Culture, Cinéma malien : Mamy, une bibliothèque qui brûle

Mamadou Sidibé, du haut de ses 83 ans, s’est éteint lundi 24 avril 2023, entrant au panthéon érigé par Amadou Hampäté Bâ qui a valorisé la séniorité par cet adage exprimé devant l’Unesco en 1960 «En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle».

Publié vendredi 26 mai 2023 à 06:17
Culture, Cinéma malien : Mamy, une bibliothèque qui brûle

De 1964 à 1999, Mamy, comme l’appellent affectueusement les intimes, s’est donné à fond pour l’essor du cinéma malien, d’abord à l’Anim (Agence nationale d’information du Mali) puis au CNPC (Centre national de production cinématographique) qui devient CNCM (Centre national de la cinématographie du Mali).

Formé au Maroc de 1964 à 1965 à la technique du cinéma, il effectua de nombreux stages à partir de 1970 en Yougoslavie (aujourd’hui la Serbie) qui a été d’un apport inestimable pour le Mali en matière de cinéma. En sa qualité de caméraman, il a effectué des reportages d’actualité filmées sur la vie politique, économique, sociale, culturelle et sportive dont les activités du président Modibo Kéita, puis celles de Moussa Traoré jusqu’à l’avènement de la télévision en 1983.

Il faisait partie d’un noyau de jeunes recrutés et formés à la technique cinématographique en URSS, en Yougoslavie, en Tchécoslovaquie, entre autres. La jeune République du Mali a senti la nécessité de se doter de moyens de communication en créant l’Anim, chargée de gérer l’information avec Radio-Mali (qui s’appelait Radio-Soudan jusqu’au 22 septembre 1960), le journal l’Essor (créé en 1947) et la division cinématographique chargée des reportages filmés, des documentaires et, éventuellement des films de fiction comme en 1972 «5 jours d’une vie» de Souleymane Cissé et en 1976 «Le retour de Tiéman» de Djibril Kouyaté.

Ces deux hommes étaient de la frange des réalisateurs aux côtés des cameramen qu’étaient entre autres, Mamadou Sidibé, Moussa Sidibé, Cheick Hamalla Kéita, Isaac Diallo, Moussa Camara et des techniciens de son et d’éclairage comme Moussa Diallo Albert, Mamadou Camara.

Cette division de l’audiovisuel de l’Anim assurait le reportage, le montage (à Belgrade) des films de reportages qui étaient ensuite mis à la disposition des salles de cinéma qui les projetaient avant les séances de films de fiction. L’Anim se scinda en deux branches : l’Amap et la division cinéma qui prit le nom de CNPC en 1979 puis celui de CNCM en 2005.

Mais, l’avènement le 22 septembre 1983 de la RTM, (Radiodiffusion Télévision du Mali, devenue ORTM) grâce à une subvention de 2,5 milliards de Fcfa du gouvernement libyen et son soutien technique, a réduit considérablement le champ des actualités filmées, ce qui poussa à la création du CNPC essentiellement orienté sur les films de fiction et documentaires.

Mamadou Sidibé était une véritable bibliothèque du cinéma malien. Aux côtés de son alter ego, Moussa Sidibé, il a participé activement à toute cette évolution de la communication au Mali. Il a ainsi contribué à la formation des jeunes recrues pour donner un sang nouveau au cinéma malien.

Ainsi, sont arrivés des réalisateurs comme Ibrahim Touré, Adama Drabo, Ladji Diakité, Sidi Sangaré, Léopold Togo, Youssouf Coulibaly, mais aussi des cameramen comme Boubacar Sidibé ( aujourd’hui brillamment reconverti en réalisateur avec beaucoup de films à son actif, surtout des séries TV et courts métrages), Abdrahamane Somé, Mohamed Lamine Touré....

Jusqu’à son départ à la retraite en 1999 ; Mamadou Sidibé était comme un conseiller technique pour les directeurs qui se sont succédé au service du cinéma malien, à savoir Modibo Diarra, Mamadou Kaba, Cheick Oumar Sissoko, Youssouf Coulibaly. Sa bonhommie faisait qu’’il s’entendait avec tout le monde et prodiguait des conseils qui éteignaient le feu des cœurs les plus impulsifs. En retour, il était ouvert aux critiques même les plus acerbes et arrivait toujours à ne pas céder à l’emportement.

Mamy passait sa retraite dans son domicile à Kalabancoro lorsque la cruelle mort l’a fauché au terme d’une longue maladie au milieu des six enfants inconsolables qu’il laisse derrière lui, dont sa deuxième fille Mme Doumbia Mariam Sidibé, cadre commercial à l’Amap. Nous nous joignons à eux pour souhaiter que les bienfaits et les prières de soumission qu’il a consentis au Tout-Puissant tout au long de sa vie bien remplie lui ouvrent les portes du paradis.

Kabiné Bemba DIAKITÉ

Rédaction Lessor

Lire aussi : Théâtre : De jeunes enfants initiés à l’écriture de pièces

L’Association culturelle Côté cour a restitué, le week-end dernier à son siège à Djikoroni Para, les résultats de la phase pilote du projet «Éclat de plume-jeune public»..

Lire aussi : Biennale artistique et culturelle de Tombouctou : Kayes et Bougouni entrent en scène

Après deux nuits de compétitions, les troupes de Kayes et Bougouni étaient devant le jury, dimanche dernier, au terrain municipal de Tombouctou. La troupe de Kayes a ouvert la soirée avec son Ensemble instrumental qui a pour thème la paix. C’est l'appel pour un Mali reconcilié et uni autour .

Lire aussi : Biennale artistique et culturelle : Les Régions de Koutiala, Kita et San ont compéti samedi

Les Régions de Koutiala, Kita et San sont passées hier nuit devant le jury. Elles ont toutes présenté quatre numéros au lieu de cinq, contrairement à la première journée. Désormais, les orchestres vont competir dans la salle..

Lire aussi : Biennale artistique et culturelle de Tombouctou : Les competitions sont ouvertes depuis vendredi

Au lendemain de la cérémonie d’ouverture de la Biennale artistique et culturelle, les compétitions ont commencé avec les Régions de Bandiagara, Ségou et le District de Bamako..

Lire aussi : Forum mondial des civilisations : Un espace de Dialogue et de Paix

En marge de la Biennale artistique et culturelle qui est organisée à Tombouctou, le Forum mondial des civilisations a été ouvert vendredi dernier à l’Institut des hautes études et des recherches islamiques Ahmed Baba sous le thème: « Dialogue et paix, prospérité partagée »..

Lire aussi : La ville sainte dans l’esprit de la fête

Depuis son arrivée à Tombouctou, lundi dernier, le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme, Mamou Daffé, enchaine inaugurations et visites chez les notabilités de la cité des 333 Saints..

Les articles de l'auteur

CAN 2025 : Mali-Zambie 1-1, un nul frustrant pour les Aigles

La sélection nationale a quelque peu raté son entrée en matière, en concédant le nul 1-1 face à la Zambie dans une rencontre qu’elle a dominée de bout en bout. Lassine Sinayoko a marqué pour le Mali à la 62è minute avant de voir Patson Daka remettre les pendules à l’heure pour son pays dans le temps additionnel.

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 23 décembre 2025 à 08:55

Théâtre : De jeunes enfants initiés à l’écriture de pièces

L’Association culturelle Côté cour a restitué, le week-end dernier à son siège à Djikoroni Para, les résultats de la phase pilote du projet «Éclat de plume-jeune public»..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 23 décembre 2025 à 08:26

Force Unifiée de l’AES : L’esprit de la défense collective en marche, le commandement en place

Depuis septembre 2023, suite à la création de l’Alliance des états du Sahel, érigée un an plus tard en Confédération, les Forces de défense et de sécurité du Burkina Faso, du Mali et du Niger mènent des opérations synchronisées et coordonnées, des opérations parfois tripartites comme Yéroko 1 et 2 qui se sont déroulées entre 2024 et 2025,.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 22 décembre 2025 à 09:33

Carte d’identité biométrique et Passeport AES : Des piliers d’intégration des peuples de l’espace confédérale

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger disposent désormais d’un Passeport et d’une Carte d’identité biométrique communs, dans le cadre de la Confédération des états du Sahel (AES). Par ces documents d’identification, les pays de la Confédération réaffirment ainsi leur engagement pour l’intégration des peuples dans l’espace confédérale..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 22 décembre 2025 à 09:21

Confédération Alliance des états du Sahel : Un processus mené dans le respect des aspirations des peuples

La Confédération des états du Sahel ou la Confédération AES regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger est un outil d’intégration dont la création a suivi un processus progressif. De la signature d’un accord de défense à l’organisation du 1er sommet des Chefs d’état tenu le 6 juillet 2024 à Niamey, où le traité créant.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 22 décembre 2025 à 09:18

Cour pénale et des droits de l'Homme du Sahel : S’affranchir d’une justice internationale instrumentalisée

Dans leur marche vers la souveraineté et l’indépendance totale, les pays membres de la Confédération des états du Sahel (AES) ont officiellement annoncé leur sortie de la Cour pénale internationale (CPI) et la création de la Cour pénale et des droits de l'Homme du Sahel (CPS-DH)..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 22 décembre 2025 à 09:11

Confédération AES : Des outils de communication pour une souveraineté informationnelle

Les pays membres de la Confédération des états du Sahel (AES), dans leur marche vers la souveraineté, ont reconnu la nécessité de s’unir autour de médias communautaires pour garantir une diffusion d’informations claires, fiables et adaptées aux aspirations de leurs citoyens. Ainsi, des plateformes numériques, une télévision et une radio de l’AES ont vu le jour.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 22 décembre 2025 à 08:06

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner