Henné party des futures mariées : Quand la folie des grandeurs casse tous les codes

Ce moment de communion est souvent transformé en une démonstration extravagante. La crainte de l’échec de l’événement plonge les futures mariées dans un grand stress

Publié jeudi 27 février 2025 à 07:56
Henné party des futures mariées : Quand la folie des grandeurs casse tous les codes

Cette tradition connaît une nouvelle vogue dénommée le Henné party ou la soirée de henné

 

La saison des mariages est ouverte à Bamako depuis le mois de décembre dernier. C’est l’une des rares périodes de l’année où ces événements se tiennent sans interruption. Beaucoup d’artifices de beauté ont la côte. Mais, le henné reste l’une des vedettes. Les femmes l’utilisent pour tatouer joliment leurs pieds et leurs mains. Dans nos coutumes, la famille de la future mariée accueille ses amies et parents pour l’application du henné la veille de son mariage. Selon des sources, chaque motif de ce tatouage traditionnel exprime une valeur de protection, de chance, d’amour et de prospérité pour la future mariée. La cérémonie organisée à cet effet est un moment de communion où les femmes se rassemblent pour célébrer la future mariée.

Cette tradition connaît une nouvelle vogue dénommée le Henné party ou la soirée de henné. La tendance a le vent en poupe auprès des jeunes filles. Contrairement à l’ancienne pratique à laquelle occasion la future mariée ne portait que son grand boubou. Pendant le Henné party, l’élue paraît au moins dans deux tenues différentes. Généralement, elle porte d’abord une robe blanche, puis une tenue uniforme traditionnelle choisie de commun accord avec ses amies et autres invités. La future mariée est vêtue d’une robe plaquée de façon à ne pas la confondre avec ses complices qui s’habillent en boubou.

Un mardi, aux environs de 15 heures, Kadiatou Ouologuem, participe à une soirée de henné organisée à l’honneur d’une amie résidant à Kalaban-coura, un quartier de la Commune V du District de Bamako. Les rires et la musique traditionnelle emplissent l’air. Les femmes formant un cercle autour de la future mariée dansent et chantent. Kadiatou Ouologuem explique que c’est un moment de joie et de connexion. «Le henné n’est pas seulement une décoration. C’est une tradition qui nous unit et nous permet de préparer la mariée à sa nouvelle vie», indique-t-elle, avant d’ajouter que cette fête est un espace de solidarité féminine envers de la future mariée.

 

CONCOURS DE BEAUTÉ- Ardiana Sacko est une professionnelle de la décoration des espaces destinés au Henné party. Elle explique que les préparatifs sont méticuleux. «Pour assurer le succès de l’événement, nous choisissons les meilleures couleurs, les motifs les plus élaborés et nous veillons à ce que chaque détail soit parfait. Aujourd’hui, les futures mariées veulent un événement grandiose, des décors somptueux avec des jeux de lumière, des rideaux en soie et même des mises en scène inspirées des mariages orientaux», confie-t-elle, avant d’indiquer que le prix de ces décorations est généralement pris en charge par le mari.

La demande est telle que certaines décoratrices travaillent avec des carnets de commandes très chargés des mois à l’avance. Rokiatou Touré, promotrice de Roky Créations, confirme cette tendance. «J’ai commencé à offrir mes services avec de petites décorations à partir de 75.000 Fcfa. Mais aujourd’hui, on me demande des mises en scène complètes avec des fauteuils en velours, des lustres suspendus et des chemins de fleurs qui peuvent coûter jusqu’à environ 400.000 Fcfa», confie-t-elle. Et de s’étonner que certains époux dépensent jusqu’à un million de Fcfa pour une seule soirée pour faire plaisir à leur femme.

Outre la décoration, la future mariée doit aussi être impeccable sur le plan esthétique. Binta Doumbia, maquilleuse professionnelle, le confirme. «Avant, on appliquait juste du khôl (cosmétique pour souligner le tour des yeux) et un peu de poudre sur le visage de la mariée. Maintenant, le maquillage doit être digne d’une star : contouring, faux cils, rouge à lèvres, longue tenue et même des strass sur le front pour sublimer la pose du henné peuvent coûter plus de 50.000 Fcfa.

Il y a quelques rares personnes qui préfèrent un style traditionnel», raconte-t-elle. Sory Ibrahim, photographe spécialisé dans les mariages et baptêmes, partage cet avis. «C’est une tradition féminine magnifique qui renforce les liens entre les femmes. Cependant, certains oublient que cela doit rester un moment de plaisir et non une démonstration de grandeur, d’opulence et d’extravagance», souligne-t-il.

Ces innovations dans l’organisation de la soirée du henné augmente la pression sociale sur les jeunes mariées, soutient Alassane Diakité, un jeune étudiant. Pour lui, cette tendance impose des normes esthétiques et culturelles qui peuvent être oppressantes. «Au lieu de soulager la mariée, cela ajoute du stress et des contraintes». Il estime que l’évolution de cette tradition vers une forme de spectacle social pose un problème notamment la pression de répondre aux attentes des invités en plus des autres préparatifs du mariage.

En témoignent les confidences de Awa Sy qui se marie dans quelques semaines. Elle est déjà stressée par l’organisation de sa soirée de henné. «Tout doit être beau, impeccable. Je suis sous pression», dit la future mariée. Sa cousine Fatoumata Traoré argumente que le henné symbolise la protection et la bénédiction. Selon elle, certaines personnes sont extravagantes dans l’organisation de cette soirée.

«Ce qui devrait être un moment de détente et de plaisir peut se transformer en un concours de beauté ou de perfection», regrette-t-elle. 
La conseillère matrimoniale «magnan baga», Mariam Kébé, explique qu’autrefois, l’événement ne suscitait pas un grand engouement. Elle précise que la cérémonie était célébrée sans véritable fête.


Le Henné party est bien plus qu’une simple fête esthétique. C’est une célébration de l’amour, de l’amitié et de la transmission des traditions. Cependant, derrière l’euphorie et la beauté des motifs de henné, se cachent parfois des défis invisibles, comme la pression sociale et la quête de perfection. Les jeunes filles devraient faire preuve de prudence pour ne pas s’emmêler les pinceaux. Malheureusement, la tentation est trop grande pour éviter de tomber dans le panneau de la folie des grandeurs.

Fatoumata Yayi DIAKITÉ

Rédaction Lessor

Lire aussi : Surveillance aérienne : Les FAMa intensifient la pression sur les groupes terroristes

Dans le cadre de la surveillance du territoire, ce 16 novembre 2025, les vecteurs aériens des Forces armées maliennes (FAMa) ont traité avec efficacité et succès un pick-up transportant des combattants armés, à 20 km à l’ouest de Djenné..

Lire aussi : Dioïla : C’est parti pour la rentrée de la formation professionnelle 2025-2026

La ministre de l’Entreprenariat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle a lancé officiellement la rentrée solennelle de la formation professionnelle 2025-2026 dans la salle de réunion du gouvernorat de à Dioïla. P.

Lire aussi : BAMEX 25 : Le satisfécit des organisateurs

L’évènement a tenu toutes ses promesses et s’est imposé comme un rendez-vous stratégique réunissant officiels, industriels et experts militaires de divers horizons autour d’une vision de souveraineté et de sécurité partagée.

Lire aussi : État de Palestine : Le 37è anniversaire de la déclaration d’indépendance commémoré au Mali

L’ambassade de l’État de Palestine au Mali a organisé le samedi 15 novembre, une réception au Mémorial Modibo Keita pour la commémoration du 37è anniversaire de sa déclaration d’indépendance..

Lire aussi : Notre santé, Santé générale et bucco-dentaire : Tout commence par la bouche

«Tout commence par la cavité buccale», selon le Pr Ousseyni Diawara odontostomatoligiste au Centre hospitalo-universitaire centre national d’odontostomalogie (CHU-CNOS)..

Lire aussi : Accueil dans les établissements de soins publics : L’angoisse des patients

Certains malades et autres usagers pointent du doigt les conditions d’accueil dans les établissements hospitaliers de la place. D’autres, à tort ou raison, évoquent une négligence coupable des praticiens hospitaliers.

Les articles de l'auteur

BAMEX 25 : Le satisfécit des organisateurs

L’évènement a tenu toutes ses promesses et s’est imposé comme un rendez-vous stratégique réunissant officiels, industriels et experts militaires de divers horizons autour d’une vision de souveraineté et de sécurité partagée.

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:44

État de Palestine : Le 37è anniversaire de la déclaration d’indépendance commémoré au Mali

L’ambassade de l’État de Palestine au Mali a organisé le samedi 15 novembre, une réception au Mémorial Modibo Keita pour la commémoration du 37è anniversaire de sa déclaration d’indépendance..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 17 novembre 2025 à 08:43

Forum des médias du Sud global à Johannesburg : Xinhua et l’Union africaine ouvrent le débat sur la gouvernance mondiale

L’événement a réuni 200 participants représentant 161 organisations de médias, d’entreprises, de think tanks et de centres d’études stratégiques, venus de 41 pays africains et de Chine.

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 14 novembre 2025 à 14:39

Cercle de Takalote : Le Gouverneur de la Région de Kidal en visite à Koniba

Le Général de division Elhadji Gamou, gouverneur de la Région de Kidal, a effectué, le vendredi 7 novembre 2025, une visite de terrain à Koniba, dans le Cercle de Takalote. Cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue avec les populations et du suivi des actions de développement engagées dans la région..

Par Rédaction Lessor


Publié vendredi 14 novembre 2025 à 14:26

Mali-Arabie Saoudite : Un nouvel accord pour améliorer les conditions du Hadj pour les pèlerins maliens

Le ministre des Affaires religieuses, du Culte et des Coutumes, Mahamadou Koné et le directeur général de la Maison du Hadj, Abdoul Fatah Cissé, sont présents à la Conférence internationale sur le Hadj qui se tient à Djeddah en Arabie Saoudite..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 11 novembre 2025 à 09:02

Sikasso : Reprise effective des cours dans les écoles

Après deux semaines de suspension dues à la pénurie de carburant, les cours ont effectivement repris dans les établissements scolaires à Sikasso..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 11 novembre 2025 à 08:45

Kangaba : Vers l’installation d’une deuxième grande mine industrielle

La Société minière AGG après plusieurs années de recherche sur son permis (Projet Kobada), s’est essoufflée après l’obtention du permis environnemental et du permis d’exploitation. Pour ne pas tout perdre, elle a passé le permis à la Société minière australienne : «Toubani Resources»..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 11 novembre 2025 à 08:39

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner