Cour d’assises de Bamako : L’obsédé sexuel écope de 7 ans de réclusion criminelle

Elles sont allées chercher à manger chez celui qui s’avèrera être un drogué et un prédateur sexuel. Cela leur a coûté cher

Publié lundi 26 septembre 2022 à 06:15
Cour d’assises de Bamako : L’obsédé sexuel écope de 7 ans de réclusion criminelle

C’est un  dossier de «Pédophilie » incriminant un certain I.G qui a été examiné en premier par les juges de la Cour d’assises de Bamako, juste après la cérémonie d’ouverture de la session. L’inculpé est un trentenaire, ouvrier de son état. Il a comparu devant les juges alors qu’il  était suspecté d’avoir d’exercé des actes de pénétration et d’attouchements sexuels sur deux fillettes. Cette sordide histoire se serait passée sur la berge du fleuve à Magnambougou en Commune VI du District de Bamako.

La pédophilie est un acte répréhensible faisant partie des infractions prévues et punies par les dispositions de l’article 228 du code pénal pouvant donner lieu à l’application à des peines criminelles. Du dossier d’accusation il est ressorti ce qui suit : courant 2019, les nommés N.C et D.D, âgées respectivement de 10 et 11 ans, ont quitté leurs domiciles pour se rendre à Magnambougou dans l’espoir de se faire recruter comme aide ménagère.

Elles ont passé plusieurs heures à taper aux portes des familles, en vain. La chance ne leur a pas du tout souri. Lasses d’avoir pérégriné dans tout le quartier, les deux petites filles ont décidé de se rendre sur la berge du fleuve. Là elles ont fait la connaissance de F.B, une adolescente âgée de 16 ans. Très rapidement, les trois filles ont noué une relation amicale.

Au cours de leurs échanges, F.B a compris que ses deux hôtes manquaient de tout, ou presque, y compris un logement pour passer la nuit. C’est ainsi qu’elle a décidé de leur venir en aide. Elle leur a proposé d’emménager dans une maison en chantier. Ainsi dit, ainsi fait.  Mais les problèmes des deux visiteuses étaient loin d’être résolus. Elles n’avaient rien à manger pour cette nuit-là.


Ainsi, leur logeuse a fait une proposition. Elle leur a clairement dit qu’elles pouvaient descendre dans un jardin potager des parages, pour se ravitailler en pieds de salade pour en faire leur dîner. Là aussi, aucun problème ne s’est posé. Au moment où elles préparaient leur dîner, les fillettes ont demandé à F.B la permission d'aller chercher de la viande chez I.G qui loge également sur la même berge. Histoire  d'enrichir leur plat du soir.

Sale besogne

Mais auparavant, lorsqu’elles sont arrivées chez F.B, cette dernière les avait présentées à ce jeune homme comme ses sœurs, sans autres précisions. Donc, un premier contact avait été établi entre les deux étrangères et leur futur bourreau. Cependant, celui-ci ne voulait pas du tout leur rendre service gracieusement. C’est ainsi en échange de la viande dont elles avaient besoin pour agrémenter leur plat du soir, IG a préféré agir comme bon lui semble. Se sentant en position de force, il a jugé bon d’assouvir sa libido.


Dans la foulée, il est allé droit au but et,  sans perdre de temps, il a commencé à les déshabiller dans sa chambre. Une à une, il a exercé des actes de pénétrations sexuelles sur la première et des attouchements sur la seconde.  Puis, après avoir fini sa sale besogne, il leur a promis la somme de 2.000 Fcfa et leur a donné un rendez-vous pour la nuit suivante. Les deux fillettes sont revenues de nouveau espérant empocher la somme promise. Une fois encore, le garçon a tenté de récidiver comme la veille. Mais cette fois, c’était sur une seule fillette, l’autre a refusé qu’il la touche. Après tout, au lieu de leur remettre les 2.000 Fcfa comme promis, l’obssédé sexuel leur a remis la minable somme de 500 Fcfa.

Entre temps, la dame propriétaire du jardin potager a constaté que des inconnus étaient passés pour arracher des pieds de salade dans une de ses planches. Elle a demandé à ses enfants  de  mettre tout en œuvre pour retrouver le ou/ les voleurs. Quelques jours plus tard, les deux fillettes ont été appréhendées et conduites au commissariat de police du 7e arrondissement. Compte tenu de leur âge et surtout du mobile de leur acte, à savoir « voler pour se procurer à manger», la plaignante  a décidé de ne pas déposer une plainte contre les deux petites voleuses.


Les interrogatoires des policiers ont permis de comprendre qu’elles avaient été contraintes à avoir des relations sexuelles avec le  I.G. C'est ainsi que le dossier est tombé entre les mains de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l'enfance qui on par la suite, mis la main sur F.B et I.G.  La procédure judiciaire a suivi son cours normal et au bout du rouleau, le prédateur sexuel a été inculpé et placé sous mandat de dépôt en juillet 2019 pour l’infraction susmentionnée.

Des blessures sur les parties intimes

De leurs dossiers, il est ressorti que les deux fillettes sont restées constantes dans leurs déclarations tant à l’enquête préliminaire que devant le juge d’instruction.  Elles ont persisté sur le fait que I.G a bel et bien exercé sur elles des actes de pénétrations et d’attouchements sexuels contre de la viande une première fois et de l’argent (500 Fcfa au lieu de 2.000 Fcfa promis) lors de la récidive. En outre, les fillettes ont précisé que ces actes leur ont causé des blessures au niveau de leurs parties intimes.

L’inculpé a reconnu les faits à l’enquête préliminaire. Mais s’est rétracté devant le magistrat instructeur en soutenant n’avoir jamais eu d’attouchements sexuels sur les deux fillettes. Bien au contraire, il a déclaré qu’il leur est venu en aide par pure bonté et sans contrepartie. Ainsi, selon le magistrat instructeur du dossier, le fait de reconnaître d‘avoir  donné de la viande et de l’argent à ses deux victimes, confirme en partie les déclarations de ces dernières. Les blessures évoquées par les victimes sont confirmées par deux certificats médicaux établis à la suite des réquisitions. Ces certificats révèlent des lésions au niveau de leurs parties intimes.

Histoire à faire dormir debout

À la barre, l’inculpé a tout nié en bloc. Il s’est défendu en expliquant qu’il avait effectivement reçu la visite  des policiers chez lui. Mais poursuit-t-il, ces derniers étaient venus pour une histoire de drogue qu’ils ne trouveront nul part  dans sa chambre. Il a rejeté les dires de ses victimes en les qualifiant de mensonges, tout en reconnaissant être un consommateur de drogue. Pour mieux se défendre, l’accusé a inventé une histoire à faire dormir debout.


Il a ainsi affirmé avoir déjà surpris dans sa chambre ses deux victimes en pleins attouchements sexuels. Il dit les avoir donné quelques coups de fouets pour cet acte qu’il ne pouvait supporter. Ainsi, de son avis, c’est à cause de cela qu’elles ont décidé de mentir sur lui à la police. Dans ses explications, il a détaillé la façon dont il a fait la connaissance des deux petites à travers sa copine F.B, qu’elles accompagnaient régulièrement chez lui. « Même si je suis un fou, je n’accepterais jamais de coucher avec elles, car elles sont des petites sœurs de ma copine », a déclaré l’accusé à la barre.

La défense  de la partie civile a d’abord attiré l’attention de la Cour sur la gravité des faits. L’avocate a rejeté les affirmations de l’accusé, soutenant qu’il a couché avec ses deux victimes pendant plus d’une semaine. Et d’ajouter que l’inculpé a reconnu les faits durant les enquêtes préliminaires, et a essayé de les nier à la barre pour se sortir d’affaire.

Le mensonge comme moyen de défense

Le ministère public dans sa réquisition a clairement expliqué les faits tels qu’ils ressortent de l’arrêt de renvoi. Le magistrat debout a  également signalé que l’inculpé a choisi le mensonge comme moyen de défense. « Mentir est un droit pour l’accusé, mais les faits sont constants » a-t-il déclaré. Il rappelé que l’accusé avait effectivement reconnu les faits devant le juge d’instruction avant de les nier à la barre.  Selon lui, il  a reconnu les faits aussi bien à l’enquête préliminaire que devant les juges d’instructions. Le magistrat a requis de reconnaître l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés.

Pour sa part, la défense a d’abord rappelé que  l’instruction finale est faite à la barre. Il a demandé à la Cour de ne pas tenir compte de l’enquête préliminaire tout en dénonçant des zones d’ombre  dans le dossier.   Il a attiré l’attention de la Cour sur le fait que les actes de naissance des victimes manquent dans le dossier, en plus du fait qu’il n’y a aucun témoin dans cette affaire. Toujours dans la même veine, le conseil a  précisé qu’un seul certificat médical est versé dans le dossier, même s’il y’a deux victimes. D’où de son avis, de nombreuses zones d’ombre.

Ainsi pour lui,  non seulement  il n’y a rien qui prouve que son client est auteur de ces crimes. Mais  il n’y a aucune preuve que ce dernier a menti à la barre. Il a émis de sérieux doutes sur le fait que les enquêteurs soient allés en profondeur de l’enquête. Partant de tous ces constats, la défense a estimé que l’accusé n’est pas coupable de cet acte. Cette plaidoirie n’a pas porté ses fruits. L’accusé a été reconnu coupable des faits et n’a pas bénéficié de circonstances atténuantes. Le parquet a requis 10 ans d’emprisonnement  et le paiement d’une amende d’un million de francs CFA.

La Cour a retenu les charges contre l’obssédé sexuel qui a été condamné à 7 ans de réclusion criminelle, 500.000  francs CFA d’amende et au paiement du franc symbolique au titre de l’intérêt civil.

Yaya DIAKITE

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