#Mali : Nos expatriés : Djimi Traoré, Liverpool est un club particulier

Dans cette interview, le premier footballeur malien sacré champion d’Europe aborde plusieurs sujets : sa nomination à la tête du Groupe d’élite de l’AS Monaco, son sacre avec Liverpool en 2005 face au Milan AC, son passage en équipe nationale, la crise qui secoue actuellement la planète foot du pays...

Publié mercredi 10 juillet 2024 à 15:55
#Mali : Nos expatriés : Djimi Traoré, Liverpool est un club particulier

L’Essor : Vous venez d’être nommé entraîneur du Groupe d’élite de l’AS Monaco. Quel est votre sentiment après cette décision de votre ancien club ?
Djimi Traoré : C’est un sentiment de joie qui m’anime après ma signature avec l’AS Monaco. Je reviens chez moi, je suis heureux de travailler dans ce club après y avoir joué avec des gens qui partagent la même philosophie, le même état d’esprit et la même envie de développer les joueurs. Le club de la Principauté a toujours été et continue d’être une référence en matière de formation. Je remercie les dirigeants de m’avoir fait confiance pour diriger le Groupe élite et je ferai de mon mieux afin de former de bons joueurs avec de bonnes valeurs.


L’Essor : Quelle est la différence entre le Groupe d’élite et l’équipe de l’AS Monaco qui évolue en Ligue 1 française et quels sont vos objectifs ?
Djimi Traoré : Le Groupe élite est créé pour la haute performance mais surtout pour mettre les moyens à sa disposition pour performer. La création de cette section a été une bonne chose pour le développement des jeunes. C’est pour mieux assurer la relève de l’équipe A. La différence est que le Groupe élite qui concerne principalement des éléments âgés de 19 ans à 21 ans participe au championnat U19, ce qui n’est pas le cas pour l’équipe première qui dispute la Ligue 1 française. Mes objectifs, dans un premier temps, c’est de former de bons joueurs avec de bonnes valeurs. Déjà, nous avons commencé les entraînements depuis le lundi 8 juillet et ça se passe plutôt bien. Je veux m’inscrire dans la continuité du travail de Manu Dos Santos et Fred Barilaro, optimiser la formation du Groupe élite en le confrontant aux exigences du professionnalisme afin d’en faire une passerelle entre l’Academy et le groupe Pro.


L’Essor : Jusque-là, vous étiez entraîneur principal de Right to Dream academy, une académie de football internationale fondée au Ghana et aujourd’hui implantée au Danemark et en Egypte. Concrètement, que fait cette académie ?
Djimi Traoré : Permettez-moi de saluer les dirigeants de Right to Dream academy (le droit à rêver, en Français). Cette académie forme des jeunes joueurs africains et fabrique beaucoup de stars à l’image du champion d’Afrique en titre, l’Ivoirien Simon Adingra. Cette école de foot qui a été lancée en 1999 veut accompagner des enfants de 9 à 18 ans à réaliser leur rêve. L’idée est de donner de meilleures chances aux jeunes du pays et de la sous-région, qui rêvent de carrières footballistiques professionnelles. Plusieurs tournois de détections sont organisés. Parmi les milliers de jeunes qui se mobilisent, seulement 18 sont choisis par an. Entre études et football, la formation vise à faire sortir au final de futurs modèles. J’aime travailler avec les jeunes joueurs parce qu’ils sont comme une éponge. Je souhaite bon vent à l’académie.  


L’Essor : Vous avez été le premier footballeur malien à soulever le trophée de la Ligue des champions d’Europe. C’était avec les Reds de Liverpool en 2005. Vous avez été menés 3-0 par le Milan AC en première période, mais à la reprise vous avez égalisé, avant de l’emporter 3-2 aux tirs au but. Quels souvenirs avez-vous de cette finale mémorable ?  
Djimi Traoré : On n’était pas favoris de cette finale et c’est ce qui va le mieux à Liverpool. Ce match était l’aboutissement de beaucoup de sacrifices, de beaucoup de choses sur lesquelles j’ai travaillé, que ce soit sur le plan mental ou dans mon jeu. J’ai été récompensé par cette finale. On avait fait un super parcours pour l’atteindre. On est passé par un miracle dans la phase de poules avec ce dernier match face à l’Olympiakos (Grèce).


Liverpool était dans l’obligation de gagner pour se qualifier en huitièmes de finale. Nous avons été menés 1-0mais après nous avons réussi à renverser les Grecs (3-2). Après ce match, on s’est montré solide dans les tours couperets (qualifications contre le Bayer Leverkusen, la Juventus Turin et Chelsea, ndlr). Défensivement, on savait qu’on était solide mais c’est clair qu’on n’était pas favoris de la finale contre le Milan AC. Mais, dans le même temps, on savait aussi que si on gagnait, on pouvait ramener la coupe à la maison, que c’était la cinquième et que le club garderait le trophée. L’enjeu était énorme et on avait beaucoup de pression. Menés 3-0, en rentrant au vestiaire, je me suis dit que le match est fini. Après il faut donner du crédit au coach (Rafael Benitez, ndlr), il a fait un changement tactique qui nous a aidés.
On est passé à trois derrière, en faisant entrer Didi Harman au milieu. Le coach m’a dit, Djimi, tu sors, j’enlève mes crampons et mes affaires et je me dirige vers la douche. Je me sentais mal parce que dans mon esprit, j’avais laissé tomber mes coéquipiers, les supporters.

Deux secondes plus tard, Rafa me dit : Non, Djimi tu rejoues. L’arrière droit Steve Finnan était blessé. Donc je suis passé en défense centrale. La suite sera bénéfique pour le club avec le trophée. Je garde toujours ma médaille, je l’ai mis dans un coffre-fort en France. J’ai le maillot, un ticket du match aussi. Entre nous les joueurs, on s’est fait graver une montre avec le jour de la finale, à l’initiative du capitaine Steven Gerrad. Cette finale nous a soudés. Dans ma carrière, j’ai fait une dizaine de clubs. Dans le monde pro, quand on part d’un club, on garde contact avec peut-être un ou deux joueurs. À Liverpool, c’est particulier. J’ai gardé le contact avec Steven Gerrard, Jamie Carragher, Dietmar Hamman, Luis Garcia, Jerzy Dudez, Vladimir Smicer, Djibril Cissé et l’entraîneur Rafael Benitez. Pratiquement toute l’équipe. Le club a créé un Liverpool Legends qui organise des matches caritatifs avec d’anciens joueurs. Donc, c’est l’occasion de se retrouver.

L’Essor : Le 10 octobre 2004, soit un an avant votre sacre avec Liverpool, vous avez honoré votre première sélection avec les Aigles du Mali. Qu’est-ce vous a motivé à choisir le Mali, après avoir joué avec les sélections de catégorie d’âge de la France, votre pays d’adoption ? Y a-t-il eu des négociations avec les autorités sportives du Mali, notamment la Fédération malienne de football ?
Djimi Traoré : Je suis né en France à Saint-Ouen mais mes racines se trouvent au Mali et je devais porter fièrement le maillot de mes ancêtres. J’ai été avec les sélections jeunes françaises mais j’avais toujours l’amour du Mali et c’est pourquoi je n’ai pas hésité un seul instant à choisir le Mali. Pour les négociations, cela trouvait déjà que j’avais l’amour donc cela n’avait plus d’importance car j’étais pressé de venir jouer pour le Drapeau malien.    

L’Essor : Depuis quelques semaines, le football malien est secoué par une crise entre des internationaux et la Fédération malienne de football. En tant qu’ancien international, quels commentaires vous inspire cette crise ?
Djimi Traoré : Je demande aux deux parties de mettre balle à terre, de mettre le Mali au dessus de tout, de s’asseoir pour discuter et trouver un terrain d’attente pour le bonheur du football malien. Que l’équipe nationale brille lors des éliminatoires à venir notamment pour la Coupe d’Afrique des nations mais aussi pour la suite du Mondial. Nous sommes avec eux tous les internationaux et nous serons heureux de voir le Drapeau malien flotter lors du prochain Mondial.  

L’Essor : L’élimination prématurée des Aigles lors des deux dernières Coupes d’Afrique des nations au Cameroun et en Côte d’Ivoire a provoqué une immense déception au Mali. Selon vous, qu’est-ce qui explique les échecs à répétition de l’équipe nationale ?
Djimi Traoré : Je dirai la chance, sinon nous avons des jeunes joueurs fantastiques avec un gros potentiel. Je pense que l’avenir s’annonce promoteur pour le Mali. Lors de ces deux CAN au Cameroun et en Côte d’Ivoire, le Mali était supérieur dans le jeu à ses différents adversaires. Mais l’équie a manqué de chance et d’un petit quelque chose. Personnellement j’ai confiance en ces jeunes pour offrir quelque chose à notre football.


L’Essor : Suite au mauvais départ des Aigles aux éliminatoires de la Coupe du monde 2026, le sélectionneur Eric Sékou Chelle-un Franco-Malien comme vous-a été limogé par la fédération. Que pensez-vous de cette décision et quel doit être, selon vous, le profil du futur sélectionneur ?
Djimi Traoré : Je ne peux rien dire sur la décision de limogeage d’Eric Sékou Chelle. Après sa nomination à la tête des Aigles, j’ai dit dans un entretien sur BBC Afrique qu’Eric Chelle peut imiter les entraîneurs africains à succès. Nommé quelqu’un comme lui, c’était bien vu qu’il a porté le maillot du Mali. Maintenant, les choses se sont mal déroulées, alors je souhaite que celui qui va le remplacer soit meilleur et bonne chance à Eric pour sa carrière d’entraîneur.   


L’Essor : Avez-vous un message pour les Maliens qui ont perdu vos traces depuis plusieurs années ?
Djimi Traoré : Je salue tous les Maliens, pour ceux qui avaient perdu mes traces, je suis là je suis toujours dans le milieu du sport, en général et de celui du football en particulier. Je suis toutes les informations sur le football de mon pays et j’invite les Maliens à soutenir les équipes nationales et à être patients. Bonne chance à l’équipe U23 qui s’apprête à prendre part aux Jeux olympiques, Paris 2024. J’invite les Maliens vivant en France à soutenir ces jeunes et tous les autres athlètes maliens qui viendront à Paris.

Interview réalisée par

Djeneba BAGAYOGO

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