Ibrahima Haïdara, président directeur général (PDG) de la Poste du Mali
Les Postes sont entrées dans une nouvelle ère, en raison à
la fois des mutations profondes qu’elles subissent et surtout de l’évolution
extraordinaire de leur environnement impacté par la forte présence de l’outil
digital. Aujourd’hui, le secteur postal est confronté à l’ouverture du marché à
la concurrence doit s’ajuster pour s’adapter à la mutation fulgurante imposée
par le numérique.
Instrument basique de souveraineté, la Poste du Mali est
aujourd’hui en plein chantier de relance, à travers des innovations numériques.
La présentation de l’application «PostMoney», en décembre dernier à l’occasion
des festivités du 150è anniversaire de la Poste du Mali, en est la parfaitement
illustration.
À ce sujet, le président directeur général (PDG) de la Poste du
Mali précise que «PostMoney» est une solution de transfert d’argent et de
paiement de factures. «Elle a été développée dans le cadre de la
restructuration des offres de services financiers. Et fait partie des innovations
que la Poste est en train de faire pour s’adapter aux besoins des citoyens»,
explique Ibrahima Haïdara.
Selon notre interlocuteur, au tout début, la Poste assumait
les services financiers. «La Poste a été le service qui a toujours incarné le
transfert classique d’argent au Mali, à travers les mandats ordinaires. Avec l’évolution
numérique, des solutions de substitutions sont arrivées sur le marché»,
rappelle-t-il. Il a fallu du temps à la Poste pour comprendre que le numérique
est plus une opportunité qu’une menace.
C’est ce qui explique le retard que la
Poste a pris, déplore le PDG qui souligne également l’impact du retrait des
services financiers (chèques et comptes postaux), parties essentielles
permettant à la Poste de vivre économiquement de son activité. «Aujourd’hui,
nous avons su et nous essayons d’utiliser le numérique comme une opportunité,
adapter nos solutions aux besoins de nos concitoyens», assure Ibrahima Haïdara.
À travers la solution numérique PostMoney, la Poste attend donner l’opportunité aux concitoyens de faire des transferts même à l’international sans forcément être client d’un opérateur. «Notre solution n’est pas liée à un opérateur. Elle fonctionne sur l’ensemble des opérateurs. L’une de ses spécificités, c’est qu’elle est utilisable sans Internet à travers le code USSD (ndlr : Unstructured supplementary service data ou Données de service supplémentaires non structurées) et permettra de faire des transferts dans plus de 100 pays à travers le monde», commente le PDG.
500 tests effectués- Le patron de la Poste est convaincu que
cette solution permettra de redynamiser les activités dans les bureaux postaux,
mais aussi de consolider l’emploi au niveau de sa structure. Mieux, cette
application permettra à l’institution postale de jouer son rôle moteur
d’inclusion financière au Mali. «L’application PostMoney est en phase test pour
mieux l’adapter aux besoins réels des concitoyens. En prélude à son lancement
officiel, un échantillon de 500 personnes est en train de tester l’application»,
révèle Ibrahima Haïdara.
L’application respectera la souveraineté numérique de notre
pays, puisque les données seront générées et stockées au Mali. «Nous sommes en
train de travailler avec la Société malienne de transmission et de diffusion
(SMTD) pour que l’ensemble des données générées puissent être stockées sur des
serveurs gérés par une entreprise publique malienne. Cela pour avoir une
certaine garantie et sécurité autour des donné», assure le PDG.
Aussi, la Poste veut-elle jouer pleinement son rôle de
premier contact du citoyen avec l’administration publique. «Nous sommes un
service de perception, donc on peut encaisser de l’argent pour n’importe quel
service de l’État (public, parapublic ou
privé) et le reverser à ces entités. Le cachet de la Poste fait foi, c’est-à-dire
que lorsque le citoyen fait sa demande à partir d’un bureau de Poste,
l’administration considère que sa demande a été déposée dans le service concerné.
C’est pour créer l’équilibre et l’équité entre les citoyens et l’inclusion sociale
dans notre pays», assure explique Ibrahima Haïdara.
«En tant qu’opérateur véritablement reconnu par l’État et
agissant à ce titre, la Poste peut servir de centre de commande d’actes
administratifs ou tout autre document qui peut aider les citoyens à gagner du
temps et à économiser sur ses ressources», certifiait le directeur du département
des postes à l’Autorité malienne de régulation des télécommunications et des
postes (AMRTP). Idrissa Ly intervenait en marge de la Journée mondiale de la
poste.
Et toutes les dispositions sont prises pour se conformer à la réglementation. Aujourd’hui, assure Ibrahima Haïdara, notre l’application est techniquement prête. Pour son opérationnalisation « nous avons entamé des procédures au niveau des régulateurs : la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest et l’Autorité malienne de régulation des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication et des postes», révèle-t-il. Assurant que ces démarches se poursuivent normalement, le patron de la Poste du Mali promet que l’application sera fonctionnelle très prochainement.
Babba COULIBALY
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