Décès de Me Drissa Traoré : Un symbole de la révolution de mars 1991 s’est éteint

«À Allah, nous appartenons, à lui nous retournons». L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Drissa Traoré, n’est plus. Celui qui, il y a un temps infini, s’était éclipsé de la vie politique, loin des passions, des incongruités et des invectives, a définitivement tiré sa révérence le 11 mars dernier à 78 ans. Cet ardent défenseur des droits humains était incontestablement l’une des figures de proue du Mouvement démocratique dans notre pays.

Publié lundi 18 mars 2024 à 09:53
Décès de Me Drissa Traoré : Un symbole de la révolution de mars 1991 s’est éteint

Me Drissa Traoré faisait partie de la délégation du Comité de coordination des associations et organisations du Mouvement démocratique qui avait bravé la peur et les faucons de la répression sanglante, au plus fort de la contestation de la dictature de l’ancien président Moussa Traoré en mars 1991, en se rendant à Koulouba pour lui remettre une copie de la déclaration faite lors d’un meeting de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM).


Cette délégation comprenait aussi Bakary Karambé, secrétaire général d’alors de l’UNTM, Me Demba Diallo, président de l’Association malienne des droits de l’Homme (AMDH) à l’époque, Abdrahamane Baba Touré de l’Adema (ces trois acteurs du Mouvement démocratique ne sont plus de ce monde), Me Amidou Diabaté du Cnid et un représentant de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem), récemment dissoute par les autorités. Dans cette déclaration qui a donné une autre tonalité à la quête démocratique, les combattants pour plus de liberté, de justice sociale et de multipartisme réclamaient simplement la démission de l’ancien dictateur, la dissolution de l’Assemblée nationale et la satisfaction d’autres doléances.

à l’annonce de la mort de Me Drissa Traoré, président fondateur du Parti pour la démocratie et le progrès (PDP), les acteurs du Mouvement démocratique, la classe politique malienne, le Barreau et la grande famille de la justice ont ressenti chagrin et émotion d’impuissance, mais aussi respect pour l’ensemble de son œuvre, pour son combat dans la quête de la démocratie et pour l’idéal qu’il portait. Cet homme placide avait pourtant du cran dans le combat politique et de grandes compétences professionnelles. Il a servi les intérêts du peuple lors de la révolution de mars 1991.


C’était un homme affable et conciliant, mais au-delà de cette apparence, Me Drissa était «une main de fer dans un gant de velours». Autant, l’ancien ministre de la Justice était lucide, serein et courtois, autant il pouvait se révéler dans toute sa dimension héroïque dans le combat pour les droits humains. Son idéal sera perpétué par des générations d’avocats sur qui il exerçait une sorte de fascination, mais aussi par des hommes politiques qui lui vouaient estime et admiration pour ce qu’il a représenté dans la quête de liberté, de justice, mais aussi de démocratie et de multipartisme. En tout cas, le parcours politique et professionnel de celui qui a tout bien fait reste un appel à vivre, mais surtout à servir les causes justes.

À ses obsèques, le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Ousmane Boubou Traoré, a expliqué que le parcours scolaire et universitaire et la vie professionnelle de Me Drissa Traoré sont clairement inspirants. Et de rappeler simplement que la douleur ressentie par ses confrères qui ont tenu unanimement à lui rendre un dernier hommage et pour qui les mots sont futiles pour exprimer leur sentiment face à cette disparition.

Pour avoir mérité de la patrie, il lui a été décerné à titre posthume la médaille de chevalier de l’Ordre national. Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mahamadou Kassogué, aussi a témoigné de son émotion, mais aussi rappelé que cette distinction est faite en guise de reconnaissance de tout ce qu’il fait au service de l’État.  Me Drissa Traoré repose désormais au cimetière d’Hamdallaye, laissant derrière lui une veuve, 5 orphelins, mais aussi d’anciens camarades de lutte et des confrères inconsolables.

Dors en paix, doyen !


Brehima DOUMBIA

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