Landerneau politique : Ascension lente et difficile des femmes

À l’occasion de la célébration des 34 ans de l’instauration du multipartisme dans notre pays, nous avons fait un gros plan sur la participation des femmes à la vie politique : le chemin parcouru, les écueils à surmonter et les défis à relever pour les années à venir

Publié mardi 08 avril 2025 à 08:24
Landerneau politique : Ascension lente et difficile des femmes


L’avènement de la démocratie dans notre pays marque une étape importante vers la participation citoyenne, la gouvernance inclusive et la garantie des libertés fondamentales. Grâce à la démocratie, les femmes ont progressivement acquis des droits politiques, économiques et sociaux qui favorisent leur participation à la prise de décision. La démocratie offre donc un cadre idéal et favorable aux droits des femmes, à leur participation active à la vie politique et à la promotion de l’égalité des genres.

Malgré les progrès, constate la présidente de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (Cafo), les femmes sont souvent sous-représentées dans les instances de décision. La culture patriarcale et la pauvreté demeurent des obstacles à leur pleine participation, explique Mme Kouyaté Goundo Sissoko. Pourtant, le rôle joué par elles dans l’accession de notre pays à la démocratie est crucial, notamment à travers leur mobilisation dans les mouvements sociaux, les associations de défense des droits humains et les initiatives citoyennes.


Elles ont contribué à porter la voix du changement. Malgré la contribution majeure des femmes, leur participation en politique reste souvent limitée, regrette la première responsable de la Cafo. Toutefois, elle reconnaît que des avancées notables ont été réalisées en matière de leadership féminin dans les formations politiques. Elle précise que l’on observe une présence accrue de femmes dans les partis politiques et une prise de conscience progressive de l’importance de leur participation.

Adiawiakoye Ramatou Koné est à la tête du bureau des femmes de l’Union pour la République et la démocratie (URD). Elle affirme que les femmes sont le socle de toute révolution et sans elles rien ne peut réussir. Elle explique que le leadership des femmes reste toujours un problème sur la scène politique, ajoutant qu’il n’est visible seulement que sur le plan social et économique. «Mais en politique cela laisse à désirer», déplore la femme leader. À son avis, pour changer la donne, il faut donner à la femme l’opportunité de s’affirmer et d’assurer pleinement sa place. 

De son côté, la présidente du Parti démocratique pour la justice (PDJ) trouve que depuis l’avènement de la démocratie, le leadership de la femme malienne s’est affirmé en ce sens que la politique qui était l’apanage des seuls hommes a basculé au profit de la gente féminine. Pour Hadja Aïssata Diawelle Ba, des femmes ont occupé notamment des postes de ministres et de parlementaires. Malgré ces avancées, nuance-t-elle, il y a du chemin à parcourir pour l’atteinte des objectifs en termes de participation accrue et significative de la femme à l’édification de la démocratie et à l’essor de notre pays.

Avis partagé plus ou moins par Ascofaré Oulematou Tamboura, vice-présidente du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires au Mali (Refamp). Pour elle, le rôle que les femmes ont joué dans l’avènement de la démocratie a été sous-estimé. Elle affirme que celles-ci sont sorties un peu déçues de ce grand mouvement sur lequel elles avaient fondé beaucoup d’espoir. «Elles comptaient sur l’acquisition de beaucoup de droits : plus d’accès à l’éducation et aux opportunités économiques», soutient l’ancienne ministre chargé de la Communication et ancienne représentante du Cercle de Ténenkou à l’Assemblée nationale. Et d’indiquer que la démocratie n’a pas grandement ouvert toutes les portes aux femmes, même si beaucoup parmi elles ont occupé des postes à titre symbolique.

 

ENTREPRENARIAT- Parlant des acquis de la démocratie, l’ancienne élue de Ténenkou relève que l’accès à l’éducation des femmes a connu une avancée pour leur autonomisation et a favorisé leur accès à des postes de travail plus importants. De même, l’entrepreneuriat n’est pas demeuré en reste, ajoute-t-elle. Ce secteur a été porté par de nombreuses initiatives de soutien aux femmes pour permettre à la gente féminine de contribuer à l’économie nationale. Bien que la démocratie a ouvert la voie au changement et à l’émancipation de la femme malienne, la vice-présidente du Refamp dira que l’autonomisation totale de la femme est un chemin encore long. 

La présidente de la Cafo reconnaît, cependant, que de 1991 à nos jours, la place des femmes dans les sphères décisionnelles au Mali a évolué, mais de façon contrastée. «La démocratisation a permis des avancées significatives avec à la clé une représentation féminine croissante dans les institutions publiques, les gouvernements et les assemblées», se réjouit Kouyaté Goundo Sissoko. Cependant, regrette-t-elle, la présence des femmes reste symbolique. La première responsable de la Cafo signale que la gente féminine demeure sous représentée dans les instances de décision stratégique, ajoutant que des obstacles socioculturels freinent encore sa pleine participation.

 Pour que ces acquis soient consolidés, elle estime qu’il est nécessaire de renforcer les mécanismes de parité, d’assurer l’application effective des lois et de promouvoir une culture politique inclusive qui valorise véritablement les compétences féminines. Kouyaté Goundo Sissoko se félicite de l’évolution de la législation, notamment les lois sur le quota de représentation des femmes qui a également contribué à ouvrir des portes, tout en déplorant le fait que les femmes occupent rarement des postes stratégiques de décision et leur rôle se limitant souvent à des fonctions symboliques.

La présidente du mouvement des femmes de l’URD dénonce, quant à elle, la marginalisation des femmes au sein des formations politiques. Déplorant que les femmes ne soient pas assez visibles sur la scène politique, Adiawiakoye Ramatou Koné fait remarquer que lors des élections, leur rôle se limite à mobiliser la population. Pour elle, la présence des femmes sur la scène politique ne doit pas se limiter à cela. «Vous ne verrez jamais dans une structure, une femme comme première responsable d’un secrétariat», fustige-t-elle, affirmant que les femmes sont toujours des adjointes, y compris dans le secteur où elles excellent comme celui de l’organisation. «Quelles que soient les structures créées spécialement pour les femmes, si elles ne sont pas au niveau de la direction, c’est un problème», renchérit la présidente des femmes du parti de la «Poignée de mains».

En termes d’attentes, nos interlocutrices sont unanimes. Elles souhaitent davantage voir les femmes dans les instances de prise de décision. Aussi, une pleine application des lois favorisant la parité et un meilleur accès des femmes à l’éducation figurent-ils parmi leurs recommandations. Félicitant l’adoption de la Loi n°2015-052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives, les femmes leaders déplorent son application ineffective tant sur les plans administratifs que politiques.


 

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La loi 052 sur la participation politique des femmes

D’après l’enseignant-chercheur à la Faculté des sciences administratives et politiques de l’Université Kurukanfuga de Bamako, Pr Mamadou Samaké, depuis le sommet de Beijing en Chine, en 2000, la participation des femmes à l’œuvre de construction nationale est au cœur de l’actualité par des mesures de discrimination positive en leur faveur dans les fonctions de responsabilité.

Selon Pr Mamadou Samaké, des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité demandent une plus grande responsabilisation des femmes dans la prévention et la gestion des conflits, car elles sont les premières victimes collatérales. «C’est ainsi que le Mali a adopté, le 18 décembre 2015, la loi 2015-052 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives», explique l’universitaire. Il salue les progrès réalisés depuis l’adoption de cette loi qui a joué un grand rôle dans la participation des femmes au plan politique puisqu’elle fait obligation aux partis politiques de tenir compte de l’alternance des sexes dans la constitution des listes de candidats.

Depuis son adoption, renchérit-il, le nombre de femmes conseillères municipales a beaucoup évolué ainsi que celui des femmes députées. Cependant, l’enseignant-chercheur regrette que les 30% prescrits par la loi n’ont pas encore été atteints. Pr Mamadou Samaké suggère que les femmes continuent à maintenir la confiance en elles-mêmes et à vulgariser le texte afin qu’au niveau des fonctions nominatives le nombre de femmes dans le gouvernement et les différentes administrations soit augmenté. Il met également l’accent sur l’éducation et la formation des femmes aux responsabilités. 

Mariétou KOITE

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