Les mains sous le menton, des yeux embués, isolée dans un coin de son salon, très froissée mais élégamment habillée dans sa grande robe en basin, Bintou est pensive et préoccupée. Bintou, nom d’emprunt que nous lui donnons, est l’épouse d’un ami que nous avons surprise dans un état d’affliction, chez elle au quartier Badialan, Commune III du District de Bamako. Ce dimanche soir, aux environs de 20 heures, très triste, Bintou cherche ses mots, la gorge nouée et à peine elle arrive à les prononcer après notre salutation faite à plusieurs reprises.
«Je reviens du mariage d’une nièce qui se tenait au quartier Marseille, situé en Commune I du District de Bamako, où j’ai dépensé mes économies réservées pour l’opération de l’œil de la maman…», tente-t-elle d’évacuer sans rancœur. Rien que ce qu’elle porte lui a coûté plus de 60 000 Fcfa. Notre interlocutrice, sous le choc, met en cause l’attitude de sa mère dans ce qu’elle appelle «du gaspillage inutile». «Le comble, vous savez ? C’est ma mère qui m’a contrainte à acheter cet uniforme que je porte pour une valeur de plus de 60 000 Fcfa malgré les dépenses nécessaires que j’ai à faire, dans quelques jours, pour l’opérer de la cataracte…», dit Bintou, la trentenaire évolue, tout en remuant sa tête.
En effet, selon ses explications, elle a été obligée par sa mère d’acheter cette tenue proposée comme uniforme par ses cousines. «Pour elle (sa maman), je ne devrais pas être en reste, je devais rivaliser avec mes cousines, étant donné que je suis une fonctionnaire. Alors que personnellement, j’aime faire les choses humblement, sans extravagance…», raconte-t-elle. Tout comme le cas de Bintou, le concept des uniformes des femmes lors des cérémonies de mariage dans la capitale malienne est en passe de devenir un fardeau pour les femmes.
À Bamako, cette coutume longtemps symbolique lors des mariages voit ses contours évoluer. Les femmes et jeunes filles se parent d’un uniforme lors de ces cérémonies, un geste censé célébrer l’union de deux personnes tout en renforçant la cohésion sociale. Pourtant, initialement, l’uniforme visait à favoriser l’harmonie visuelle et à éviter toute distinction entre les participantes.
Cependant, aujourd’hui, cette tradition est en train de se transformer en une quasi-obligation, sous la pression sociale, mettant en lumière les disparités économiques. De simple plaisir esthétique, l’uniforme est devenu une norme difficile à contourner, même pour celles dont les moyens financiers sont limités. Ce qui, parfois, crée des mésententes dans le foyer, car certaines imposent à leur époux l’achat de ces tenues, même s’ils n’en ont pas les moyens.
Fanta Coulibaly, une mère de famille à Badalabougou, en commune V du District de Bamako, semble être de ce groupe de femmes. «Acheter l’uniforme doit être un devoir pour tout chef de famille, parce que la femme a besoin d’être bien habillée lors des cérémonies de mariage. Mais, certains hommes ne comprennent pas cela. C’est pourquoi ils refusent de payer l’uniforme pour leur épouse», argumente-t-elle. Pour elle, c’est l’homme qui doit obligatoirement payer ces tenues de mariage de sa femme.
QUIPROQUO- Contrairement à notre précédente interlocutrice, Djeneba Sinayoko, une femme mariée, la quarantaine, résidant à Dialakorobougou, dans la zone de Baguineda, sur la route de Ségou, pense que des femmes, de nos jours, sont dans l’excès au sujet de l’uniforme. Elle estime que la pratique n’est pas la seule façon d’apporter son soutien, lors du mariage d’un proche, «il y a aussi les aides financières qui sont plus importantes dans le mariage de célébration».
«Aujourd’hui, mes sœurs pensent que la pérennisation d’une union est forcément liée à la façon de célébrer le mariage. Un seul uniforme peut coûter plus 15.000 Fcfa. C’est qui est trop chère !», s’exclame-t-elle. Djeneba Sinayoko explique que «c’est pourquoi, les femmes usent de tous les moyens pour payer des tenues de mariage hors de prix». Plus explicite, tout en s’opposant à la mode, elle ajoute : «Certaines dames manquent de respect à leur mari sous prétexte que celui-ci n’a pas payé l’uniforme. Cela doit prendre fin.»
L’habitante de Dialakorobougou raconte une anecdote entre une épouse et son mari, dans son quartier. Le couple se bagarre toujours pour des questions d’uniforme. «Je connais une femme qui refuse le lit conjugal à son époux pour la simple raison qu’elle n’a pas eu d’uniforme de mariage. À chaque mariage, ce sont les disputes dans ce foyer. Et tout le quartier est au courant», narre notre interlocutrice. Si payer l’uniforme pour le mariage d’une proche est un signe de solidarité, c’est encore mieux d’emprunter de bons chemins pour l’obtenir. Selon Daouda Fané, un chef de famille, certaines femmes sont capables de détourner l’argent de «popote» pour acheter ces habits de mariage.
Le concept est en passe de devenir un fardeau pour les femmes
«Auparavant, nos aïeux avaient initié cette stratégie d’uniforme afin que tout le monde porte les mêmes habits mais à un prix raisonnable. Mais aujourd’hui, c’est tout à fait le contraire. Des femmes font l’impossible pour avoir leur uniforme», déplore ce chef de famille d’une cinquantaine d’années. Sept sur dix hommes interrogés suggèrent que la coutume de l’uniforme des femmes doit être rationnalisée. Ceux-ci estiment que ce sont des dépenses «inutiles» qui viennent s’ajouter à d’autres problèmes financiers dans un pays où la pauvreté est générale. «Les dimanches sont connus à Bamako comme les jours de mariage. Ce qui est déjà une dépense inestimable. S’il faut ajouter à cela les frais d’uniforme des femmes, cela devient encore plus compliqué», fait remarquer, sous couvert de l’anonymat, un chef de famille. Il ajoute que les tenues choisies pour les noces sont souvent très chères. «Donc, je trouve que ce n’est pas raisonnable de maintenir cette pratique de l’uniforme lors de nos mariages», pense-t-il.
Adama Coulibaly, habitant à Tiéguena, localité située dans la périphérie de Bamako, dans la Commune de Baguinéda, sur la route de Ségou, souhaite une sensibilisation afin de conscientiser les femmes. «Ce n’est pas important. Les femmes rivalisent dans la futilité… alors que ce n’était pas le cas auparavant. C’est ce qui est la cause actuellement des disputes dans les foyers. Il faut une sensibilisation des femmes», insiste-t-il.
Le sociologue Modibo Sawadogo rappelle que l’uniforme a été introduit pour simplifier les événements sociaux.
«Lors de ces événements, les femmes, qu’elles soient pauvres ou riches, portaient la même chose. Et de nos jours, nous assistons à un déplacement de contexte. L’uniforme était un facteur d’intégration sociale. Cela permettait d’éviter la différenciation sociale», explique le sociologue. Il regrette que l’uniforme des femmes soit devenu, au contraire, un facteur d’exclusion sociale avec l’introduction de l’aspect commercial. Cette pratique, voire une convenance, au lieu de simplifier la vie, impose des excès. «Les uniformes deviennent de plus en plus coûteux et c’est devenu un facteur de démarcation sociale. Pour les événements sociaux des riches, les pauvres n’ont pas le moyen d’avoir des uniformes», conclu-t-il.
Moussa M. DEMBÉLÉ
Rédaction Lessor
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