Banane plantain : Un business florissant

Les commerçants importent ce fruit comestible des pays voisins, notamment la Côte d’Ivoire et la Guinée. Ils font recours à des «voyageurs» qui bravent les dangers pour les approvisionner

Publié jeudi 24 novembre 2022 à 06:42
Banane plantain : Un business florissant

Des grossistes de banane plantain dans un marché de Bamako

Beaucoup de nos compatriotes expliquent à qui veut l’entendre que la banane plantain est une alimentation complémentaire dans notre pays. Parce que notre régime alimentaire de base repose sur les céréales (mil et riz, entre autres).

Ils pensent que sa consommation régulière est exclusivement réservée aux familles nanties. En tout cas, le Malien moyen dont le portefeuille est pressuré par une conjoncture à nulle autre pareille ne peut se permettre d’en manger très souvent en famille, surtout élargie.

Ceux qui font le commerce de la banane plantain se frottent les mains. Ils importent ce fruit comestible de la Côte d’Ivoire  et de la Guinée, parfois avec de nombreux risques liés à la cueillette et au transport. Pour en savoir un peu sur ce commerce, notre équipe de reportage a fait un tour du marché de Médine ou «Sougouni coura» où, on a retrouvé deux points de vente de banane plantain.

Ceux-ci sont tenus par les Groupements d’intérêt économique (GIE) «Sababougnouma» et «Benso Angola». Ces marchands reçoivent 5 à 10 chargements de camions en banane plantain par jour.

Grossistes et détaillants se bousculent à leurs portillons pour s’approvisionner. à notre passage un client passe sa commande. «Yoro prépare moi deux cartons, je voudrais acheter pour 15.000 Fcfa». Il invitait ainsi, Soumaïla Diallo,  alias Yoro, du GIE Benso Angola à satisfaire sa demande. La cinquantaine, ce diplômé en droit, reconverti commerçant de banane plantain, officie dans ce domaine depuis 20 ans. 


Tous les trois jours, il commande un camion en provenance de la Côte d’Ivoire. Il est livré au bout de 3 à 5 jours de route. Une fois la cargaison sur place, il procède à un tri (enlevant les déchets), avant de proposer la marchandise à la clientèle.

Il en vend plus souvent en gros entre 50.000 à 250.000 Fcfa aux revendeurs. Ceux-ci aussi vendent en détail entre 500 à 1.000 Fcfa le tas. Selon Soumaïla, il faut avoir des fournisseurs fiables parce que les échanges se font par téléphone pour passer les commandes.

Ensuite louer un camion qui fera l’aller-retour entre le Mali et la Côte d’Ivoire pour amener la marchandise. En termes de coût, ce grossiste estime la location d’un camion à 1 million de Fcfa par voyage. Et il passe généralement une commande de 2 à 3 millions de Fcfa en fonction des fournisseurs.

 

Amende ou la prison- Les sanctions infligées à notre pays par la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont coïncidé avec la saison sèche (une saison morte dans le commerce de la banane plantain). Donc pour lui, il est clair que l’embargo n’avait pas d’impact.

Il estime que pendant la saison sèche qui dure 4 mois, ses partenaires vont dans la forêt classée (forêt interdite) cueillir la marchandise. Yoro explique que les commerçants choisissent des personnes appelées : «voyageurs» qui se rendent dans les champs de cacao au niveau des forêts classées.

Il s’empresse de préciser que le bon rendement de la culture du café est lié à la production de la banane plantain. «Dans ce contexte, l’achat se fait avec les producteurs de café, mais clandestinement», déclare-t-il.

Seydou Diallo est l’un de ces voyageurs, depuis deux ans. Il explique les risques encourus. « On se retrouve souvent en pleine forêt, sans réseau téléphonique, ni nourriture et eau potable. 


Nous sommes aussi exposés à des morsures de reptiles géants. Il y a aussi le risque de passer à la trappe avec les agents des eaux et forêts».  Le voyageur fait aussi savoir que cette pratique frauduleuse peut valoir une forte amande ou la prison.

Ousmane Doumbo est vendeur de banane plantain à Faladié sur la rive droite du District de Bamako. Il évolue, depuis une dizaine d’années, dans ce business qui lui permet d’exploiter de nombreuses opportunités. Il vit de son commerce qui lui a aussi permis de construire une maison.

En fin d’année, il est difficile de  trouver des camions pour l’importance du fait de leur grande sollicitation. Ce phénomène impacte les frais de location, explique le commerçant. Il ajoute que les pannes des camions entrainent des pertes considérables. 


Selon lui, la banane plantain est très difficile à conserver. Au-delà de  5 jours, elle peut pourrir. Youssouf Sanogo est un chauffeur de camion qui réside à Sikasso.


Il avale régulièrement les kilomètres qui séparent Sikasso de la Côte d’Ivoire, depuis 30 ans. «Les grands commerçants de Bamako nous sollicitent très souvent par simple coup de fil pour leur approvisionnement», confie-t-il.

Pour le conducteur de camion, les multiples barrages et péages sont les premières contraintes sur le tronçon, les frais à payer sont nombreux et coûtent les yeux de la tête. à cela s’ajoute l’état défectueux des routes. 


La hausse du prix des carburants est aussi une préoccupation commune de milliers d’acteurs qui interviennent dans le commerce de banane plantain.

Kadiatou OUATTARA

Rédaction Lessor

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