#Mali : Arbacane Ag Abzayack, maire de la Commune urbaine de Kidal : «On ne peut pas réparer en une année ce qui a été détruit en 10 ans»

Il y a une année, contre vents et marées, les Forces armées maliennes (FAMa) guidées par une détermination sans faille et une bravoure épique qu’elles doivent aux équipements de pointe acquis grâce aux autorités de la Transition, signaient leur retour à Kidal après plus de 10 ans d’absence. Une année après, quelle est la situation réelle sur le terrain ?

Publié jeudi 14 novembre 2024 à 07:06
#Mali : Arbacane Ag Abzayack, maire de la Commune urbaine de Kidal : «On ne peut pas réparer en une année ce qui a été détruit en 10 ans»

Dans cette interview qu’il nous a accordée, le maire de la Commune urbaine de Kidal, Arbacane Ag Abzayack fait le point de la situation sécuritaire, du retour de l’Administration et des services sociaux de base. Il parle aussi de la rentrée scolaire, de l’économie locale, des défis et perspectives pour la région


L’Essor : Depuis le 14 novembre 2023, l’Armée malienne a triomphalement récupéré Kidal. Une année après, comment se présente la situation sécuritaire dans la région ?

Arbacane Ag Abzayack : De façon globale, la sécurité revient petit à petit. Mais, on ne peut s’empêcher de dire qu’il y a l’insécurité résiduelle.

 On a des problèmes sur nos routes. Ce sont des actes de banditisme et non du terrorisme. Il s’agit des gens qui brigandent et coupent nos routes. C’est ce genre d’insécurité qu’on a aujourd’hui à l’intérieur de la région. Sur la frontière, il y a l’embargo que nous font subir les groupes armés terroristes. Mais dans les centres urbains, il n’y a pas de problèmes. Tout le monde vaque librement à ses affaires. Les gens travaillent, c’est valable pour Kidal, Tessalit, Aguelhoc…

L’Essor : Après le retour de l’Armée, il y a eu la nomination d’un gouverneur. Comment se déroule le processus de retour de l’administration et des services sociaux de base ?

Arbacane Ag Abzayack : L’administration est de retour, le cabinet du gouverneur est au complet. Les services sociaux de base, en dehors des financiers qui sont à Bamako, sont là et opérationnels. Pour la santé, l’éducation, l’hydraulique, il n’y a pas de problèmes. Il y a la Société malienne de gestion de l’eau potable (Somagep) qui est en train de redonner l’eau à la ville et l’énergie fournie par la Société énergie du Mali (EDM-SA) s’améliore.

L’Essor : Les autorités de la Transition sont à pied d’œuvre pour que la Région de Kidal retrouve sa quiétude d’antan. Quelles sont les principales difficultés auxquelles les populations sont confrontées et vous-mêmes en tant qu’autorité municipale ?

Arbacane Ag Abzayack : Les difficultés sont celles d’une région qui sort de 10 ans d’occupation et d’absence de l’État. On ne peut pas tout faire en un an. On ne peut pas résoudre en une année, tous les problèmes causés en 10 ans. Pour le moment, le grand problème qu’on a, c’est l’insécurité sur les routes. Parce que notre débouché, c’est Gao. Donc, si les populations, les transporteurs, les commerçants ne peuvent pas circuler normalement, cela crée des problèmes. C’est notre plus grande préoccupation. Mais, nous sommes en train de surmonter petit-à-petit ces problèmes.

L’Essor : La rentrée scolaire a eu lieu le lundi 4 novembre dernier. Comment s’est-elle passée à Kidal ?

Arbacane Ag Abzayack : Le gouverneur, le Général de division Alhadji Ag Gamou, a fait le tour de toutes les écoles avec les maires et les autorités scolaires. Les écoles ont repris normalement le 4 novembre à Kidal comme partout au Mali. Maintenant, on a des problèmes d’enseignants comme l’a dit le gouverneur dans son adresse aux responsables de l’éducation. Certains enseignants ne veulent pas rejoindre leurs postes. Mais les choses commencent à aller, car quelques-uns sont arrivés. Le besoin qui avait été exprimé était de 96 enseignants pour les écoles de Kidal, Aguelhoc, Tessalit et Anéfis. Sur ce point, des efforts sont en train d’être faits. La rentrée a eu lieu, mais, il y a des centres où l’État n’est pas encore présent.

L’Essor : Aujourd’hui, quels sont les principaux secteurs ou activités qui font tourner l’économie locale avec le retour de l’Armée et de l’administration ?

Arbacane Ag Abzayack : L’économie de la Région de Kidal a toujours été essentiellement basée sur l’élevage. Cela continue. Le commerce apporte ce qu’il apporte. Et le petit commerce aussi dans la ville. Pour le moment, la région est en train de renaître de ses cendres. On ne peut pas parler d’économie à grande échelle comme c’était le cas en 2010 ou 2011. Beaucoup de gens qui étaient partis commencent à revenir petit-à-petit. Il y a beaucoup de contingences. On ne sait plus à qui se fier. Sur les routes, ça ne va pas, le banditisme est là. Mais comme le dit l’adage, petit-à-petit, l’oiseau fait son nid.

L’Essor : Il est certain qu’il existe des défis à surmonter. Vu la présence de l’Armée et le retour progressif de l’administration, quelles sont les perspectives pour la région ?

Arbacane Ag Abzayack : Je pense que ça va aller. Les conditions et la situation vont s’améliorer d’une manière ou d’une autre. Les autorités de la Transition sont en train de mettre le paquet parce que récupérer Kidal n’est pas une fin en soi. Il faut que Kidal reflète la République. C’est cela notre souci. C’est pour cela qu’on travaille et qu’on est tous les jours en train de sensibiliser les populations pour leur dire que Kidal, c’est le Mali et le Mali, c’est Kidal. Je crois que chacun de nous doit apporter sa pierre pour qu’il en soit ainsi.

L’Essor : Avez-vous un message pour les populations de Kidal ?

Arbacane Ag Abzayack : Nous appelons d’abord les populations à soutenir les autorités de la Transition. Le 11 novembre, on vient de fêter la Journée nationale des légitimités traditionnelles. Elles nous ont mandaté pour demander à notre gouverneur de solliciter la candidature du Général d’armée Assimi Goïta à l’élection présidentielle. Cela veut dire que les populations sont vraiment engagées pour la construction du nouveau Mali. Les populations ont une certaine confiance aux autorités actuelles qui n’existait pas avant. Donc, notre souci d’abord, c’est de les appeler à soutenir les autorités au niveau régional et national pour que les efforts qui sont entrepris puissent atteindre les objectifs escomptés.

 

Propos recueillis par

 

Dieudonné DIAMA

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