Le ministre de l’Agriculture, Daniel Siméon Kelema, a sillonné, du 6 au 8 septembre dernier, la filiale sud (Sikasso et Bougouni) de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT). Une tournée qui lui a permis d’être en contact avec les exploitants agricoles et d’apprécier, à travers des visites de champs, l’état végétatif des cultures. Il a aussi rencontré, samedi dernier dans un hôtel de Sikasso, les cadres de la CMDT, les services techniques en charge des productions agricoles, ainsi que les représentants de la profession agricole. C’était en présence du président directeur général de la CMDT, Mamadou Moustapha Diarra, du président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), Sanoussi Bouya Sylla, et du président de la Confédération des sociétés coopératives des producteurs de coton (C-SCPC), Yacouba Traoré.
Lors de cette rencontre, les participants ont évoqué, entre autres, les difficultés liées à l’accès aux ressources financières, l’insuffisance d’engrais, notamment pour les céréales, le problème d’approvisionnement en eau pour les activités de contre-saison. Ils ont également souligné le manque d’équipements, parfois non adaptés et l’absence de collaboration entre les différents acteurs.
La campagne agricole 2024-2025 de la filiale sud de la CMDT a démarré dans un contexte difficile en raison des conditions pluviométriques. L’administrateur général de la filiale sud de la CMDT, Mamari Berthé, a expliqué que cette situation a perturbé les semis, notamment dans la division de Bougouni. Au 30 juin, 263.029 hectares avaient été cultivés, soit 82,97% des prévisions. Et grâce à la mobilisation des producteurs et à l’encadrement fourni, les objectifs ont presque été atteints avec 307.475 hectares de coton (97%), 295.973 hectares de maïs (105%), 76.737 hectares de mil (106%) et 109.015 hectares de sorgho (84%).
Malgré ces progrès, l’approvisionnement en intrants agricoles a également été affecté par des livraisons tardives. La filiale a reçu 95% des besoins en complexe coton, 99,99% pour le complexe céréale, et 102% pour l’urée, bien qu’une grande partie soit arrivée après les délais requis.
Le traitement insecticide a couvert 45% des surfaces de coton, traitées quatre fois, tandis que 9% ont bénéficié de cinq traitements. Cependant, deux facteurs pourraient compromettre la campagne. Le premier est lié aux pluies excessives enregistrées depuis le 10 août, dépassant souvent 120 mm par jour, provoquant des inondations dans les champs. À la fin du mois d’août, 4.789 hectares de coton, 1.125 hectares de maïs, 262 hectares de mil et 323 hectares de sorgho étaient inondés. Le second facteur est l’apparition d’un pic de jassides, particulièrement dans les zones de Kignan, Nièna et Sikasso, contre lesquels des mesures sont déployées. Malgré ces défis, Mamari Berthé reste optimiste et espère une production de 293.500 tonnes de coton graine, contre 248.360 tonnes l’année dernière et une autosuffisance alimentaire avec un excédent estimé à 433.151 tonnes.
Le ministre de l’Agriculture s’est montré optimiste face aux préoccupations soulevées par les producteurs agricoles, tout en reconnaissant que tout ne peut être résolu à 100%. Daniel Siméon Kelema a souligné que la mise en œuvre d’une campagne agricole comporte toujours des hauts et des bas, et qu’il est essentiel d’en tirer des leçons. Il a également appelé à la solidarité nationale envers les victimes des récentes inondations.
En outre, le chef du département de l’Agriculture a mis en garde les producteurs contre les conditions météorologiques exceptionnelles cette année. Contrairement aux années précédentes, où les pluies s’estompaient fin septembre, des pluies intenses sont prévues jusqu’en novembre, avec des périodes de sécheresse, variant selon les zones agroécologiques. Il a exhorté les producteurs à rester vigilants. Daniel Siméon Kelema a insisté sur la nécessité d’organiser les filières agricoles, de la production à la commercialisation. Il a suggéré que chaque maillon de la chaîne soit structuré, comme cela est fait pour le coton, afin d’attirer davantage d’investisseurs dans le secteur.
Le président directeur général de la CMDT a insisté sur l’importance de suivre rigoureusement les calendriers de traitement et d’utiliser des produits adaptés pour garantir une bonne récolte de coton. Mamadou Moustapha Diarra a expliqué que si ces pratiques sont respectées, la récolte de coton sera satisfaisante. Il a aussi souligné l’importance de la diversification des cultures, notamment pour assurer la sécurité alimentaire. À ce propos, il a rappelé que sa structure soutient partiellement l’approvisionnement en intrants pour la culture du maïs.
Le patron de la CMDT est revenu sur l’importance de récolter le coton à temps pour éviter que les pluies dégradent sa qualité, car un coton de première qualité est mieux payé qu’un coton déclassé.
Envoyé spécial
Amadou GUEGUERE
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