Il faut assurer le plaidoyer perpétuel pour inverser la tendance
Certains
observateurs de l’actualité malienne affirment, sans prendre de gants, que les
médias ne s’intéressent pas aux personnes atteintes de handicap pour leurs
expertises dans le débat public. Les journalistes et animateurs n’ont recours à
elles très souvent que pour parler de handicap, de leur ressenti par rapport au
regard des autres et de leurs difficultés, notamment en termes de
stigmatisation, voire de discrimination.
Rarement, ces personnes (nombre
d’entre elles) sont consultées, elles ont pourtant une expertise avérée dans
bien de domaines où elles écrasent le débat du haut de leur éloquence verbale,
de leur élégance d’esprit et de la solidité de leurs argumentaires. En tout
cas, ces personnes ont peu de place dans les colonnes des journaux et encore
moins sur les plateaux de télévision dans les débats sur l’actualité brulante
et sur des préoccupations de la nation.
Sur la question, le rapport du monitoring sur l’inclusion des personnes handicapées dans les programmes de dix chaînes de télévision de notre pays de la Haute autorité de la communication (Hac), présenté en décembre dernier, est plus parlant. Selon ce document de 17 pages, l’inclusion de ces citoyens dans les programmes des médias représente seulement 0,5% des personnes intervenues. Le rapport précise que la personne handicapée est mise à l’écart, avec seulement 0% d’intervention sur les questions liées au processus électoral et 0,1% sur les autres sujets d’actualité dans les médias monitorés.
Le président
de l’Union malienne des aveugles (Umav) affirme que cette faible participation
montre à quel degré le handicap n’est pas bien compris par nos compatriotes, y
compris intellectuels et analphabètes. «On a l’impression que le handicap est
synonyme de sanction. On sous-estime les personnes vivant avec le handicap»,
explique avec une pointe d’amertume Hadji Barry. Il se rappelle avoir participé
à trois débats dont deux organisés par Studio Tamani sur des thématiques
portant sur les personnes handicapées de manière générale et l’éducation et un
autre sur une chaîne de télévision privée.
Il explique avoir reproché à un
journaliste atteint de handicap aussi de ne pas faire de plaidoyer pro domo et
d’en finir avec cette marginalisation des personnes atteintes de handicap. Pour
lui, il est temps de porter un autre regard sur les personnes handicapées qui
peuvent verser des avis intéressants dans le débat public et proposer des
solutions. «Chaque fois qu’on a des opportunités, nous devons donner notre avis
sur les préoccupations de la nation», explique clairement celui qui est aussi
membre du Conseil national de Transition (CNT). Selon lui, il faut assurer le
plaidoyer perpétuel pour inverser la tendance.
Le directeur
de la section télévision du groupe Africable partage le constat de l’absence
des personnes handicapées sur les chaînes de télévision. Mais pas pour une
quelconque discrimination encore moins un mépris. «Les personnes en situation
de handicap qui sont passées dans mon émission se comptent sur les doigt d’une
main.
Pourtant quand nous invitons une personne sur le plateau, on ne voit pas
son handicap parce que personne n’est à l’abri d’un handicap. On peut être
bien portant aujourd’hui et demain vivre avec un handicap», explique Sékou
Tangara. Et de préciser que le premier critère, c’est de voir si la personne
invitée peut enrichir le débat quel que soit son statut physique. L’un de nos
invités réguliers à l’émission «Débat du dimanche» était une personne en
situation de handicap. «Nous voyons en lui un intellectuel qui apportait de la
qualité à nos débats», argumente-t-il. Mais le hic, c’est que les personnes qui
osent venir sur les plateaux de télévision sont rares.
SE DÉCOMPLEXER- Sékou Tangara pense que cette faible prise en compte des personnes vivant avec un handicap peut être due au fait que les présentateurs vont de moins en moins sur le terrain à la rencontre de débatteurs de qualité. Ce qui fait qu’ils ratent souvent des personnes atteintes de handicap très éloquentes, intelligentes et capables de faire des prestations de qualité dans les débats télévisés», relève le directeur de la section télévision du groupe Africable. Notre confrère affirme que les téléspectateurs apprécient leurs interventions. Et d’en appeler à plus d’inclusion des personnes en situation de handicap dans les débats sur les chaînes de télévision. Cependant, Sékou Tangara évoque un aspect qui n’est pas très souvent pris en compte dans les studios de télévision qui ne sont pas forcément construits en tenant compte des facilités d’accès au bâtiment pour les personnes handicapées.
Pour lui, il faut construire les chaines de télévision avec des rampes pour faciliter l’accès des personnes vivant avec le handicap. «Il y a une de nos personnes ressources qui était confrontée à cette situation inconfortable chaque fois qu’elle était invitée à participer à une émission. Nous étions obligés de l’aider à gravir les escaliers», raconte Sékou Tangara. Et de dire que sa chaine a décidé d’entreprendre des initiatives visant à aider ses animateurs et journalistes à recevoir ces personnes sur le plateau pour être à l’abri des reproches en la matière. Le présentateur du «Débat du dimanche» se dit convaincu que cette année, les personnes en situation de handicap seront de plus en plus présentes sur leur plateau de télévision.
La cheffe de la section enquête et débats de l’Office de radio et télévision du Mali (ORTM), Sira Bathily, relève que les personnes handicapées sont souvent présentes sur leur antenne pour débattre de leurs préoccupations en vue d’encourager d’autres à se décomplexer. «Durant l’édition 2023 du Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion, nous avons donné la parole à un non voyant. Il était vraiment dans son élément et était parfaitement à l’aise sur le plateau», explique-t-elle. Pour elle, si on parle de faible inclusion des personnes handicapées dans les débats, cela se justifie par le fait qu’elles ne sont pas tellement actives dans la vie politique ou au devant de la scène.
Notre
consœur de la télévision nationale regrette que la population lie le handicap à
la qualité de la personne. Elle affirme qu’il y a de grands intellectuels
vivant avec un handicap qui peuvent bien apporter des idées potables dans le
débat. La cheffe de la section enquêtes et débats les invite à s’affirmer pour
inverser la tendance en montrant à l’opinion nationale qu’elles ont des
potentiels et des initiatives. Sira Bathily pousse son explication plus loin.
Leur participation aux débats permet de découvrir leur talent et de s’imposer
dans la société.
Elle propose aux médias d’habituer le public à voir les
personnes vivant avec un handicap dans les débats inclusifs. Y compris à adapter
les conditions d’accès des services à ces personnes. Selon elle, cette
situation les exclut d’emblée à avoir accès au studio d’enregistrement. Selon les
statistiques, indique la Hac, le pourcentage de la population touchée par un
handicap est de 1,3 milliard, soit 16% de la population mondiale. Dans le même
ordre d’idée, poursuit-elle, le nombre de personnes vivant avec un handicap au
Mali est de 2.247.000, soit 15,5% de notre population.
Mohamed DIAWARA
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