#Mali :Tâches ménagères et impératifs professionnels : Comment les femmes relèvent le défi durant le ramadan

Après une journée de travail consciencieusement accomplie, elles sont nombreuses celles qui passent la surmultipliée pour se mettre au service des jeûneurs. Comment y parviennent-elles ? Reportage

Publié jeudi 21 mars 2024 à 06:04
#Mali :Tâches ménagères et impératifs professionnels : Comment les femmes relèvent le défi durant le ramadan

Certaines de ces femmes préparent les repas de rupture du jeûne à la fois pour le service et le domicile


Il est 15 heures. Sous le soleil ardent de ce mois de Ramadan, Amina, une secrétaire de direction, ne songe même pas à profiter une minute de plus de son bureau climatisé. Trop d’obligations à gérer à la maison. Elle plie bagage et enfourche son engin à deux-roues pour se rendre au marché. L’esprit un peu confus, la nouvelle mariée n’est pas encore fixée sur ce qu’elle va acheter au marché pour le dîner à offrir à sa belle-famille. «Je pense que des pâtes seraient plus rapides à préparer. Ou bien as-tu d’autres suggestions, maman ?», demande-t-elle au téléphone à sa mère avant de quitter son lieu de travail.

Comme Amina, pour de nombreuses femmes actives dans les secteurs public et privé, jongler entre les tâches ménagères et les impératifs professionnels est un défi de taille en cette période. Heureusement, elles savent se montrer débrouillardes pour trouver des solutions ingénieuses.

Après une journée de travail consciencieusement accomplie et grâce aux conseils de sa mère, notre secrétaire de direction trouve ainsi le plat tout indiqué à servir au dîner : du fonio précuit accompagné d’une sauce rouge à la viande. Une recette savoureuse et facile à cuisiner, résume-telle. «Je fais mes achats au marché et prépare mes ingrédients avant de rentrer chez moi. Une fois à la maison, je gagne du temps en déléguant certaines tâches», explique-t-elle, en révélant avoir recruté une aide-ménagère pour que le repas soit servi à temps pour la rupture du jeûne. «Avant mon arrivée, celle-ci prépare le quinquéliba, la bouillie et dresse la table. Une fois arrivée, je prends le relais pour m’occuper des tâches restantes tels que la préparation du jus et les autres mets», confie-t-elle.

Le programme est, évidemment, beaucoup plus chargé pour les femmes qui doivent préparer les repas de rupture du jeûne à la fois pour le service et le domicile. Habibatou Mariko, employée de bureau, témoigne de cette réalité qu’elle vit depuis plus de dix ans. Elle s’en sort grâce à son expérience. «Il m’arrive de quitter le bureau à 16 heures. Quand les embouteillages deviennent insupportables, je gare ma voiture dans un lieu sûr et prends une moto taxi pour rentrer un peu plus tôt à la maison. Je n’ai jamais engagé d’aide-ménagère, je prépare ma bouillie et ma tisane la veille au soir, que je mets ensuite au frigo. Une fois rentrée, je les réchauffe et les mets sur la table avant la rupture.

C’est après que je me concentre sur le dîner. Pour cela, je demande à ma belle-sœur d’acheter les condiments pour gagner du temps lorsque je rentre», dit-elle, sans s’émouvoir outre mesure. Pour elle, en effet, réaliser toutes ces tâches difficiles en ce mois béni est un acte d’amour envers Dieu et les jeûneurs.

 

ELLES-MÊMES À JEUN- Stagiaire dans une structure publique, Kourouni Diarra jongle, elle aussi, avec les mêmes contraintes. De 7 heures du matin au petit soir, cette jeune femme d’une vingtaine d’années consacre son temps à ses activités professionnelles à Ouolofobougou, en Commune III de Bamako. Mais depuis le début du Ramadan, elle a changé son emploi du temps. Elle rentre désormais chez elle à Yirimadio, en Commune VI,  à 15 heures pour avoir le temps de s’occuper de ses fourneaux.

Kourouni a une particularité : elle est l’unique fille de ses parents et a, par conséquent, la responsabilité des activités ménagères. «Les jours où je prends un peu de retard, je me fais aider par ma mère et la servante. Parfois, certains de mes frères m’épaulent pour aller plus vite même si cela me gêne», confie celle qui veut tout faire seule afin de soulager sa mère de ses corvées.

Nombre de femmes qui passent la surmultipliée en cette période pour se mettre au service des jeûneurs, sont elles-mêmes à jeun. Mais pas toutes. Alima, par exemple, est l’une des trois belles-filles de la famille. Elle arrête de jeûner chaque fois que c’est son tour de faire la cuisine. «Je ne peux pas aller au travail et ensuite venir faire la cuisine car on s’épuise rapidement sous ce soleil. Donc, pour mener à bien toutes mes tâches, je ne jeûne pas», indique cette mère de trois garçons.

Cette justification fait tiquer Abdoulaye Maïga, professeur des matières religieuses au lycée Madina. La femme, souligne-t-il, ne peut pas abandonner son jeûne à cause de ses tâches ménagères, tout comme l’homme pour des motifs similaires. Le jeûne, soutient-il, est une obligation pour tout musulman adulte. En récitant un passage de versets coraniques, l’érudit explique que Dieu a dit qu’il a créé les hommes et les djinns pour l’adorer. Il cite néanmoins quelques raisons susceptibles d’empêcher un musulman de jeûner, notamment la maladie, le voyage, la période menstruelle de la femme. L’encadreur au Centre islamique de formation et de documentation (Cifod) indique que le jeûne est une priorité pour le musulman et ne peut être supplanté par le travail quotidien. À ce sujet, il propose aux femmes qui travaillent de prendre un congé pour le mois de Ramadan.

Assan et son époux n’envisagent pas cette éventualité tout simplement car ils n’ont aucun problème pendant ce mois béni. Cela fait bientôt quatre années qu’ils sont mariés et vivent ensemble avec leur bébé de six mois. Tous les deux travaillent et finissent à la même heure dans leurs différentes entreprises. En l’absence de leurs beaux-parents à la maison, ils parviennent à vivre en parfait accord. Ainsi, celui qui rentre à la maison le premier s’occupe des tâches ménagères avant l’arrivée de l’autre. «Mon mari nettoie la maison, il dresse la table et fait les petites tâches avant mon arrivée pour la rupture. Après la rupture, je me charge du dîner pas compliqué tandis qu’il s’occupe de l’enfant», détaille notre interlocutrice.

Fadi CISSE

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