
L’Essor : Comment se présente la situation
alimentaire et nutritionnelle des citoyens maliens pendant cette période de
soudure 2022 ?
Redouwane Ag Mohamed Ali : La situation actuelle est
difficile. Chaque année, à la sortie de la campagne agricole, le Commissariat à
la sécurité alimentaire à travers le Système d’alerte précoce (SAP) fait des évaluations
qui permettent d’analyser la situation alimentaire du pays, d’identifier les
personnes et les zones vulnérables, de déterminer les facteurs ainsi que le
niveau de cette vulnérabilité.
Il donne une estimation de la situation
alimentaire du pays sur le reste de l’année. Pour cette année, près de 1,2
million de personnes ont été identifiées sur l’ensemble du territoire national
comme étant en insécurité alimentaire dont la majorité se concentre au centre
du pays ainsi que dans les Régions de Gao et Ménaka.
L’Essor : De nombreux facteurs expliquent la crise
actuelle en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, notamment l’insécurité,
les impacts du changement climatique, les effets des sanctions imposées à notre
pays par la Cedeao. La combinaison de ces nombreux facteurs a eu des répercussions
sur l’état nutritionnel de nos compatriotes. Combien d’entre eux sont dans une
situation alimentaire critique ?
Redouwane Ag Mohamed
Ali : La première cause de l’insécurité alimentaire est le changement
climatique qui touche le Sahel de plein fouet depuis longtemps. À cette
situation structurelle s’est ajoutée l’insécurité civile. Ensuite, la campagne
agricole 2021-2022 a été fortement contrariée par des poches de sécheresse récurrente
notamment au Sahel occidental et dans certaines parties du Sud du pays ainsi
que les zones traditionnelles du Nord et du Centre.
Cette situation a touché
1,2 million de personnes pour lesquelles l’État et ses partenaires se sont
mobilisés dans le cadre du Plan national de réponse (PNR). À cet effet, le président
de la Transition a lancé récemment à Nioro, le Plan national de réponse qui
porte sur 34.147 tonnes de vivres qui seront distribuées à l’ensemble des
communes du Mali. Pour chaque commune, l’aide va cibler les personnes les plus
démunies.
L’Essor : Face à cette situation inquiétante, le
Commissariat à la sécurité alimentaire a développé un Plan national de réponse à
l’insécurité alimentaire qui a été adopté par le Conseil national de la sécurité
alimentaire en février 2022 et lancé le 5 juillet à Nioro du Sahel par le chef
de l’État. Pouvez-vous nous parler des activités majeures du PNR. Quelle va être
la contribution de l’État, des partenaires techniques et financiers, des
collectivités, des services techniques déconcentrés pour que les objectifs du
PNR puissent être atteints?
Redouwane Ag Mohamed Ali : Le PNR comporte des actions
d’urgence dont l’assistance alimentaire d’urgence mise en œuvre par l’État en
premier lieu, à travers les distributions alimentaires gratuites, mais aussi
les actions de renforcement de la résilience pour permettre aux personnes de
sortir de la pauvreté progressivement.
Donc il faut des actions de soutien, de
renforcement de capacités et de résilience, des actions qui concernent l’appui
aux maraîchers en termes de semences, d’aménagements, d’accès à l’eau, aux
outils agricoles.
Cependant, le Commissariat à la sécurité alimentaire innove
cette année à travers un financement acquis avec la Mutuelle panafricaine de
gestion des risques de l’Union africaine auquel le gouvernement du Mali a
souscrit depuis 2014.
Cette année, les indemnités issues de cette assurance
nous permettent de diversifier notre réponse ainsi que nos actions sur le
terrain, pour apporter une aide complète aux populations rurales touchées par
la sécheresse et la mauvaise pluviométrie.
Le Programme alimentaire mondiale
(PAM) et d’autres partenaires de l’État interviennent dans le renforcement de
la résilience. Donc l’État est sur le segment de l’urgence et les partenaires
sont sur le relèvement précoce.
L’Essor : Lors du lancement du PNR à Nioro du Sahel, le
président de la Transition a insisté sur la bonne gouvernance dans la
distribution gratuite des aides alimentaires. Avez-vous pris des dispositions
particulières pour que l’assistance alimentaire arrive aux vrais bénéficiaires ?
Redouwane Ag Mohamed Ali : Un système de suivi rigoureux est mis en place. Les responsabilités sont bien reparties dans la gestion de la distribution alimentaire. Ce qui permet d’avoir un maximum de contrôle et de transparence sur le processus. Le Commissariat à la sécurité alimentaire assure l’acheminement des vivres jusqu’au niveau des communes.
Ce qui atténue les
risques de détournement des vivres. Une fois arrivée dans la commune, la
responsabilité revient à l’autorité administrative locale de mettre en place
une commission locale de distribution, présidée par le maire. Cette commission
est composée des chefs de village, de fraction, des associations de femmes, de
jeunes, des membres de la société civile et d’une ONG partenaire qui apporte un
appui technique dans le cadre du ciblage.
Cette ONG va se déplacer pour évaluer
les personnes en insécurité alimentaire et celles qui n’ont pas de revenus. En
plus, elle aidera à faire un rapportage correct pour avoir un support qui nous
permet d’aller vérifier. Nous avons aussi un dispositif au niveau du
Commissariat qui nous permet de faire un contrôle parallèle par téléphone.
Nous
effectuons des missions de contrôle dans les zones choisies de façon aléatoire.
Dès qu’elle a des soupçons de malversation, la mission alerte les autorités
administratives locales, et généralement la situation est maîtrisée. Nous avons
eu des cas de ce genre dans la Région de Gao. L’information a été portée à la
connaissance du gouverneur qui a pu prendre des dispositions et tout est rentré
dans l’ordre.
L’Essor : Vous évoquez un gap de près de 30.000 tonnes
de vivres à distribuer gratuitement sur un objectif initial de 64.000 tonnes
arrêté lors du dernier Conseil national de sécurité alimentaire. Comment
comptez-vous mobiliser le financement supplémentaire en vue d’atteindre les
objectifs de départ ? Quel va être l’impact sur la sécurité alimentaire
des personnes vulnérables au cas où ce gap n’est pas mobilisé ?
Redouwane Ag Mohamed Ali : L’État mobilise les partenaires.
Ceux-ci viennent en appui de ce que l’État fait. Nous sommes en train de faire
en sorte que le gap puisse être pris en charge par le PAM et d’autres
partenaires. Je pense qu’avec la complémentarité de nos partenaires, il n’y
aura pas d’impacts majeurs sur la situation alimentaire de nos concitoyens. Le
Stock national de sécurité alimentaire est en cours de reconstitution. Au
besoin, l’État prendra ses responsabilités et interviendra là où le besoin
sera.
L’Essor : La Politique nationale de sécurité
alimentaire et nutritionnelle a été adoptée en 2019. Quel est l’état de sa mise
en œuvre ?
Redouwane Ag Mohamed Ali : Le Commissariat à la sécurité
alimentaire a commencé à mettre en œuvre certains axes de cette politique dès
son adoption en 2019. Malheureusement, en 2020, il y a eu l’avènement de la
Covid-19. Ce qui a retardé l’organisation de la table ronde qui était prévue
pour le financement de ladite politique.
Dans les mois de septembre et octobre
prochains, nous allons organiser une table ronde qui nous permettra de
collecter les contributions de l’État et de ses partenaires dans le cadre du
financement. Les distributions alimentaires sont lancées.
Elles sont destinées à
nos concitoyens les plus démunis. Nous appelons nos concitoyens à la vigilance
sur le terrain. En cas de constat de malversation, qu’ils n’hésitent pas à le
signaler aux autorités compétentes locales. À défaut, ils peuvent contacter
directement le Commissariat à la sécurité alimentaire.
Entretien réalisé par
Yacouba TRAORÉ
Yacouba TRAORE
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