
Le moment est propice parce que
beaucoup de choses ont changé dans la réalité de l'Afrique et des pays en développement :
« Les jeunes représentent, aujourd'hui, une part beaucoup plus importante
de la population, les femmes sont devenues beaucoup plus actives. Les médias
sociaux exigent désormais que l'on rende des comptes en temps réel », selon Salil Shetty qui s’est entretenu avec la presse africaine présente en Zambie, lors du sommet sur la démocratie
du 30 au 31 mars.
« La démocratie nous a apporté
de nombreux avantages. Nous devrions tous être heureux d'avoir plus d'élections,
plus de gouvernements qui sont plus représentatifs du peuple », a déclaré
le vice-président pour les Programmes de Open
Society.
« Ceci étant, je pense que nous
connaissons aussi la réalité : ce n'est pas parce que des gens sont élus que le
pays devient une démocratie. Ainsi, dans de très nombreux pays, nous avons,
aujourd'hui, des dirigeants qui sont élus mais qui n'ont pas encore la
confiance de la population », a tempéré l’activiste pour les droits humains
Selon lui, l'ancienne démocratie a
fait son temps. Le moment est venu pour les pays en développement de repenser,
dans le contexte de l'Afrique et du Sud global, « à un système qui
gouverne de manière plus responsable et plus transparente et qui apporte des
avantages réels à la population, en particulier aux laissés-pour-compte, aux
groupes les plus exclus et les plus marginalisés. » « C’est ce que
nous entendons par renouvellement démocratique », a dit Salil Shetty.
Le continent africain peut-il
soutenir ce renouveau démocratique gagnant pour les populations ? Notre
interlocuteur signale que des manifestations ont lieu dans les rues de Tunisie
et du Sénégal, des élections ont eu lieu au Nigeria. « Les gens continuent
de débattre de la question de savoir si les élections au Kenya et au Nigeria
ont été ou non équitables.»
RENOUVEAU DEMOCRATIQUE - Ces actions « représentent vraiment la volonté de l'ensemble de la population », dit-il pour fonder son optimiste même s’ « il ne faut pas se leurrer en pensant que nous avons atteint l'Afrique démocratique. Nous avons encore un long chemin à parcourir. »
« Il appartient aux citoyens de
se rassembler et de dire ce que nous voulons pour l'avenir. Je ne veux pas que
nous soyons obnubilés par le présent. La question est de savoir de quoi nous
avons besoin pour l'avenir » pense Shetty.
En fait, la Fondation Open Society travaille, depuis des décennies, dans toutes les régions d'Afrique, « pour soutenir les voix de ceux qui ne sont pas entendus » « Nous soutenons donc des organisations et des personnes qui luttent pour la justice et les droits », a expliqué son vice-président.
Un autre constat de Salil Shetty, 60
ans après les indépendances africaines : « c'est d'une démocratie qui
est pertinent dans le contexte africain dont nous avons besoin. Nous avons une
tradition de communautarisme. Nous avons des sociétés traditionnelles, des sociétés
indigènes. Nous devons les respecter. »
« Nous ne pouvons pas nous
contenter de prendre le modèle français, britannique ou américain et dire qu'il
est pertinent pour nous. Nous pouvons en tirer le meilleur, mais nous devons
produire un modèle qui fonctionne dans notre contexte, qu'il s'agisse de l'Amérique
latine, de l'Afrique, de l'Asie ou du reste du monde », explique-t-il,
convaincu que « le moment est venu pour nous de repenser ce dont nous
avons besoin pour l'avenir. »
En réalité, les principes de base
restent les mêmes : avoir une voix, pouvoir participer, être représentés
parce « les gens veulent jouer un rôle dans la prise de décision et ils
veulent que nos dirigeants soient responsables. »
PRINCIPES
INTANGIBLES - « Si vous
demandez à une personne dans la rue ce qu'est la démocratie, elle vous répondra
que la démocratie signifie me sentir en sécurité, me sentir représenté, m'assurer
que mes besoins fondamentaux sont satisfaits. C'est aussi simple que cela. »
« Alors ne compliquons pas trop
les choses. Le défi auquel nous sommes confrontés est que nous avons des
dirigeants (une élite, une très petite minorité de la population) pas seulement
en Afrique, mais aussi dans toutes les parties du monde, qui ont utilisé la démocratie,
l'ont sabotée, s’en sont servie et l’ont manipulée pour leur propre bénéfice »,
critique le vice-président pour les Programmes de
Open Society. « Nous avons donc besoin d'un système qui ne permettra
pas que cela continue », conclut-il.
Quand nous parlons de renouveau démocratique,
nous savons tous que les élections sont l'un des piliers d'une démocratie.
Alors, comment allons-nous parvenir à un renouveau démocratique et à la démocratie
alors que nos élections sont sources de conflits ?
« Beaucoup
de nos dirigeants ont utilisé le fait qu'il y ait des élections pour arriver à
leurs fins. Certains acteurs internationaux soutiennent qu’avoir un système
multipartite n'est pas la seule définition de la démocratie et je suis d'accord
avec cela.
«Si nous devons réfléchir à un nouveau système pour remplacer les élections et la représentation, il faut d'abord le mettre au point. Si nous ne disposons pas d'un meilleur système, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de dire simplement que nous allons faire une croix sur les élections », analyse M. Shetty
« Nous
avons besoin d'élections authentiques, libres et équitables. Nous avons besoin
de réelles démocraties et non de prétendues démocraties, nous avons besoin de
vraies démocraties », soutient-il.
Il est « tout à fait d'accord pour dire qu'il s'agit là d'idéaux que nous voulons atteindre. A ce stade, nous n'en sommes qu'au début du voyage. Ce que je veux dire, c'est que le moment est venu, en 2023, pour les citoyens du monde entier de trouver un moyen de ré-imaginer la démocratie pour l'avenir. »
Pour lui, le système actuel est cassé. « Trouvons un meilleur système. Je ne crois pas qu'il n'existe pas. Si nous nous mettons d'accord, nous pouvons y arriver »
Cette
tendance, notamment en Afrique de l'Ouest, inquiète notre interlocuteur qui
estime que le rôle de l'Armée est une question centrale. « Lorsque nous ré-imaginons
la démocratie, il faut penser à toutes les parties prenantes et s'assurer que
nous parvenons à une solution viable dans notre contexte », dit-il.
« Cela
ne signifie pas que nous ne respectons pas la séparation entre les représentants
élus et l'armée. L'armée a son travail à faire. Ils ne sont pas censés faire
des coups d'État et prendre le pouvoir. Nous ne parlons donc pas de compromis
sur les principes », pense Salil Shetty.
« C'est
aussi comme, par exemple, les groupes confessionnels. Tout le monde n'a pas
forcément la même opinion sur ces groupes. Mais, ils devraient prendre part à aux
discussions. Je veux dire que c'est l'un des défis à relever au Sénégal, n'est-ce
pas ? Ou au Mali d'ailleurs. »
Selon lui, si vous n'intégrez pas les groupes religieux dans le processus de négociation du pouvoir, vous en subirez les conséquences.. Et la jeunesse ? « Oui, oui, l'Afrique est un contient de jeunes mais, finalement, ils ne sont pas dans la discussion. Ils n'ont pas de voix sérieuse, ils n’ont qu'une représentation symbolique aux jeunes. Tout comme les femmes. Et ce n'est pas une option pour l'avenir. »
Envoyé spécial
Moussa DIARRA
Les États-Unis ont réaffirmé leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, confirmant la position communiquée par le Président américain Donald Trump au Roi Mohammed VI, rapporte, mardi, Mahgreb Arab Press (MAP)..
-.
-.
Le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration s’est entretenu, vendredi dernier, à Ouagadougou, avec des représentants de nos compatriotes établis dans la capitale burkinabè pour leur faire un large tour d’horizon de la situation g.
L’Union des agences de presse de l’Organisation de la coopération islamique (Una) a tenu une table ronde, samedi dernier à Djeddah, qui a recommandé de promouvoir les échanges de contenus sur l’actualité humanitaire entre les agences de presse et les médias en général..
Le Royaume d’Arabie saoudite a accueilli, le 26 octobre dernier, une conférence ministérielle de haut niveau des donateurs, avec le soutien de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), visant à faire face à la crise humanitaire aiguë qui touche le Nigéria, le Niger, le Tchad, le C.