
Les trois représentants maliens au Marché des arts et du
spectacle d’Abidjan (Masa) ont réalisé des prestations de belle facture, cette
semaine. Il s’agit des compagnies de marionnette Nama de Yacouba Magassouba
avec son œuvre intitulée : «Le chat pèlerin» et Sogolon de Yaya Coulibaly
avec «Le baptême du lionceau» et l’orchestre de Samba Touré. Tous les
groupes de musique, danse, théâtre, cirque, humour, slam, marionnette et mode
ont droit à deux passages devant le public.
Déjà, la compagnie de marionnette Nama a réalisé son deuxième
show, mardi dernier au Palais de la culture de Treichville. «Le chat pèlerin»
est la représentation scénique d’un texte écrit par le célèbre conteur malien
Salif Berthé. La production est faite en tandem avec la compagnie «Territoire
80» du Canada. La salle «Théâtre du mouvement» de Paris (France) s’est portée
candidate pour sa diffusion en France.
Malheureusement, cette production a
aussi subi le contrecoup de la pandémie du coronavirus parce que les représentations
(une centaine) qui avaient été commandées, entre mars à juin 2020, par les
salles et festivals du Canada n’ont pu se faire pour cause de restrictions liées
à la Covid-19. Idem pour la vingtaine de
sorties programmées en France. Yacouba Magassouba explique que des discussions
sont engagées pour reprogrammer ces représentations. En attendant, une série
est prévue à Bamako, Sikasso et Ségou avant la fin de l’année.
C’est après avoir décroché le Diplôme d’études fondamentales
(DEF) dans son village en 1999 que Yacouba Magassouba a foulé le sol de la
capitale pour poursuivre des études de comptabilité. Il y renonce au bout de
deux ans pour se consacrer à l’apprentissage de cette forme d’art auprès de son
oncle et célèbre marionnettiste connu à travers le monde, Yaya Coulibaly. Il
accumulera 10 ans d’expériences dans la compagnie Sogolon à l’ombre de son
mentor. Un apprentissage qui a porté fruit puisqu’il lui permettra de
bourlinguer un peu partout au gré des tournées et festivals dans nombre de
pays, notamment Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Bénin, Centrafrique, Togo, Niger,
Congo, Guinée, Sénégal Espagne, Belgique, France, Luxembourg et
Martinique. Il est aujourd’hui metteur
en scène, marionnettiste et technicien de spectacle.
Il a aussi participé à la distribution du spectacle Tall
Horse de la compagnie Handspring Puppet lors de la tournée 2004 en Afrique du
Sud et en Allemagne. «C’est par amour pour l’art de la marionnette que j’ai décidé
d’abandonner les études», explique-t-il. Et de dire que les masques et
marionnettes de notre pays ne doivent pas disparaître parce qu’ils représentent
un pan important de notre patrimoine culturel.
Quant au «Baptême du lionceau» de Yaya Coulibaly, il n’est
plus à présenter. C’est une leçon de morale que les jeunes Abidjanais et le
public du Masa ont totalement intégré. En tout cas, si l’on s’en tient à la
standing ovation du public pour ce beau spectacle. Yaya Coulibaly est à la fois
marionnettiste, auteur, metteur en scène, conteur, danseur, chanteur et
sculpteur. Avec «Sogolon», il a voyagé plusieurs fois dans de nombreux pays de
tous les continents (ou presque), Afrique, Asie, Amérique et Europe pour des
expositions et des représentations sur scène. Il s’est produit dans le Réseau
des centres culturels français en Afrique. Ces interminables périples à travers
le monde commencèrent en réalité en Inde en 1990. Ils le conduisirent sur
d’autres continents.
Samba Touré et ses deux musiciens (Djimé Sissoko qui joue le ngoni et Souleymane Kané dont l’instrument de prédilection est la calebasse) ont aussi séduit le public. Ils se disent fiers de représenter la musique malienne au Masa. Lundi dernier, le trio était sur la scène de la salle François Lougah du Palais de la culture de la Commune de Treichville où il a presté avec une dizaine de chansons, en majorité de leur nouvel album intitulé : «Binga», du nom du village d’origine de Samba Touré. Une vraie musique acoustique songhaï que les professionnels ont certainement appréciée à sa juste valeur.
Envoyé spécial
Youssouf DOUMBIA
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Programme de soutien aux artistes : Le Fonds Awa, un exemple de réussite
Différentes organisations de financement du secteur culturel
ont saisi l’opportunité de cette 12è édition du Marché des arts et du spectacle
d’Abidjan (Masa) pour venir à la rencontre des professionnels. Les partenaires
d’Afrique Caraïbe et Pacifique-Union européenne (ACP-UE) ont tenu, mercredi
dernier au Palais de la culture de Treichville, une réunion pour faire le bilan
du Programme ACP-UE culture : soutien aux secteurs de la culture et de la
création.
C’était en présence de la ministre de la Culture et des
Industries des arts et du spectacle de la Côte d’Ivoire, Mme Harlette Badou
Nguessan Kouamé, du directeur général du Masa, Hervé Patrick Yapi, ainsi que de
nombreuses autres personnalités, des artistes et des opérateurs culturels dont
certains ont déjà bénéficié du soutien de ce programme.
La rencontre fut pratiquement consacrée au consortium Art in
West Africa (AWA), composé par l’Institut français de Paris et le Centre
culturel Kôrè de Ségou. Ce dernier est
l’un des 6 projets régionaux retenus dans le cadre du programme ACP-UE culture.
Une initiative conjointe de l’Union européenne (UE) et de l’Organisation des États
d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) à travers la mise en place du
nouveau mécanisme régional de financement décentralisé, destiné à renforcer la
compétitivité des industries culturelles et créatives dans les pays ACP.
Le projet AWA d’une durée de 40 mois vise un double
objectif, explique son administrateur, notre compatriote Bourama Diarra. Il
soutient la dynamisation de la compétitivité des industries culturelles et créatives
(ICC) tout le long de la chaîne de valeurs (création, production et diffusion)
dans les 16 pays d’Afrique de l’Ouest. Le soutien financier aux opérateurs des
ICC de la zone, en termes de structuration et d’aide aux projets culturels et
créatifs permet le développement des compétences des artistes et acteurs culturels
et la facilitation de l’accès au marché et aux financements innovants.
Il
encourage notamment l’entrepreneuriat et la collaboration (cocréation,
coproduction et codiffusion) entre professionnels ouest africains et avec leurs
homologues à l’extérieur de cette zone. Le projet AWA affiche d’autres
ambitions. Il doit aussi contribuer plus spécifiquement à financer au moins 115
projets du secteur culturel et créatif, innovants et structurants, portés par
des opérateurs des pays concernés qui favorisent l’accroissement des recettes économiques.
Il entend aussi participer au développement de compétences d’environ 335
acteurs du secteur culturel et créatif des pays concernés à travers
l’organisation d’activités de renforcement de la compétitivité, de la production
artistique ouest-africaine, notamment en entrepreneuriat culturel et l’éducation
à l’image.
Le programme AWA a bénéficié d’une subvention d’environ 6,2
milliards de Fcfa par l’OEACP et la Commission européenne dans le cadre de
l’appel à propositions de soutien aux secteurs de la culture et de la création.
Il a été lancé en décembre 2020 et a pu réaliser deux appels à projets en 2021.
Le premier était réservé à la structuration qui a permis de sélectionner 15 opérateurs
culturels ouest-africains avec l’attribution d’un montant de 150.000 euros,
soit un peu plus de 98 millions de Fcfa, par opérateur sur 3 ans.
Le second a
financé la valorisation des cultures d’Afrique de l’Ouest et a aussi permis de
sélectionner 27 opérateurs culturels pour un financement de 25.000 euros, soit
un peu plus de 16 millions de Fcfa par projet sur une année. Le troisième appel
a été lancé en janvier dernier, il doit permettre de sélectionner 35 projets.
En somme, le projet AWA a pu financer 42 projets culturels en 2021 avec un niveau
de décaissement d’environ 1.154.000 euros, soit 750 millions de Fcfa, injectés
dans le secteur culturel ouest-africain particulièrement dans 11 pays.
Y . D
Youssouf DOUMBIA
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