Cour d’assises de Bamako : 15 ans de réclusion pour des coupeurs de route

En milieu de semaine dernière, les juges avaient sous la main les dossiers de quatre coupeurs de route : Sékou Hamadoun Diagouraga, Amadou Barry, Moussa Barry et Bourama Bolly. Ce quatuor était inculpé pour des faits « d’association de malfaiteurs, vol qualifié, détention illégale d’arme à feu et complicité ».

Publié mercredi 21 février 2024 à 06:54
Cour d’assises de Bamako : 15 ans de réclusion pour des coupeurs de route

Les axes routiers principaux menant à Bamako ont connu ces derniers temps des attaques à main armée au cours desquelles, des personnes ont été dépouillées de leurs biens (argent, téléphones et autres biens matériels). Le 28 juin 2021, dans la nuit, sur l'axe Yanfolila-Bamako, précisément au niveau de Ouélessébougou Yacouba Djiguiba et ses trois frères Yacouba Traoré, Dramane Djiguiba et Issiaka Konaté, à bord de leur véhicule de marque Toyota 4x4, ont été braqués par des individus armés et cagoulés. Ces derniers les ont dépouillés de leur argent et téléphones portables.


Yacouba Djiguiba avait sur lui la somme de 1.500.000 Fcfa et 01 téléphone haut de gamme. Quant à Yacouba Traoré, outre deux téléphones également très prisés sur le marché, il possédait la somme de 125.000 Fcfa. Quant à Dramane Djiguiba il avait sur lui la somme de 675.000 Fcfa et un téléphone portable onéreux. Idem pour Issiaka Konaté. Les victimes ont porté plainte contre X au poste de contrôle de Ouélessébougou.

Au mois de juillet 2021, une personne  du nom de Sékou Hamadou Diagouraga qui tentait de vendre sur le marché (devant Malitel) un des téléphones ci-dessus mentionnés a été appréhendé sur dénonciation d’une connaissance (désirant garder l’anonymat) de la victime Yacouba Djiguiba. Interrogé par la police, Sékou Hamadoun Diagouraga a déclaré avoir acheté ledit  appareil téléphonique avec un certain Amadou Bolly. Interpellé, ce dernier a dénoncé ses associés : Amadou Barry, Moussa Barry et Bourama Bolly qui est parvenu à s’enfuir.

Aux domiciles des nommés Amadou et Bourama, la police a découvert deux (02) pistolets mitrailleurs AK47, 166 munitions de 7,62, 08 munitions de 9mm, une machette, un couteau sabre et quatre actes de naissance dont trois au nom de Bourama Bolly et un autre au nom d'Amadou Bolly. Après enquêtes, les nommés Sékou Hamadou Diagouraga, Amadou Bolly, Moussa Barry et Amadou Barry ont été déférés suivant procès-verbal-n° 057/01 BCN-IP du 03 juillet 2021 du Bureau central national interpol, au parquet du Tribunal de grande instance de la Commune III du District de Bamako. Ils ont été ensuite poursuivis, inculpés et placés sous mandat de dépôt, le 16 juillet 2021 pour les infractions citées plus haut par le juge d'instruction du 4ème cabinet, désigné à la suite de l'information judiciaire ouverte à cet effet.

Durant l’instruction de leurs dossiers, à l’exception de Moussa Barry, tous les autres ont reconnu les faits qui leur sont reprochés.

Moussa Barry a nié tout au long de la procédure les faits qui lui sont reprochés. Il a néanmoins reconnu avoir été contacté par un certain Bourama Gadiaga pour ses projets de vol à main armée. Et pour se défendre, il a soutenu avoir décliné cette proposition de Bourama Gadiaga avant de le mettre en contact avec l'inculpé Amadou Barry.

À la barre, Moussa Barry est resté constant dans ses déclarations. Tout ce qu’il a reconnu c’est d’avoir été contacté par Gadiaga et de le mettre en contact avec Amadou Barry. Une fois qu’il s’est présenté à la barre il a reconnu avoir mené nuitamment deux opérations ,mais que son rôle se limitait à fouiller seulement. « Nous étions au nombre de six personnes. Lors de la première opération, j’ai eu 35.000 Fcfa et la 2ème 350.000 Fcfa », a-t-il déclaré regrettant son acte, un acte qu’il dit avoir commis par nécessité.

 Amadou Bolly a également reconnu les faits déclarant qu’il avait fait deux opérations dans lesquelles son rôle était également de fouiller les victimes. « On a acheté l’arme (AK-47) à 800.000 Fcfa après une opération. J’ai été pris dans celle de Ouélessébougou », a-t-il expliqué, précisant avoir agi tout comme son prédécesseur par nécessité. Sékou Hamadou Diagouraga quant à lui a réfuté les faits qu’il avait pourtant reconnu à l’instruction.

Dans sa réquisition, le parquet a chargé les accusés tout en indiquant qu’ils ont commis ces actes de façon consciente et bien préparée. C’est pourquoi, le défenseur des citoyens a requis de les maintenir dans les liens de l’accusation. Le conseil de Amadou et de Moussa Barry était loin d’être de cet avis. L’avocat est parti du constat que les faits ont été majoritairement reconnus par les inculpés. Dans sa plaidoirie, il a expliqué qu’Amadou Barry ne détenait pas d’arme et que le rôle de Moussa Barry dans leurs opérations était minime. Partant de ces faits, il a plaidé coupable tout en sollicitant la clémence de la Cour.

À la lumière des débats, la Cour a estimé que les preuves n’étaient pas suffisantes pour Sékou Hamadou Diagouraga et Moussa Barry. Ils ont été tout simplement acquittés. Amadou Barry et Amadou Bolly n’ont pas eu cette chance. Ils ont été reconnus coupables et ont écopé de 15 ans de réclusion criminelle chacun.

 


 

...Et une bande de braqueurs

Dans la même semaine, c’est un groupe de repris de justice qui a comparu devant les jurés pour « homicide volontaire et vol qualifié ». Il s’agit des nommés Seydou Diop, Idrissa Mapousso alias « Mochikè », Tibou Sow, Sadio Doumbia alias « Éléphant » et Samia Sidibé alias « Donsoba ». Les faits qui ont conduit ces garçons devant la Coure d’assises remontent à courant 2017.

Dans la nuit du 04 au 5 mai 2017, vers 05 heures, cinq individus se sont introduits dans l'enceinte de la sociéte EMTI (Entreprise malienne des travaux ingénierie) sise à Kalaban-Coro pour cambrioler le bureau du comptable. Pour faciliter leur besogne, ils ont ligoté deux agents de sécurité qui s'y trouvaient:Mady Bah Fomba et Bakary Dembélé. Ensuite, ils ont cassé deux coffres forts sur place pour emporter la somme de 25.854.000 Fcfa. Cependant, dans la foulée, ils ont tiré à bout portant sur Bakary Dembélé qui tentait de riposter.

Quelques mois plus tard, les éléments de la brigade de recherches du commissariat de police de Kalaban-coro a mis la main sur un groupe d’individus qui commettaient des braquages dans les parages de ce secteur. Ils ont été identifiés comme les nommés  Seydou Diop, Idrissa Mapousso alias « Mochikè », Tibou Sow, Sadio Doumbia alias « éléphant » et Samia Sidibé alias « Donsoba ».

Ayant passés aux aveux, les suspects ont été conduits devant le parquet qui décida de l’ouverture d’une information judiciaire. C’est pourquoi, à la suite de la procédure judiciaire enclenchée en l’espèce, les quatre ont été inculpés pour l’infraction ci-dessus citée pour être renvoyés en Cour d’assises, afin d’y être jugés conformément aux dispositions des articles 52, 253, 254, 255, 257, 199 et 252 du Code pénal.  À l'enquête préliminaire, les inculpés Seydou Diop, Sadio Doumbia, Tibou Sow et Idrissa Pamousso ont reconnu les faits. Mais ils se sont rétractés devant le juge d’instruction. Ils ont, tour à tour, avoué avoir ligoté les deux gardiens qui se trouvaient dans les locaux de l'EMTI pour ensuite cambrioler les différents bureaux.

De l’acte de renvoi, il ressort des déclarations de l’inculpé Sadio Doumbia que les deux gardiens ont été ligotés cette nuit par Idrissa Pamoussou et Tibou Sow. Pour sa part, Seydou Diop soutient qu'après le partage du butin, chacun a eu 2.500.000 Fcfa.

Même s’ils ont reconnu les faits au cours des premières procédures, le quatuor de suspects tous des repris de justice a, durant la dernière instruction à la barre, opté pour la dénégation des faits à eux. Pour se défendre, les inculpés ont incriminé les enquêteurs qu’ils ont accusé de les avoir torturés les obligeant ainsi à reconnaître les faits. Durant le temps qu’ils sont passés à la barre, les quatre sont restés constants dans leurs déclarations. L’aveu étant la reine des preuves, les avocats ont plaidé l’absence de preuves pouvant situer leurs responsabilités.

Ce qui n’a pas empêché le parquet de les charger tout en plaidant leu maintien dans les liens de l’accusation.

Les jurés ont, au contraire, estimé que les preuves étaient suffisantes contre les  accusés. Sans autre forme de procès, la Cour les a reconnus coupables des faits et ils ont écopé de 15 ans de prison chacun.

Tamba CAMARA

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