#Mali : Mariage forcé : Des vies brisées à jamais ?

Dans notre pays, les facteurs qui alimentent cette union sans consentement sont notamment le mariage endogène visant à consolider les liens de parenté, le faible revenu et la cupidité des parents

Publié jeudi 16 mai 2024 à 16:31
#Mali : Mariage forcé : Des vies brisées à jamais ?

Le mariage au Mali est un acte solennel par lequel un homme et une femme établissent entre eux une union dont les conditions, les effets et la dissolution sont régis par le code civil dans le cas du mariage civil ou par les lois religieuses dans le cas du mariage religieux. À côté des unions librement consenties, nous assistons à des mariages où généralement le consentement de la femme n’est requis pour sceller l’acte.

Ainsi, il n’est pas donné à toutes les femmes de choisir leur époux. Certaines doivent accepter de gré ou de force leur nouveau mari. Ce mariage sans consentement dit également forcé est un phénomène répandu dans notre pays. Selon une étude du Fonds des Nations-unies pour l’enfance (Unicef), datant de 2020, le Mali enregistre un taux de prévalence du mariage forcé de 61% se classant parmi les 10 pays les plus affectés par cette pratique. Nombreuses sont les victimes de cette relation forcée qui souffrent en silence.

Assétou (nom d’emprunt) est mariée, il y a 12 ans à un homme qu’elle n’a jamais aimé. L’insistance de sa mère l’a obligé à accepter la demande de son prétendant. Assétou explique que les arguments avancés par sa génitrice étaient que l’amour d’une femme pour son mari n’a pas d’importance, et que cela va naître plus tard, avec le temps. «Elle a essayé de me convaincre en me disant que mon futur mari est riche, qu’il va me combler de cadeaux», confie cette promotrice d’un salon de coiffure qui avait espéré un jour tomber amoureuse de son conjoint.

Douze ans après, aucun germe de l’amour n’a poussé dans son cœur. Conséquences ? Elle n’a jamais pris plaisir à satisfaire ses devoirs conjugaux avec son mari. «Certains s’imagineront que j’ai un copain. Je n’ai jamais connu un autre homme avant et après mon mariage», assure celle qui s’est résignée à rester dans ce mariage et y passer le restant de sa vie convaincue que c’est son destin. Elle justifie sa décision par le fait qu’elle est mère de deux filles qui ne méritent pas de vivre séparées de leurs parents. «Mais, je reste aussi par pitié pour lui qui a tout fait pour que je puisse l’aimer. Il est resté gentil et doux. Il n’a jamais crié sur moi à plus forte raison me frapper», avoue la coiffeuse.

La jeune Bintou a été mariée en 2020 contre son gré à l’un de ses cousins. Elle affirme que c’est une décision de ses parents visant à renforcer les liens de parenté. Son dégoût pour cette union était si énorme qu’elle ressentait toujours de l’horreur lors des rapports intimes avec son conjoint. «Je vomissais durant l’acte. Cela a fini par me donner le dégoût de faire l’amour. J’ai fui à plusieurs reprises pour aller chez mes parents. Ils m’ont toujours conduite de force chez mon mari», se souvient l’habitante de Lafiabougou, en Commune IV du  District de Bamako.

Il lui est arrivé d’aller se cacher chez une de ses amies. Finalement, elle sera repérée à travers son numéro de téléphone grâce au concours d’un opérateur de téléphonie mobile. Après son accouchement, Bintou est allée chez son père pour la quarantaine. C’est à la suite de ce séjour qu’elle a supplié son père de ne pas la renvoyer chez son époux.

Aujourd’hui, la jeune commerçante est en instance de divorce. Mais, elle craint de rester célibataire à vie comme l’a menacé son désormais ex-mari. Ce dernier, témoigne-t-elle, est un adepte des pratiques surnaturelles. «Quand j’étais chez lui, il venait tout le temps avec des décoctions prises avec des marabouts et des charlatans afin de gagner mon amour», se souvient-elle. Contrairement à Bintou qui a préféré fuir son «mari forcé», d’autres femmes commettent l’irréparable. Elles attentent à leur vie ou à celle de leur époux.

 

RÉSIGNATION- L’on s’en souvient, en décembre 2021 à Koulikoro, selon des sources sécuritaires, une victime du mariage forcé âgée de 16 ans avait tué son conjoint à l’aide d’un pilon. La même année, une autre s’était donnée la mort par pendaison à Yilimalo, un hameau du Cercle de Bafoulabé. Des proches de la victime avaient affirmé que le mariage forcé était à l’origine de son suicide.

Elle avait été battue et amenée de force chez son mari quelques jours avant son geste fatal. L’imam d’une mosquée de Yirimadio en Commune VI du District de Bamako, Mohamed Koné, indique qu’il n’y a pas de mariage lorsqu’il n’y a point de consentement. «Nous invitons encore les parents à faire preuve de compassion pour leurs enfants et de mettre fin aux mariages forcés», plaide-t-il, avant de préciser que le mariage en islam est conditionné notamment au consentement de la femme, celui de son tuteur et la présence d’au moins deux témoins musulmans et honnêtes.

Quant à notre code du mariage et de la tutelle, son article 283 stipule : «Il n’y a pas de mariage lorsqu’il n’y a point de consentement. Le consentement n’est point valable s’il a été extorqué par violence ou s’il n’a été donné que par suite d’une erreur sur la personne. Il doit être donné oralement et en personne devant l’officier d’état civil par chacun des futurs époux. Il est constaté par la signature ou à défaut par l’apposition d’empreintes digitales au pied de l’acte», dira un avocat qui a requis l’anonymat.

Pour lutter contre le mariage forcé, le sociologue Modibo Touré déclare qu’il faut mener des actions de sensibilisation auprès des parents et des autorités afin de les informer des dangers sur les mariages forcés.

Il explique qu’il faut informer les enfants et les jeunes sur leurs droits et leur apprendre à les défendre. Modibo Touré propose de lutter contre les barrières à l’éducation afin de garder les filles à l’école. Et de poursuivre qu’il faut aider les familles à augmenter leurs revenus, grâce à la création d’opportunités d’épargne et d’activités génératrices de revenus pour éviter que les parents ne marient leurs filles et aient les moyens de les envoyer à l’école.

Car, justifie-t-il, très souvent, ces familles n’ont pas de sources de revenus pour prendre en charge les enfants. Les filles, dans ce cas de figure, servent de prétexte en les donnant en mariage afin de diminuer les charges d’une part et d’autre part éviter les dérives d’une débauche qui pourrait déshonorer la famille.

Djeneba BAGAYOGO

Lire aussi : Sofara, Tidermène et Ménaka : Les FAMa démantèlent un dépôt de carburant et deux bases terroristes

Dans le cadre de la surveillance du territoire, le 25 novembre 2025, les vecteurs aériens des Forces armées maliennes (FAMa) ont repéré et neutralisé avec efficacité un important dépôt de carburant appartenant à des groupes terroristes, situé à 19 km au nord de Sofara, dans la Région de .

Lire aussi : Projet «Femmes maliennes mobilisées pour le climat, la paix et la sécurité» : Les conseillers régionaux s’approprient les objectifs

Dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Femmes maliennes mobilisées pour le climat, la paix et la sécurité», la Coalition malienne genre, sécurité et changement climatique (Comagesc) a organisé, vendredi dernier dans les locaux de l’antenne de la Coalition à Banankabougou, un atelie.

Lire aussi : PRTD-Mali : des résultats tangibles en moins de deux ans

Le Projet de restauration des terres dégradées au Mali (PRTD-Mali) a tenu hier, dans un hôtel de la place, la 3è session ordinaire de son comité de pilotage..

Lire aussi : PCRSS et Malidenko : Des progrès substantiels et hautement encourageants

Le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, le Général de corps d’armée Ismaël Wagué, a présidé lundi dernier, au sein de son département, la 7è session du Comité d’orientation et de pilotage du Projet communautaire de relèvement et de stabilisation au .

Lire aussi : Secteur de l’eau, l’hygiène et l’assainissement : Nécessaire amélioration de l’accès à l’assainissement de base

Il ressort des données relevant d’une étude dans le cadre du Programme ASWA que 45% de la population dans notre pays n’y ont pas accès. La même source indique que 25% de nos compatriotes ne disposent pas d’eau potable.

Lire aussi : Gouvernement-société Barrick : un accord de sortie de crise à la mine d’or de Loulo-Gounkoto

Le gouvernement de la République du Mali a conclu un accord de règlement avec la société Barrick Gold mettant fin au différend relatif à l’exploitation de la mine d’or de Loulo-Gounkoto..

Les articles de l'auteur

US Bougouba : Confusion après le départ de l’entraîneur Kalilou Doumbia

C'est la première crise de la saison en championnat professionnel Ligue 1 Orange. 48 heures seulement après la déroute (3-0) face à l'ASKO, l'US Bougouba a décidé de se séparer de son entraîneur, Kalilou Doumbia..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié mercredi 26 novembre 2025 à 07:53

Championnat professionnel Ligue 1 Orange : L’ASKO frappe d’entrée

La 2è édition du Championnat professionnel, Ligue 1 Orange a débuté vendredi dernier. Pour la première journée, seulement trois victoires ont été enregistrées. Les rencontres impliquant les cadors engagés en compétitions africaines (AS Réal-Stade malien et AFE-Djoliba AC) ont été reportées au mercredi 10 décembre..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié mardi 25 novembre 2025 à 08:55

Compétitions africaines des clubs : Le bon début du Stade malien de Bamako

Le Stade malien de Bamako a réussi son entrée en phase de groupes de la Ligue des champions d’Afrique en décrochant un nul précieux (0-0) sur la pelouse de l’Espérance sportive de Tunis (EST)..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié lundi 24 novembre 2025 à 11:03

Ligue des champions d'Afrique : Le stade malien de bamako à l’assaut de l’espérance de tunis

Le Stade malien de Bamako commence la phase de poules de la Ligue des champions d’Afrique en dehors de sa base. Les Blancs de Bamako effectueront leur première sortie ce samedi en Tunisie face à l’Espérance sportive de Tunis (EST) au stade Olympique Hammadi-Agrebi à 17h GMT..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 11:59

Coupe de la Confédération : Le Djoliba AC prêt à en découdre avec l’OCS du Maroc

Les Rouges entament leur campagne en phase de poules ce dimanche au stade du 26 Mars et misent sur une victoire à domicile face à l’Olympique club de Safi (OCS), une équipe marocaine en difficulté, pour lancer idéalement leur quête des quarts de finale.

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié vendredi 21 novembre 2025 à 11:47

Nos expatriés : Yves Bissouma dans le viseur de Galatasaray

Le club turc met la pression pour arracher le milieu de terrain malien à Tottenham. Sous contrat jusqu’en 2026, l'international malien n’a pas disputé la moindre minute avec les Spurs cette saison.

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié jeudi 20 novembre 2025 à 08:27

Forum de l'ACNOA : Mme Aminata Dembélé a représenté le Mali à Bujumbura

Le Comité national olympique et sportif du Mali (CNOS-Mali) a pris part au Forum de l'Association des comités nationaux olympiques d'Afrique (ACNOA), qui s'est déroulé les 11 et 12 novembre derniers à Bujumbura, au Burundi. Le Mali y était représenté par la présidente de la Commission femme et sport du CNOS-Mali, Mme Aminata Dembélé, ceinture noire 4 dan de taekwondo..

Par Djeneba BAGAYOGO


Publié jeudi 20 novembre 2025 à 08:25

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner