Eau de teinture : Un danger pour la nature

Les eaux usées sont directement déversées sur le sol ou dans les caniveaux, dégageant une odeur nauséabonde autour des sites. Les produits chimiques qu’elles contiennent sont peu ou pas biodégradables à court terme. Elles restent donc dangereuses pendant longtemps pour les espèces aquatiques et même pour l’Homme

Publié jeudi 27 février 2025 à 07:43
Eau de teinture : Un danger pour la nature

Les teintureries, visibles un peu partout à Bamako, sont devenues des lieux de refuge pour certaines braves dames femmes

 

La teinture artisanale est une activité pratiquée par de nombreux Bamakois. Elle se déroule souvent dans les rues où l’on peut voir plusieurs pagnes de différentes couleurs, accrochés à des cordes, sous le soleil. Dans la majorité des cas, les déchets liquides non traités issus de ce travail finissent dans le fleuve Niger traversant la capitale malienne. Or, la teinture artisanale utilise des colorants composés de pétrole, de métaux lourds, de colorants azoïques, de formaldéhyde et de chlore qui sont très nocifs pour la santé humaine et l’environnement.

Les teintureries, visibles un peu partout à Bamako, sont devenues des lieux de refuge pour certaines braves dames femmes qui y passent la journée à tremper des tissus blancs de basin dans des bassines remplies de colorants chimiques. Leur protection est rudimentaire. Elles se contentent de gants pour se protéger les mains et de bottes pour leurs pieds. Les eaux usées sont directement déversées sur le sol ou dans les caniveaux, dégageant une odeur nauséabonde autour des sites.

 À Kalaban-Coura ACI, l’Association Sikida Lakanan Sikla, s’est faite une renommée dans le domaine. Tous les jours, ses membres se retrouvent dans un atelier. Au passage de notre équipe, plusieurs femmes s’afféraient autour des baignoires remplies d’eau de teinture. Certaines s’employaient à attiser le feu sous un grand récipient contenant un mélange liquide bouillant et suffocant, pendant que d’autres remuaient les tissus de basin dans cette eau. Quelques femmes s’occupaient à étaler les basins sous le soleil. «Nous ne pouvons pas travailler sans l’eau.

Notre puits est sec, donc nous nous servons d’un château d’eau», explique Aïchata Diarra, ajoutant, sans gêne, qu’une fois «la teinture terminée, l’eau usée est versée dans un fossé et elle finit sa course dans le fleuve». La teinturière souligne que l’entreprise pour laquelle elle travaille, emploie des ouvriers afin de leur apprendre la pratique. 
Dans une rue à Bolibana, tôt le matin, de nombreux hommes se réunissent, assis sur des chaises, chacun tenant un tissu de basin blanc qu’il attache avec de petits fils.


Ce processus bouclé, les tissus sont mis à la disposition de ceux chargés de la teinture. «Nous achetons les couleurs, la petite et grande potasse, puis nous les mettons sous le soleil. Les prix varient entre 500 et 15.000 Fcfa. Parfois, nous avons des problèmes d’approvisionnement en eau, et tous les tissus ne peuvent pas être teints avec l’eau du puits. Nous avons fait un drain pour évacuer l’eau de teinture. Ce petit canal conduit directement l’eau dans la rivière», reconnaît Zoumana Diarra, teinturier.

 

PRODUITS CHIMIQUES- Au Mali, certaines teinturières peuvent utiliser une dizaine de produits chimiques, à savoir des colorants synthétiques, des solvants et des métaux lourds. En plus de leur toxicité, ces polluants sont persistants, c’est-à-dire peu ou pas biodégradables à court terme. Ils restent donc dangereux pendant longtemps pour les espèces aquatiques et même pour l’Homme. «Ces produits polluent l’eau et empêchent toute forme de vie en dessous.

 Ils contiennent des éléments toxiques qui affectent la biodiversité, les poissons et autres espèces. Beaucoup de gens utilisent le fleuve pour diverses fins, comme l’eau potable, la fabrication de boissons. Lorsqu’elle est contaminée, cela peut entraîner des maladies cutanées et d’autres problèmes respiratoires», déplore Khalifa Traoré, ingénieur des eaux et forêts à l’Agence du bassin du fleuve Niger (ABFN). Avant de rappeler que selon la réglementation, les eaux polluées déversées dans le fleuve doivent subir un traitement préalable, et que l’Agence nationale de drainage et d’épuration est chargée de cette gestion.

La mairie de la Commune V a pris la mesure du danger et s’investit pour la préservation de l’environnement. Selon le 3è adjoint au maire de cette commune, chargé de l’assainissement, Adama Konaté, l’équipe actuelle, depuis son installation en 2016, a réalisé 1.200 puisards répartis entre les neuf quartiers. «Nous avons mis en place un projet pour financer la réalisation de puisards. Un puisard coûtait 300.000 Fcfa, et nous demandions aux bénéficiaires de rembourser 30.000 Fcfa sur cette somme», confie-t-il, soulignant qu’il est formellement interdit de déverser des eaux de teinture dans la nature. Il précise qu’un centre de teinture doit être équipé d’un fossé de réception, qui doit être entretenu par les services compétents.

Des organisations non gouvernement (ONG) œuvrent également à la protection de l’environnement. Récemment l’ONG convergence d’action pour l’environnement et la santé (ONG-CAES) et l’ambassade du Japon au Mali ont mis en place un projet qui entre dans le cadre du traitement des eaux usées de teinture artisanale par la méthode de la chaux. Il est, par ailleurs, important de noter que le règlement national sur la pollution interdit le rejet de telles eaux polluantes dans les cours d’eau. Selon la loi 032, des sanctions allant de 20.000 à 100.000 Fcfa peuvent être appliquées en cas de non-respect de cette réglementation.

Aminata DJIBO

Rédaction Lessor

Lire aussi : Ségou : 250 briques de cannabis saisies pour une valeur de 75 millions de Fcfa

Sur la base de renseignements judicieusement exploités, les éléments de la brigade de recherches du Commissariat de police du 2ème arrondissement de Ségou dirigé par le commissaire divisionnaire Yaya Coulibaly ont interpellé le dimanche 30 Novembre, 3 individus transportant un camion-remorque.

Lire aussi : Journée internationale des droits de l’enfant à Gao : Un mémorandum remis aux autorités régionales par les enfants

Le 36è anniversaire de la Journée internationale des droits de l’enfant a été célébré, jeudi dernier dans la salle de conférence du gouvernorat de Gao sous le thème national : «Planification et budgétisation sensibles aux droits de l’enfant»..

Lire aussi : Cabale médiatique contre notre pays : Les Sikassois disent stop

Face à la cabale médiatique orchestrée par les médias français pour déstabiliser notre pays, plusieurs Maliens ont exprimé leur indignation à la télévision nationale. Les forces vives de Sikasso ne sont pas restées en marge. Sur le sujet, notre équipe de reportage a fait un micro-trottoi.

Lire aussi : Arbitrage et médiation : Le Cecam s’emploie à sécuriser l’environnement des Affaires

Un atelier de sensibilisation sur les missions du Centre de conciliation, d’arbitrage et de médiation du Mali (Cecam Mali) s’est tenu, jeudi dernier, à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM)..

Lire aussi : Région de Ségou : Lancement officiel des opérations de DDRI

Le gouverneur de la Région de Ségou, le Commissaire général de brigade de Police Souleymane Traoré, a procédé, le vendredi 28 novembre, au lancement officiel des opérations de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Intégration (DDRI) dans la Zone de Défense N°2..

Lire aussi : Université kurukanfuga de Bamako : La diaspora renforce les compétences des enseignants

Dans le cadre de son programme Tokten, le ministère des Maliens établis à l’Extérieur et de l’Intégration africaine a tenu les jeudi et vendredi derniers à la Faculté de droit public (FDPu), un atelier de renforcement des capacités des ressources humaines des cinq laboratoires de l’uni.

Les articles de l'auteur

Festival Vap Art : Rokiatou Cissé sacrée reine d’or de la photographie

La 2è édition du Festival Vap Art (Village des amazones photographes d’Afrique) s’est déroulée la semaine dernière à l’Institut français de Parakou au Bénin. L’évènement, dédié à la valorisation du talent féminin dans le secteur de la photographie africaine, a livré son verdict lors d’une grande soirée de distinction organisée dans un espace culturel consacré à la promotion des créatrices du continent..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 02 décembre 2025 à 10:37

Région de Ségou : Lancement officiel des opérations de DDRI

Le gouverneur de la Région de Ségou, le Commissaire général de brigade de Police Souleymane Traoré, a procédé, le vendredi 28 novembre, au lancement officiel des opérations de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion et Intégration (DDRI) dans la Zone de Défense N°2..

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 02 décembre 2025 à 10:07

Fondation Orange Mali : Le programme orange excellence accompagne 60 élèves

À travers cette initiative, Orange Mali entend réduire les inégalités, favoriser l’inclusion numérique et offrir aux jeunes les outils nécessaires pour réussir et participer activement au développement du pays.

Par Rédaction Lessor


Publié mardi 02 décembre 2025 à 10:01

Sommet des Chefs d’État de la Confédération AES : Les ministres des Affaires étrangères rendent compte de leurs travaux au Capitaine Ibrahim Traoré

Le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré a reçu en audience, le mercredi 26 novembre, les ministres chargés des Affaires étrangères de la Confédération des États du Sahel..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 01 décembre 2025 à 08:57

Yambo Ouologuem : L’université éponyme lance un long processus d'hommage

Vendredi 28 novembre 2025 Kabala et la salle de réunion de l'institut Conficius ont abrité, sous la présidence du Dr Ahmadou Fané, chef de cabinet du département de l'enseignement Supérieur, la cérémonie solennelle en hommage à l’écrivain malien Yambo Ouologuem..

Par Rédaction Lessor


Publié lundi 01 décembre 2025 à 08:36

Ouagadougou: La radio de l’AES s’appelle «Daandè Liptako »

-.

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 27 novembre 2025 à 14:43

Communiqué du conseil des ministres du 26 novembre 2025

Le Conseil des Ministres s’est réuni en session ordinaire, le mercredi 26 novembre 2025, dans sa salle de délibérations au Palais de Koulouba, sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat..

Par Rédaction Lessor


Publié jeudi 27 novembre 2025 à 08:20

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner