#Mali : Femmes rurales : Timide application de la loi sur le foncier rural

Les femmes sont de plus en plus présentes dans l’exploitation agricole. Leur rôle et apport sont importants notamment dans tous les segments de la production agricole.

Publié mardi 19 mars 2024 à 07:43 , mis à jour mercredi 01 mai 2024 à 01:21
#Mali : Femmes rurales : Timide application de la loi sur le foncier rural

Ces femmes sont le garant de l’éducation des enfants, de la préservation de l’environnement et de la biodiversité

 

 

Selon l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam), elles produisent 60 à 80% de la production alimentaire. Conscient de ces efforts, l’État a voté la loi N° 2017-001/du 11 avril 2017 portant sur le foncier agricole. Cette législation précise que l’État et les collectivités territoriales doivent veiller à un accès équitable aux terres agricoles des différentes catégories d’exploitations agricoles avec au moins 15% des terres aménagées qui sont attribués aux groupements et associations de femmes et de jeunes situés dans la zone concernée. L’application de cette loi connait beaucoup de difficultés.

Mme Niakaté Goundo Kamissoko, présidente de la Fédération nationale des associations des femmes rurales du Mali (Fenafer) ne s’enthousiasme guère de cette loi. Elle explique que son application bute toujours sur des écueils. «On n’a pas eu de résultats qui puissent nous réjouir», affirme-t-elle. Soulignant que ce sont les responsables du secteur agricole qui doivent veiller à l’application du texte, elle assure ignorer une quelconque distribution de parcelles conformément à la loi de 2017.

Par ailleurs, elle explique que grâce aux efforts conjugués de l’État et de ses partenaires, certains projets ont été financés pour soutenir les femmes rurales dans les Régions comme Mopti, Ségou, Sikasso et Koulikoro. Pour Mme Niakaté Goundo Kamissoko, le défi principal du secteur agricole demeure l’accès difficile à la terre pour les femmes. Sans laquelle, insiste-t-elle, il n’y a pas d’activité agricole pour elles. À cela s’ajoutent, le manque d’intrants agricoles, de formation et l’accès difficile aux crédits bancaires faute de garantie réclamée.

Chata Kéita est une paysanne dans une zone maraîchère à Samanko, dans la Commune rurale du Mandé, sur la route de Kangaba. Ce périmètre de 100 hectares a été aménagé par l’État pour les exploitants (es) à raison de 0,25 hectare par exploitant (e). Elle n’applaudit pas des deux mains à l’évocation de la loi de 2017 qui n’a pas fait de progrès, selon elle. Les femmes n’ont jamais reçu les terres ou les maisons chez les Malinkés (parlant des pesanteurs sociales et culturelles). Elle pense que c’est à cause de leur statut de femmes que cette loi agricole n’a pas atteint de résultats. Selon elle, l’inaccessibilité des terres aux femmes constitue un frein au développement dans le secteur agricole. Toutefois, les femmes ne renoncent guère à ce droit et se battent pour son application en plaidant même pour une augmention du taux d’attribution.

 

PLAIDOYER PROMO DOMO- De son côté, le conseiller spécial du président de l’Apcam précise que l’État et les collectivités territoriales doivent veiller à un accès équitable aux terres agricoles des différentes catégories d’exploitations agricoles. Siriman Sakho assure que cette recommandation a eu un début de mise en œuvre, reconnaissant que les attentes sont très loin d’être comblées. Il relève que les aménagements sont réalisés mais que les organisations de femmes rurales comme l’Association professionnelle des femmes rurales (Asprofer) et la Fenafer sont très faiblement impliquées dans le processus de répartition des parcelles.

Pour lui, les défis liés à l’application de cette loi sont, entre autres, les pesanteurs socio-culturelles qui prônent un second rôle pour les femmes rurales dans la société, le dispositif technique qui octroie les parcelles aux chefs d’exploitations, la non prise en compte de la recommandation dès le départ dans la préparation des projets d’aménagements hydro-agricoles. Il cite également l’insuffisance de suivi sur le plan opérationnel lors des répartitions des terres aux bénéficiaires. Il regrette tout de même le rythme très lent des aménagements hydro-agricoles dans le pays, avant de déplorer un faible niveau de coordination des appuis des partenaires, des projets et des organisations non gouvernementales (ONG). À cet égard, il prône plus de synergie, de complémentarité et surtout d’efficacité au profit des femmes rurales. Selon lui, la volonté politique et les discours sont toujours affichés mais le suivi de l’application de cette loi dans les structures en charge des aménagements n’est pas régulier.

Siriman Sakho salue les actions de plaidoyer engagées avec l’appui des projets partenaires des organisations de femmes. Ces actions ont abouti à l’obtention de quelques titres fonciers et de titres de propriété dans la Région de Kayes. Ces initiatives se poursuivent dans les Régions de Koulikoro, Ségou et Sikasso. La mise en place d’un comité de veille de cette Fédération avec ses partenaires que sont l’Apcam, la direction nationale de l’agriculture et celle de la promotion de la femme pour le suivi de la mise en œuvre des politiques et l’application des lois dont celle sur l’accès à la terre. Il indique que des missions ont été organisées par la Fenafer dans les zones d’aménagements hydro-agricoles pour attirer l’attention des premiers responsables sur l’application de la loi sur le foncier agricole.


Sans oublier la création en vue d’une plate-forme digitale d’information sur les programmes d’aménagements de l’État et des collectivités territoriales accessibles à tous avec la publication de la liste des bénéficiaires femmes rurales. Il rappelle que l’attribution de pourcentage aux femmes pour le secteur agricole est plus justifiée car les femmes rurales constituent la majorité de la population. Siriman Sakho souligne qu’elles sont le garant de l’éducation des enfants, de la préservation de l’environnement et de la biodiversité.

Par ailleurs, il fait savoir que les femmes travaillent sur tous les maillons de la production, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles. Le conseiller spécial fait un plaidoyer pour les femmes rurales qui «sont le fondement et le pilier de notre agriculture», avant d’ajouter «qu’il n’y a pas de nourriture sans agriculture et il n’y a pas d’agriculture sans les femmes rurales».

Amsatou Oumou TRAORE

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