Adama Namacoro Fomba : L’artiste-musicien n’est plus

«Allah ndèmè», littéralement Dieu aide moi. Les mélomanes se souviennent encore de cet air aux allures de cri du cœur et qui a fait tabac au-delà de nos frontières. L’auteur de cet opus, Adama Namacoro Fomba, s’est éteint samedi dernier à Dioïla. Il laisse aux mélomanes maliens trois albums et des chants très philosophiques sur la vie.

Publié lundi 13 janvier 2025 à 07:29
Adama Namacoro Fomba : L’artiste-musicien n’est plus

L’artiste, révélé dans sa carrière solo en 1999 à travers «Allah ndèmè», s’était finalement installé avec les siens à Tiendo, village situé à une dizaine de kilomètres de Dioïla où, il cultivait pour nourrir sa famille. Le chanteur était permanemment sollicité par l’arrondissement central pour animer les soirées lors des visites des personnalités.

Son véritable exploit fut la biennale de 1978 avec son morceau «Konya Magni». Le gouverneur de la Région de Koulikoro d’alors, Sory Ibrahim Sylla, fit de lui son enfant chouchou et le comblait de présents et d’argent à toutes occasions. Adama Namacoro Fomba récite ses premières gammes musicales dans sa ville natale Dioïla au sein de l’orchestre «Baniko Jazz». Il confirmera au fil des éditions de la Biennale artistique et culturelle au compte de la Région de Koulikoro, avant de migrer en 1979  vers la Côte d’Ivoire pour rejoindre Sory Bamba, une figure de proue de la musique malienne, maître de l’orchestre : Le Kanaga de Mopti.

Son séjour fut fructueux, il aimait rappeler avoir y gagné un peu d’argent dans le groupe Tintinba Jazz et côtoyé de grands musiciens. Informé de l’ouverture à Bamako de Mali K7, un studio de production pour la promotion de la musique malienne, qui coïncide avec le décès de son père, il revient au pays pour être auprès de sa maman.

Le 12 juillet 1994, il débarque à Bamako et prend contact avec Philipe Conrhate, le directeur de Mali K7, auprès de qui il a été recommandé par Sory Bamba. Quelques mois après, il produit sa première cassette, Kolon Djugu Yiri. Un opus qui le propulse au-devant de la scène musicale. Ses anciens compagnons du Banico Jazz, qui avaient entre temps rejoint le Rail Band, en profitent pour l’embarquer dans une tournée de quarante jours en France. Ce qui lui permit de découvrir l’Hexagone.

JAMAIS DÉCORÉ- Il faisait de la musique traditionnelle qui reflète le rythme spirituel du culte «Komo». Cette particularité de sa musique est à l’origine de son grand succès dans notre pays. Ses thèmes sont très variés et riches en paroles et en messages. Il assénait des critiques objectives d’une société malienne, caractérisée par la méchanceté, la galère conduisant souvent au suicide, la discorde et l’égoïsme. Le chanteur évoquait aussi les problèmes du continent africain en proie à des guerres fratricides provoquées, d’après lui, par l’impérialisme des Blancs (démocratie ou encore multipartisme).

Cet album symbolise une maturité incontestable de l’artiste, son savoir-faire et sa riche expérience qui est le fruit de l’effort, de la sagesse et de la régularité. Adama Namakoro Fomba puise ses inspirations dans les musiques du terroir, notamment le grenier musical du Banico pour produire son deuxième album en 1999, «Allah ndèmè», qui a connu un grand succès.

Dans une interview accordée à l’Office de radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), l’artiste soutenait que ses productions musicales au Mali ne lui ont rien rapporté en termes de retombées financières. Il finira par mettre d’autres cassettes sur le marché, mais qui ont  fait long feu. Désemparé, désorienté et déboussolé, Adama Namakoro Fomba regagne son village natal pour reprendre la daba en faisant sienne la philosophie selon laquelle : «La terre ne ment jamais».

L’homme n’aimait pas trop parler de ses mauvais souvenirs, parce qu’il estimait que la vie est faite de hauts et de bas pour tout être humain. Il préférait aussi garder un profil bas sur les trahisons dont il a été victime. Adama expliquait à qui voulait l’entendre n’avoir jamais été décoré par son pays. Même s’il avait reçu une médaille de la France pour sa participation au Festival d’Angoulême avec le Rail Band en 1995. Il laisse derrière lui une épouse et six orphelins (dont l’aîné est un guitariste) éplorés.

Dors en paix l’artiste

Youssouf DOUMBIA

Lire aussi : Lutte contre la drogue et stupéfiants psychoactives : Environ 78 tonnes et 400 kg de stupéfiants saisis en 2025

La sensibilisation de plus de 300.000 jeunes soit 70% de la cible prévue et la saisie d’environ 78 tonnes et 400 kilogrammes de stupéfiants..

Lire aussi : Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion sociale : L’Onapuma termine en beauté la célébration

Les pupilles du Mali et du Sénégal ont rendu visite au coordonnateur des chefs de quartiers du District. Ce dernier leur a prodigué des conseils utiles.

Lire aussi : Mopti : la résilience communautaire récompensée par la labellisation des «Communautés favorables aux Pratiques Familiales Essentielles»

À Mopti, la cérémonie de labellisation des «Communautés favorables aux Pratiques familiales essentielles (PFE)» a consacré les efforts conjoints de l’Unicef, du gouvernement malien, de la Banque mondiale et de l’ONG CIAUD Canada. Dans une région marquée par l’insécurité et la préca.

Lire aussi : La solidarité à la malienne

Des bonnes volontés offrent gratuitement de l’eau aux usagers.

Lire aussi : Participation aux évènements sociaux : La Pénurie de carburant met les Bamakois à rude épreuve

La crise de carburant a contraint les habitants de la capitale à revoir leur copie en termes de participation aux événements sociaux (mariages, baptêmes et décès). Les autorités multiplient les initiatives pour que la situation revienne à la normale.

Lire aussi : Distribution de carburant : Les Ministres AG ILLYENE et DAFFE auprès des citoyens

Le ministre de la Communication, de l'Economie numérique et de la Modernisation de l'Administration, M. Alhamdou AG ILLYENE et son collègue chargé de la Culture, M. Mamou DAFFE se sont rendus samedi 1er novembre 2025, dans une station service près du monument Kwame Nkrumah pour constater l'éta.

Les articles de l'auteur

Cinéma : Le 2è épisode de «Bini Bana» réaffirme la souveraineté des noirs

Au moins 300 élèves de l’École fondamentale Bleu et Blanc de Missala, à une vingtaine de kilomètre de Bamako, ont assisté, vendredi dernier, à l’avant-première du 2è épisode du film Bini Bana de Zaidou Coulibaly. Ce long métrage de 90 minutes est une ode à la libération totale du joug colonial..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 04 novembre 2025 à 14:01

Manuscrits anciens : L’ONG Savama-DCI montre sa contribution à l’année de la culture

La Sauvegarde et valorisation des manuscrits anciens pour la défense de la culture islamique (SAVAMA-DCI) est une ONG culturelle, qui a joué un rôle fondamental dans la préservation du patrimoine écrit au Mali. Dans le cadre de ses missions, elle a entrepris la construction de plusieurs bibliothèques dédiées à la conservation, protection et mise en valeur des manuscrits anciens..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié jeudi 02 octobre 2025 à 13:23

4ē Grand prix d'Afrique de hippisme au Maroc : Enrichissante participation du Mali

La 4ē édition du Grand prix d'Afrique de hippisme se tient ces jours au Maroc avec la participation de plusieurs pays du continent dont le Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié samedi 13 septembre 2025 à 21:54

4è Grand prix d’Afrique de hippisme : Les turfistes Maliens pourront désormais parier sur courses marocaines

-.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié vendredi 12 septembre 2025 à 20:26

Culture et Intelligence artificielle : Bamako Académie dévoile sa série « La voie du Donsoya »

On peut s’aventurer à dire que Kabakoo Academies ose une fusion avant-gardiste de l’Intelligence artificielle (IA) et de la culture, en présentant en exclusivité un film intitulé « La voie du Donsoya ». Il s’agit du tout premier film d’animation explorant la richesse du Donsoya, une institution sociale et une vision du monde multiséculaire d’Afrique de l’Ouest..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 09 septembre 2025 à 17:02

31è anniversaire de PMU Mali : Les performances poussent à franchir un nouveau cap

L’entreprise a décidé de faire un clin d’œil aux parieurs en mettant en jeu un jackpot de 100 millions de Fcfa en deux tranches de 50 millions de Fcfa. Ce qui atteste de sa solidité financière.

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mardi 02 septembre 2025 à 07:11

Année de la culture : Mimi Pedro habille désormais les présentatrices du dimanche

Le moins que l’on puisse dire est que «2025, décrétée Année de la culture» fait des émules. Depuis janvier dernier, les présentateurs et présentatrices du JT de 20h du dimanche sur les antennes de l’Ortm s’habillent en made in Mali..

Par Youssouf DOUMBIA


Publié mercredi 27 août 2025 à 08:53

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner