
Sur les toits des immeubles, les antennes de ces équipements d’amplification des signaux sont installées à perte de vue
Jeudi 9 février, le Grand marché de Bamako
grouille de monde. Oumar Niangadou, téléphone à l’oreille, passe d’une boutique
à une autre à la recherche du réseau pour communiquer. Finalement, c’est devant
le commerce d’Abou Sylla, qui possède un booster, que son Smartphone capte le réseau
téléphonique. «Le problème de réseau, c’est notre quotidien ici au Grand marché.
Ceux qui n’ont pas de booster sont obligés d’aller vers ceux qui en ont pour
avoir le réseau. Il faut absolument installer un booster pour avoir un réseau
stable», se justifie Abou Sylla.
En témoigne la prolifération de ces outils qui
brouillent pourtant la communication téléphonique notamment au Grand marché et
ses environs. Où, sur les toits des immeubles, les antennes de ces équipements
d’amplification des signaux sont installées à perte de vue. Notre équipe de
reportage a suivi les équipes de l’Autorité malienne de régulation des télécommunications,
Tics et Postes (AMRTP), chargées du démantèlement de ces boosters, dont l’usage
constitue une infraction.
L’objectif de cette opération, entamée depuis
le 6 février dernier, est d’optimiser la qualité des services télécoms. «Cette
opération de démantèlement des boosters a été motivée par le fait que le réseau
est mauvais dans le Grand marché de Bamako et ses environs, ainsi que dans
l’ensemble des marchés. Le constat a été établi que les équipements
d’amplification de signaux y sont pour beaucoup», explique le président de la
Commission de démantèlement et directeur du département des postes à l’AMRTP,
Idrissa Ly.
Avant d’engager ce grand nettoyage, l’Autorité
de régulation avait demandé aux opérateurs de téléphonie mobile de renforcer
leurs capacités dans les secteurs concernés, en déployant les moyens adéquats.
Mais, selon Idrissa Ly, «il s’est avéré que ce travail n’est pas possible, tant
que les boosters continuent de fonctionner». C’est ainsi que le démantèlement définitif
de ces appareils a été décidé, en «collaboration avec les représentants des
commerçants et après l’analyse de la situation».
Pour y arriver, le Grand marché de Bamako a été divisé en dix secteurs. Cinq équipes, composées d’huissiers, de gabiers et de policiers, sont déployées au niveau du marché «Dabanani». Chacune des équipes est conduite par un agent de l’AMRTP. Et pour le bon déroulement de l’opération, la direction régionale de la police a été sollicitée afin de contenir d’éventuelles situations conflictuelles. Ces équipes traquent, tous les jours, les boosters et autres équipements électroniques nocifs. Chaque fois qu’une zone est libérée, les équipes des opérateurs de téléphonie mobile passent le lendemain pour faire des tests et ajuster leurs équipements.
VIOLATION DE LA RÉGLEMENTATION- Chaque
appareil saisi est enregistré, ses coordonnées et équipements sont déposés à la
police. À la date du 13 février, l’AMRTP a démonté 512 antennes de boosters à
travers le Grand marché. Des appareils qui se sont retrouvés sur le marché,
installés et exploités en violation de la réglementation. «Les gens ignorent
que depuis 2015, dans notre dispositif juridique, il y a un texte règlementaire
qui interdit l’importation, l’installation et l’exploitation de certains
appareils électroniques qui sont nocifs à la communication», révèle Idrissa Ly.
Il rappelle qu’en la matière, il faut des autorisations assorties
d’homologation. Seule l’AMRTP est habilitée à délivrer les autorisations.
Au Grand marché, il n y a pas un seul appareil
qui a été installé conformément à la réglementation. Autrement dit, les textes
ont été violés par tous les commençants ayant fait installer des boosters. En
effet, leur utilisation est explicitement évoquée par le décret n°2016-0274/P-RM
du 29 avril fixant les conditions et les procédures d’agrément des équipements
de télécommunications et des Technologies de l’information et de la
communication (Tic). En son article 4, ce décret stipule que «tout équipement
terminal destiné à être connecté directement à un réseau de télécommunications/Tic
ouvert au public ne peut être mis sur le marché malien ou utilisé au Mali
qu’après agrément accordé par décision de l’Autorité».
Cet agrément est également exigé préalablement
à la mise sur le marché de toute installation radioélectrique, quelle que soit
sa destination. Le texte ajoute que l’agrément des équipements terminaux et des
installations radioélectriques doit être demandé. Cela tant pour la fabrication
pour le marché intérieur que pour l’importation, la détention en vue de la
vente ou la mise en vente et pour la distribution à titre gratuit ou onéreux,
et la publicité dont ils peuvent faire l’objet lorsque cette dernière adresse
concerne spécifiquement le Mali. À préciser qu’au sens de ce décret, l’on
entend par équipement terminal, tout équipement destiné à être connecté
directement ou indirectement à un point de terminaison d’un réseau de télécommunications
en vue de la transmission, du traitement ou de la réception d’informations.
Ces dispositions légales sont vraisemblablement méconnues des services concernés par le sujet. «Nous avons rencontré la direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence qui ignorait même ce que c’est qu’un booster. Nous leur avons envoyé une copie et les textes. On a aussi rencontré la douane. Chacun doit jouer son rôle dans cette affaire. Ceux qui doivent interdire l’importation doivent faire leur travail et ceux qui doivent aider à nettoyer le marché ont leur rôle à jouer. Malheureusement, depuis deux ans, nous n’avons pas senti cette collaboration», regrette Idrissa Ly. Mais étant dans la ligne de mire en tant qu’Autorité de régulation, l’AMRTP s’est vue dans l’obligation de faire valoir la loi.
OUF DE SOULAGEMENT- De l’avis des commerçants,
cette opération de démantèlement répond aux soucis en matière de communication.
Les plus heureux sont visiblement les occupants des immeubles «Galerie Djigué,
Bally, Sept Villages, Nimaga, Mandiou Simpara ou encore Espace Samassa». En ces
lieux, chaque commerçant y va de son commentaire. Ils sont nombreux à pousser
un ouf de soulagement, comme Moussa Sacko qui affirme que la qualité du réseau
s’est nettement améliorée après le démontage des boosters. «Le problème est
situé et la solution est trouvée. Donc, nous demandons aux autres commerçants
d’enlever les boosters, parce que si chacun démonte ses antennes, le réseau téléphonique
se rétablira», sensibilise un négociant.
Pour réussir son opération, l’AMRTP a opté pour la méthode dite «soft». Elle consiste à expliquer les méfaits de ces appareils, de sorte que leurs détenteurs réalisent l’ampleur du préjudice et adhérent au processus de démantèlement. Cependant, tout cas de refus d’obtempérer est immédiatement soumis aux autorités compétentes. À nos jours, les équipes de l’AMRTP n’ont encore pas rencontré de résistance sur le terrain. Le plus difficile sera sans doute le suivi régulier pour empêcher le retour des équipements démantelés sur les toits des immeubles. À condition de pouvoir continuer à mettre à disposition un réseau de qualité.
Babba COULIBALY
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