBELE


Publié jeudi 25 septembre 2025 à 06:01

Développement économique : Gros plan sur le modèle Indien

Du 10 au 18 juin dernier, une vingtaine de journalistes d’Afrique du Nord, de l’Ouest et de l’Est était en Inde pour une visite de familiarisation. À New Delhi et Bangalore, ils ont eu droit à un panorama du «dynamisme indien», porté par des structures et des instituts de formation.

Par Issa DEMBELE


Publié mardi 01 juillet 2025 à 08:08

Visite du Premier ministre à Dioïla : Le Banico accueille le «messager du libérateur Assimi Goïta» dans la ferveur

Après avoir passé deux jours dans la Région de Ségou, le Premier ministre est allé hier au contact de la population de Dioïla. Un honneur pour le Banico, où la dernière visite d’un Chef de gouvernement remonte à 2005..

Par Issa DEMBELE


Publié lundi 17 février 2025 à 07:29

Ségou : Le stade Amary Daou affiche un nouveau visage

Avec une capacité de 15.000 places, ce stade peut accueillir à nouveau les compétitions nationales et internationales.

Par Issa DEMBELE


Publié lundi 17 février 2025 à 07:26

Cité des Balanzans : Bientôt un cadre approprié pour les légitimités traditionnelles et coutumières

«Nous sommes contents parce que nous rêvions de ce vestibule, depuis des années. Nous avons même jeûné pour l’avoir». Ces mots de Oumar Togora, prononcés au nom des légitimités de la Région de Ségou, en dit long sur le besoin d’un cadre dédié aux activités des garants des valeurs traditionnelles dans la cité des Balanzans..

Par Issa DEMBELE


Publié lundi 17 février 2025 à 07:24

Accueil mémorable

Le déplacement du Chef de gouvernement est en soi un événement. Et quand il vient avec des solutions concrètes aux préoccupations de ses hôtes, l’évènement s’inscrit dans les annales. Sans surprise, la 4è région et ses environs ont réservé un accueil exceptionnel au Général de division Abdoulaye Maïga..

Par Issa DEMBELE


Publié lundi 17 février 2025 à 07:22

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner