Ces braves dames arrivent à joindre les deux bouts grâce aux revenus tirés des formations en savonnerie, cuisine et d'autres activités
«Il
y a plus d’un an que mon époux est décédé avant notre mariage civil. C’était
très difficile. Le traumatisme fut énorme pour moi. On avait déjà fait le
mariage religieux. Trois jours avant qu’on célèbre notre union devant le maire,
il a rendu l’âme», raconte Yara Koureïchi, les yeux remplis de larmes. La veuve
de 29 ans explique avoir traversé la période de veuvage péniblement. «Je devais relever le défi de
connaitre les traditions de la chambre de veuvage et leur application»,
explique-t-elle.
Enseignante
de profession, Yara Koureïchi affirme
qu’un sort de ce genre ressemble à une
catastrophe pour une jeune dame. Le plus blessant, dit-elle, ce sont les
jugements visant à te rendre responsable des faits. « Parfois, ce sont des
parents sur lesquels je devais compter le plus pour me rassurer moralement qui m’ont causé du tort avec les préjugés. Ma
belle-famille m’a abandonnée», déplore l’habitante de Boulkassoumbougou en
Commune I du District de Bamako.
Avant
de confier que la foi en Dieu, le soutien financier et moral de ses proches et
de l‘association Initiative d’aide et de soutien aux veuves et orphelins
(Iasvo) lui ont permis de surmonter les moments difficiles. Outre son salaire,
selon Yara Koureïchi, elle arrive à joindre les deux bouts, grâce aux revenus
des formations en savonnerie, cuisine et d’autres activités qu’elle mène.
Le
veuvage de la femme requiert un courage inébranlable dans notre société victime
de la décadence de son organisation sociale. Après le décès de l’époux,
beaucoup de femmes doivent traverser des épreuves rudes souvent sans aucun
soutien des parents du défunt époux. Ces veuves doivent lutter au quotidien
pour leur survie et celle de leurs enfants. Depuis le décès de son mari, il y a
huit ans, Ramata Haïdara est devenue la principale source de revenus de la
maison.
Elle doit s’occuper des dépenses familiales (paiement du loyer, des
frais de scolarité, etc.). La vendeuse saisonnière (friperie, pharmacie par
terre, fruits) dit avoir été privée, par sa belle-famille, des biens matériels
de son époux. La veuve affirme ne pas bénéficier de leur assistance. La
commerçante sait combien il est important de soutenir une veuve. Elle invite la
population à prendre soin des veuves. Quant à celles-ci, elles doivent faire
montre de courage, toujours travailler et ne pas baisser les bras.
Fatoumata
Sogomo est une jeune veuve de 21 ans. Elle a perdu son mari après un an de
mariage. Dès lors, elle est retournée chez ses parents. L’élève d’une école
professionnelle est mère d’une fille. La perte de son époux a été très dure à
surmonter pour elle. « Parfois, ça donne l’impression que Dieu même est
contre toi. Après le décès, la période de veuvage nous empêche de travailler.
Surtout, la famille de mon conjoint m’a abandonnée quand le décès est
survenu », dit-elle, avant d’indiquer que le soutien de sa famille et le
revenu de son métier de coiffeuse l’aident à faire face aux dépenses. Fatoumata
a invité les femmes à toujours travailler pour ne pas être dépendantes de
quelqu’un.
Cela fait 4 ans que le conjoint de Fatoumata Sanghanta a été conduit dans sa dernière demeure. Le plus âgé de ses orphelins est a 20 ans. «Je n’ai pas eu trop de difficultés sur le plan financier. Ma famille m’a aidée. Je suis dans la maison de mon mari. Par contre, c’est la douleur de la séparation qui m’a le plus marquée. Avec la foi en Dieu, j’ai pu surmonter ces difficultés», dit-elle. Elle conseille les autres veuves à ne pas se rabaisser en faisant des demandes avec insistance. «Je n’ai jamais vécu une situation aussi dure et amère qu’être veuve», se plaint Biba Traoré, 30 ans. La mère de 5 enfants dont 4 filles affirme que le choc a été énorme après douze ans de vie conjugale.
DÉPRESSION-
«J’ai failli devenir folle ou sombrer dans la dépression. Les moments de joie,
de partage et de complicité se sont effondrés brusquement. Deux de mes
enfants sont aussi partis vivre avec
leur grand-mère au village après le deuil », se souvient-elle avant d’assurer que
la foi en Dieu, le soutien de la famille et des amis fidèles l’ont aidé à
traverser cette période douloureuse. Selon elle, il faut être veuve pour savoir
les épreuves qu’elles traversent chaque jour. « C’est un peu comme un
agneau qui perd de vue sa maman dans la brousse et court dans tous les sens à
sa recherche sans succès», analyse-t-elle. Elle précise que le frère de son
défunt époux a demandé sa main. Pour l’instant, la jeune dame dit faire preuve
de patience.
Mme
Traoré Massitan Traoré, originaire de Djenné, est la présidente de
l’association (Iasvo) créée en décembre 2022. Située à Sotuba, en Commune I du
District de Bamako, sa mission est de contribuer à la lutte contre l’exclusion
sociale. L’association accueille, informe et accompagne les veuves et
orphelins. Elle défend leurs droits. «J’ai été veuve et je sais ce qu’elles
endurent. D’autant plus qu’être veuve ou orphelin, ce n’est pas un choix, mais
juste une volonté divine. Nul ne peut freiner ce qu’Allah a décrété», indique
Mme Traoré Massitan Traoré.
«De
bouche à oreille, je parviens à joindre les veuves qui souffrent de multiples
formes de discrimination et de maltraitance. Je les initie à travers des
encadreurs, à la lecture du Coran, à l’apprentissage des invocations pour mieux
gérer leur peine mais aussi je leur apporte un appui financier pour couvrir
certains de leurs besoins fondamentaux à savoir la nourriture, l’habillement et
les soins sanitaires», explique la présidente de l’Iasvo. Son organisation
accompagne les veuves tout au long de la période de veuvage avec des prières
protectrices qui apaisent leurs cœurs et tranquillisent leurs âmes. Elle
signale que la veuve est suivie au sein de l’Iasvo pour sa reconstruction et sa
réinsertion sociale et professionnelle.
En
plus, dit-elle, l’association offre aux orphelins des cours sur la religion et
dans toutes les matières dont elles ont besoin pour les aider à passer leurs
examens. Par ailleurs, elle mène des activités génératrices de revenu pour
aider ces couches vulnérables à s’épanouir au quotidien. « J’ai été veuve
salariée. Je percevais mon salaire à la fin du mois. La situation des veuves
non salariées m’a interpellée. Raison pour laquelle, j’ai décidé de les aider », se justifie-t-elle.
La
mort d’un conjoint étant un fait imprévisible, tout le monde peut se retrouver
dans cette situation. Mieux vaut donc apprendre à compatir au choc des autres
en attendant son tour.
Fatoumata TRAORÉ
Rédaction Lessor
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